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La Fausta

Titel: La Fausta
Autoren: Michel Zévaco
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menaçante.
    Pardaillan reçut la secousse du frisson mortel. C’était pour lui, ce glas ! Et Fausta, raffinée organisatrice de fantastiques mises en scène, faisait chanter sur ce vivant l’office des morts !… Alors, l’esprit de Pardaillan franchit les limites de l’horreur et de l’effroi. Il eut soudain ce sang-froid terrible, cette limpidité de vision, cette foudroyante rapidité de décision qui président aux « coups de folie ».
    Au moment précis où les pointes des épées allaient l’atteindre, le pousser dans le trou, il se baissa, se ramassa sur lui-même, se détendit soudain ; il y eut dans les jambes des assaillants le grouillement bref d’une bête qui passe en mordant, d’un sanglier qui fonce, défenses en avant : deux ou trois hurlements de douleur éclatèrent, et deux hommes tombèrent éventrés par la dague de Pardaillan qui, ne pouvant frapper ni aux visages masqués ni aux poitrines cuirassées, décousaient des entrailles !… L’instant d’après, il se trouvait hors du cercle infernal, et se relevait, d’un bond, gagnait un angle de la salle où il s’acculait !…
    Une minute de répit pendant laquelle les voix graves des moines lointains, le mugissement de l’orgue et le son de la cloche couvraient tout autre bruit.
    Les bourreaux, les gens d’armes de Fausta eurent un effarement. Puis l’un d’eux, le chef sans doute, prononça quelques mots brefs et rudes, et aussitôt, dans une manœuvre silencieuse et rapide, le cercle se brisa ; ils se formèrent sur trois ou quatre rangs et marchèrent vers le coin où s’était acculé le condamné.
    En cette minute, Pardaillan, le corps entier vibrant, les nerfs tendus à se rompre, la tête en feu, jeta un regard de fauve pris au piège. Et il souffla fortement, d’un souffle rauque… en même temps, il rengaina sa rapière et saisit un objet accroché au mur.
    Cette salle était la salle des exécutions. C’est là qu’on tuait ceux que le tribunal secret avait condamnés. C’était la salle du bourreau… Et comme c’était la salle du bourreau, un peu partout, aux murs étaient accrochés en bon ordre les instruments du bourreau : ici des paquets, de cordes, là une masse pour assommer, là des coutelas, plus loin des haches.
    Cet objet que Pardaillan venait de saisir, c’était une masse. Elle se composait d’une énorme boule de fer hérissée de pointes et emmanchée d’un bois rugueux à peine poli.
    Ce fut, nous avons dit, une minute de répit pendant laquelle les meurtriers s’organisèrent pour un nouveau système d’attaque.
    Pardaillan, sa masse à la main, les vit s’avancer sur lui, de leur pas égal. Cela formait une sorte de bête monstrueuse hérissée d’acier, et cela ressemblait assez à l’antique formation du combat des Thébains.
    — Si j’attends, je suis mort, dit Pardaillan.
    Dans le même instant, il saisit la masse à deux mains, et il marcha !… Il ne s’élança pas, il marcha. Souple, nerveux, effrayant à voir en cette suprême seconde, il fit trois pas. Et alors, la masse énorme se souleva, tournoya au-dessus de sa tête, siffla, s’abattit ; des coups sourds, de brefs soupirs de bêtes assommées, des corps qui tombaient d’une pièce, le nez à terre, des crânes fracassés ; puis un tumulte effroyable, un désordre furieux dans la bande qui oubliait toute discipline ; toute consigne de silence ; et des hurlements de malédictions et cela tout couvert par les mugissements de l’orgue, le son du glas, les voix lointaines et terribles qui clament : « 
Dies iræ ! Dies illa !…
 »
    Pardaillan était au centre de la bande affolée qui tourbillonnait, hurlait, vociférait, essayait de lui porter le coup mortel… mais comment l’atteindre ? La masse, la terrible masse de fer décrivait un cercle de mort ! Campé sur ses deux jambes, comme s’il eût été là de toute éternité, sans un mot, avec un pétillement rouge au coin des yeux où flambait le rire extravagant d’une triomphante ironie, il n’avait au-dessus du torse, au-dessus de la tête, qu’un mouvement uniforme et foudroyant des deux bras manœuvrant la masse…
    Dans la bande, un recul désordonné. Sept cadavres sur le plancher. Et dans ce recul de folie, toute une grappe humaine était poussée dans le trou ! Un homme tombait, se raccrochait, en entraînait un autre, et ils étaient cinq qui disparaissaient avec un effroyable hurlement !…
    Et alors, après cette attaque
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