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La croix de perdition

La croix de perdition

Titel: La croix de perdition
Autoren: Andrea H. Japp
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qu'elle avait séduit. L'imbécile le paya de sa vie.
    – Qu'advint-il de Rolande et de vous ?
    Marguerite jouait avec son gobelet vide qu'elle faisait rouler entre ses mains, réfléchissant :
    – N'êtes-vous pas bien imprudente, ma chère Alexia ? Je vous aime bien, en vérité. Toutefois, après cette confession, ne faudra-t-il pas que je vous fasse taire ? Définitivement. Après tout, un troisième meurtre n'ajouterait guère à ma dette, ne croyez-vous pas ?
    La jeune femme la considéra et rétorqua en honnêteté :
    – J'y ai songé lorsque j'ai remarqué le bas de votre robe lavé à la hâte et repassé. J'ai compris que vous ne pouviez pas enfiler votre change, sans doute parce qu'il était maculé de sang.
    – J'ai fait brûler la robe. Vous n'avez pas répondu tout à fait, insista Marguerite d'une voix que la fatigue alourdissait.
    – À mes yeux, du moins si j'en crois vos confidences, vous n'en avez commis qu'un qui soit impardonnable. Seriez-vous de l'essence des tueurs ?
    – Non. Je suis de l'essence des peureux.
    – C'est parfois la même. La peur est un puissant mobile. Or, je ne vous menace de rien que vous n'ayez déjà accepté, que peut-être même vous ne souhaitiez : la punition de vos actes. Vous confieriez-vous à moi sans cela ?
    – Probablement pas, en effet.
    – Je n'ai donc rien à redouter de vous.
    – Quelle nuit étrange, murmura l'hôtelière. Cet implacable silence qui nous environne. Ne dirait-on pas que le monde est suspendu à nos paroles ?
    – Qu'advint-il de Rolande et de vous ? répéta Alexia.
    – Nous dûmes partir. Vous savez comme les soupçons, même non fondés, sont tenaces. Nous étions devenues les sœurs du maudit dans l'esprit de beaucoup. Ruinées, sans autre parent, nous avons chacune rejoint un couvent éloigné où notre histoire ne risquait guère de nous rattraper.
    – Ce fut pourtant le cas. Avec l'arrivée de Blanche, d'Anne, pardon, aux Clairets.
    – J'ignore si le hasard ou un autre des monstrueux stratagèmes de cette femme l'y dirigea. Changeant de nom, de ville, comme de coiffe, Anne venait à nouveau d'échapper aux griffes de l'Inquisition qui avait saisi tous ses biens. Tous ceux qu'elle avait extorqués à ses victimes. Il lui fallait se terrer quelque temps, puis trouver de l'argent, beaucoup d'argent. Quelle plus jolie proie qu'une sœur dépositaire qu'elle pouvait faire chanter en menaçant de révéler son passé ? Rolande maniait de grosses sommes et toutes ses sœurs lui faisaient confiance. Des bévues de comptes seraient passées inaperçues. Anne joua finement. Elle évita Rolande durant quelques mois, ce que son entrée au noviciat rendait possible. Et puis, au jour choisi par elle, elle se fit connaître.
    – Rolande n'aurait jamais accepté de voler l'abbaye et l'abbesse, surtout pour servir une créature malfaisante, affirma Alexia.
    Marguerite hocha la tête en signe d'acquiescement et compléta :
    – Au lieu de cela, elle me fit prévenir en mon abbaye de Clairmarais. Je demandai mon transfert. (Marguerite se passa les mains sur le visage. Yeux fermés, elle poursuivit de la même voix atone :) Il n'y eut aucun moyen de la raisonner. Anne nous éclata de rire au nez lorsque nous fîmes appel à sa conscience. Elle nous jeta à la figure qu'elle nous trouvait fort distrayantes mais qu'elle voulait de l'argent, très vite.
    – Qui prit la décision de… ?
    – L'occire ? (Le ton de Marguerite se fit cassant :) Ne connaissiez-vous pas assez ma sœur ? Jamais elle n'aurait accepté l'idée d'un meurtre. Quant à y participer, elle dut s'y résoudre, contrainte et forcée, afin de me protéger. Je m'étais dissimulée en l'abbatiale, me fondant dans les ombres. Je suis arrivée derrière Anne et j'ai frappé et frappé, de toutes mes forces. Seule. Il fallait que l'on sache qu'il s'agissait d'un châtiment, pas d'une vile crapulerie. Je me suis souvenue du tarot. J'ai ordonné à Rolande de m'aider à hisser le corps. Je suis parvenue à la convaincre en menaçant de me dénoncer et en lui disant qu'elle serait alors responsable de ma mort aux fourches patibulaires. Elle a cédé par bonté, par grandeur d'âme. Elle a eu tort.
    Des larmes dévalèrent le long de ses joues blêmes. Elle ne pensa même pas à les essuyer. Atterrée, Alexia les vit s'écraser les unes derrière les autres sur ses mains jointes posées sur ses cuisses.
    – Pourquoi avoir commis cet acte affreux que
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