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La Collection Kledermann

La Collection Kledermann

Titel: La Collection Kledermann
Autoren: Juliette Benzoni
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déjeuner quand l’inspecteur Savarin – fleuron épineux de la police de Chinon – leur tombait dessus avec toute la grâce dont il était capable : il venait chercher Cornélius B. Wishbone et le professeur de Combeau-Roquelaure pour les emmener chez le commissaire Desjardins, son patron, aux fins d’interrogatoire, sans cacher que, si le second allait devoir raconter comment lui et Vidal-Pellicorne avaient réussi à pénétrer dans le château au moment du drame, le premier risquait une inculpation de complicité puisqu’il faisait partie de l’entourage immédiat de Lucrezia Torelli, l’avait aidée à quitter l’Angleterre discrètement et jouissait, au château, du statut d’invité. Ce qui avait fait bondir Adalbert lancé aussitôt au secours de son ancien rival :
    — Uniquement attaché à la Torelli à laquelle il vouait un amour aussi patient qu’aveugle, il n’a rien à voir, même de loin, avec les agissements criminels de la bande. La preuve en est qu’il a bien failli périr avec le prince Morosini et Mrs. Belmont, eux-mêmes prisonniers, de la mort ignoble à laquelle ils avaient été condamnés !
    — Et j’en suis témoin ! rugit le professeur.
    — Eh bien, vous le direz au patron ! Quant à vous, ajouta-t-il pour Adalbert, on vous entendra plus tard quand on sera fixé sur le sort de votre ami ! De même, je devrai normalement emmener aussi la dame Belmont, également ex-prisonnière…
    — Pour l’amour de Dieu, fichez-lui la paix ! Après ce qu’elle a enduré elle a besoin de dormir, surtout si vous y ajoutez la matinée passée à l’hôpital !
    — Je veux bien vous l’accorder… mais il faudra forcément qu’à un moment ou à un autre, elle vienne déposer ! Comme vous ! C’est la loi !
    — Est-ce que vous ne feriez pas mieux de courir après la bande de truands qui s’était emparée de la Croix-Haute ? Je parierais que vous n’en tenez pas un seul ?
    — Je ne suis pas là pour vous faire des confidences ! Et vous avez tout intérêt à vous tenir tranquille !…
    Impatienté, le professeur s’en mêla :
    — Ne vous faites pas de bile, mon garçon ! Je connais Desjardins et je lui dirai ce qu’il doit entendre. Veillez seulement sur Morosini et sur cette charmante Américaine !
    On en resta là. Savarin emmena ceux qu’il appelait gracieusement son « gibier » sans toutefois aller jusqu’à la potence. Adalbert s’assura que Pauline serait surveillée durant son absence, récupéra sa voiture, passa par l’hôpital où Aldo était toujours en salle de réveil. Il avait ouvert les yeux mais les avait aussitôt refermés. Sa température était un peu supérieure à la normale, rien d’inquiétant cependant, selon l’infirmière Vernon :
    — Il faut laisser passer la nuit pour savoir si tout est vraiment en ordre, mais ne vous tourmentez pas trop ! C’est une chance pour lui d’être tombé entre les mains de M. Lhermitte. Même à Paris on ne trouve pas son pareil ! Ni à Lyon, ni à Montpellier, ni à Bordeaux…
    — On n’a pas essayé de vous le prendre ?
    — Évidemment si ! Mais il aime notre Touraine… et aussi sa femme !
    — Et alors ?
    — Pour rien au monde elle n’accepterait de vivre ailleurs. Ils ont une maison ravissante et trois enfants superbes !
    Adalbert faillit répondre à cette aimable dame que c’était le cas d’Aldo : lui aussi avait une belle maison et trois enfants magnifiques mais il aurait fallu évoquer aussi son épouse et là le sujet devenait dangereux. Et puis l’heure du train approchait et il avait juste le temps de gagner la gare.
    Il arriva au moment même où la locomotive faisait son entrée sous la verrière en lâchant un jet de vapeur, et s’avança jusqu’au premier des deux wagons Pullman à peu près sûr d’y trouver celles qu’il cherchait. Et de fait elles étaient là. Agitée comme une puce, Marie-Angéline lui tomba presque dans les bras :
    — Comment va-t-il ? demanda-t-elle aussitôt.
    — Et si vous vous calmiez un peu ? ronchonna M me de Sommières que Marie-Angéline avait effleurée pour passer devant elle.
    — Vous avez fait bon voyage ? demanda Adalbert en aidant la vieille dame à descendre à son tour.
    — Détestable ! Non seulement je me faisais un sang d’encre mais il fallait en outre supporter les invocations éplorées de cette folle ! J’aurais dû me munir d’une matraque… Puis baissant le ton jusqu’au murmure : Il vit toujours au moins ?…
    Vidal-Pellicorne
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