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La Collection Kledermann

La Collection Kledermann

Titel: La Collection Kledermann
Autoren: Juliette Benzoni
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nous soit rendu non seulement vivant mais gardant ses facultés intactes ! Quant à l’assassin, vous pouvez être sûre qu’Adalbert remuera ciel et terre pour le retrouver !
    — Et je l’y aiderai, morbleu !
    M me de Sommières exhala un soupir fataliste et ferma les yeux. Elle se sentait incroyablement vieille tout à coup…
     
    — Un à la fois ! Pas plus de trois minutes et pas un mot ! ordonna l’infirmière Vernon barrant l’entrée de la chambre du blessé. Qui passe en premier ?
    — Moi ! fit M me de Sommières avec décision.
    Et elle entra.
    La tête enturbannée de pansements, les paupières closes, le teint cireux, les lèvres décolorées, Aldo présentait une triste mine et la vieille dame ravala courageusement ses larmes mais jugea plus prudent de s’asseoir puis, se penchant, elle toucha doucement l’une des longues mains abandonnées de chaque côté du corps, s’imposant un rude effort pour ne pas la prendre dans les siennes afin de la réchauffer : elle était en effet à peine tiède… mais le blessé dut sentir sa présence et, soudain, il ouvrit les yeux :
    — Tante… Amélie ! souffla-t-il avec l’ombre d’un sourire.
    — Chut !… Tu ne dois pas parler !
    Elle aurait chanté de joie et, cette fois, prit sa main et y mit un baiser avant de la reposer. Le temps imparti était déjà écoulé et elle se leva, franchit la porte sans se rendre compte de ce que les larmes inondaient son visage.
    — Nous pleurons ? gémit Marie-Angéline. C’est si désespéré ?
    — Oh non ! C’est la joie sans doute : il m’a reconnue !
    Déjà Adalbert l’avait remplacée. Deux minutes plus tard il revenait, offrant la mine rayonnante d’un élu qui a vu s’entrouvrir le ciel :
    — Il m’a appelé « Vieille Branche ! », soupira-t-il extatique. Il est guéri !
    — Pas encore ! rectifia le docteur Lhermitte qui venait d’arriver. Néanmoins je pense sincèrement que l’on peut augurer une remise en ordre totale. À condition toutefois de ne pas courir la poste ! Il lui faut du repos… mais pas dans une chaise longue à papoter de l’aube au crépuscule et davantage ! Alors pour commencer je le garde quinze jours ici. Ensuite il pourra rentrer à Paris en ambulance. Il habite Venise, ajouta-t-il rapidement en voyant Adalbert ouvrir la bouche, mais le voyage est trop long. En outre, à Paris, je souhaiterais un endroit aéré…
    — Si le parc Monceau vous convient j’y habite un hôtel particulier ! dit M me de Sommières. Il y est chez lui autant que moi. Mais pour en revenir à Venise, quand envisagez-vous…
    — De le rapatrier ? Pas avant trois bons mois !… Je sais à quoi vous pensez, dit-il en voyant Adalbert se gratter le crâne : la police va vouloir l’interroger ?
    — C’est vrai, j’y pensais !
    — Je m’en suis expliqué avec le commissaire Desjardins, de Chinon. Comme il était prisonnier et ignorait où il se trouvait, sa déposition peut attendre quelques jours et soyez certain que je ne l’abandonnerai pas ! Enfin, aucun journaliste ne franchira le seuil de sa chambre. Elle va être gardée jour et nuit !
    Ayant dit cela, il salua courtoisement les deux femmes, serra la main d’Adalbert et suivit l’interne qui venait réclamer sa présence.
    — Eh bien, nous allons donc nous installer ici pour une quinzaine. Nous aurions pu tomber plus mal ! constata la marquise avec une certaine satisfaction. J’ai toujours aimé la Touraine !…
    — Ce jardin des rois ! émit Marie-Angéline en écho.
    — Allons, tant mieux ! repartit Adalbert. Pour l’instant je vous emmène à Chinon visiter…
    — Les ruines du vieux château ? J’adore !… Et peut-être aussi ce qu’il reste de la Croix-Haute ?
    — Pour l’instant on va surtout explorer le commissariat de police ! J’ai promis d’y passer aujourd’hui ! Des questions auxquelles il faudra répondre…
    — Puisque vous étiez avec lui, ce vieux fou d’Hubert a dû se dépêcher de retracer votre aventure ? marmotta la marquise.
    — Sans doute, mais Desjardins se doit de m’entendre aussi. Et puis je vous avoue que je ne serais pas fâché d’apprendre que l’on a réussi à récupérer les joyaux descendant de Borgia, vrais ou faux ! Il est impossible qu’ils aient disparu sans laisser de traces…
    Le temps s’était soudain mis au beau et considérablement radouci. Adalbert rabattit la capote de la voiture afin que ses passagères pussent profiter pleinement d’une région où
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