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La Collection Kledermann

La Collection Kledermann

Titel: La Collection Kledermann
Autoren: Juliette Benzoni
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mari, sinon peut-être devant un tribunal… Aussi se demandait-il ce qu’il allait faire chez lui, dans l’immense coquille que représentait son palais. Reprendre le travail évidemment… encore que, selon le jeune Angelo Pisani, son secrétaire, il n’y eût pas de gros problèmes à régler avant deux mois. Le flot des touristes et des voyages de noces qui envahissait la cité des Doges n’incitait guère les clients importants à se manifester. Il y avait aussi l’approche de la grande fête du Rédempteur où Venise éclatait de joie sous ses plus beaux atours. Celle-là non plus ne serait pas facile à supporter !…
    Par orgueil il avait refusé la proposition d’Adalbert de l’accompagner. Il avait même trouvé un sourire pour lui dire :
    — Autrefois, Guy et moi vivions en garçons à la maison. Il va seulement falloir s’y réhabituer !
    Tante Amélie et même Plan-Crépin l’avaient encouragé dans cette voie. Mieux valait prendre la situation à bras-le-corps. En retrouvant sa passion pour les pierres royales, les joyaux célèbres ou non et leurs histoires, il se retrouverait lui-même !
    — Et puis, conforta la marquise, ta femme n’a pas le droit de confisquer tes enfants. Comme il faudra bien qu’elle te les ramène et qu’elle ne les laissera jamais voyager avec leurs seules gouvernantes, il ne lui sera pas difficile de se retrouver en face de toi. Et alors…
    — Ne rêvez pas, Tante Amélie ! Nous n’en sommes plus aux beaux jours d’autrefois. Elle ne me regardera même pas ! Ma présence a le don de l’exaspérer !
    — Qui vivra verra ! émit Marie-Angéline sentencieuse.
    Ce qui lui valu d’être vertement rabrouée :
    — Si c’est tout ce que vous avez trouvé comme remonte-moral, Plan-Crépin, vous devriez chercher l’inspiration ailleurs ! Au fait, qui faut-il invoquer pour adoucir les épouses acariâtres ?
    — Ma foi… je l’ignore ! Mais en s’adressant à Notre-Dame, on ne risque pas de se tromper !
    On s’était séparés sur ces fortes paroles mais elles trottaient encore dans la tête d’Aldo tandis que le train le rapprochait de Venise. Alors il levait les yeux du journal qu’il s’efforçait de lire – bien incapable d’ailleurs de dire s’il s’agissait d’une critique littéraire, des cours de la Bourse ou des propos d’un quelconque ministre ! –, rencontrait le regard souriant de son vieil ami et se sentait mieux. Pour cet amoureux passionné de la Sérénissime, elle détenait le secret, sinon de la joie de vivre, du moins de la paix du cœur…
    Et, de fait, quand enfin il toucha le sol en gare de Santa Lucia, Aldo retrouva son assurance. C’était « sa » terre et il lui ressemblait : une île exposée à toutes les tempêtes mais rattachée au continent par un double fil d’acier et de pierre. Il serait toujours heureux d’y revenir…
    — Je n’ai pas voulu que Zaccharia vienne nous chercher, confia-t-il à Guy en lui offrant un bras… (Qu’il refusa !) Seulement Zian avec Le Riva . J’ai hâte d’être à la maison !
    Ils étaient là tous les deux au bord du quai, le gondolier-chauffeur et l’élégant canot automobile, avec le sourire éclatant du premier qui valait toutes les bienvenues du monde.
    — Zaccharia voulait venir malgré vos ordres, expliqua-t-il en rangeant les bagages, mais je lui ai demandé de rester afin qu’il y ait quelqu’un pour accueillir ces Messieurs au palais…
    — M. Pisani est déjà rentré chez lui ? Il n’est pas si tard ?
    — Il n’est pas venu ! Il a pris froid et s’est excusé ce matin…
    — Voilà autre chose ! Est-ce qu’au moins Livia est opérationnelle et nous a préparé à dîner ou faudra-t-il nous réfugier chez Montin ?
    — Non, non ! Ces Messieurs peuvent être tranquilles : tout est prêt !
    Comme à chaque arrivée de train, la foule affluait au bord du Grand Canal, une foule bruyante et agitée qui s’exprimait en diverses langues et que, après la chaleur du jour, l’approche de la nuit réveillait.
    — Est-ce qu’il y a beaucoup de touristes en ce moment ? s’inquiéta Guy qui redoutait les bousculades.
    — Oh oui ! M. Pisani et Zaccharia s’interrogeaient même hier s’il ne serait pas préférable de fermer la maison pour éviter les importuns… mais comme Monsieur le Prince et monsieur Buteau rentraient…
    Le bateau démarra en douceur, se dégagea des autres embarcations, opéra une courbe gracieuse et se lança dans le Grand Canal, à vitesse
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