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La Collection Kledermann

La Collection Kledermann

Titel: La Collection Kledermann
Autoren: Juliette Benzoni
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qu’apprécié. Il y avait des mois qu’il n’avait revu Venise, sa ville tant aimée, et il en souffrait, mais à présent, une crainte se mêlait à son désir : il avait peur de ne retrouver là-bas que tristesse, abandon et solitude. Oh, son palais serait toujours debout dans sa beauté intacte et il ne doutait pas de ses vieux serviteurs pour y veiller, mais qu’en serait-il de l’âme ? En dehors de lui-même, l’enlèvement de Guy avait privé sa maison d’antiquités de son second patron. Il ne restait plus que le jeune Pisani. Un peu jeune justement pour assumer une affaire de cette envergure. En admettant que l’enlèvement de son fondé de pouvoir n’ait pas été assorti de dégâts et de vols plus ou moins importants ! Côté vie privée, c’était la catastrophe ! Plus d’épouse, plus d’enfants ! Le silence le plus oppressant qui soit, celui de l’absence devait régner en maître…
    S’il n’y avait eu l’état préoccupant de son vieil ami, il serait rentré tout droit afin de chercher dans un travail acharné, sinon l’oubli – c’était impossible ! –, du moins le réveil de cette passion des pierres précieuses et des œuvres sublimes des anciens… mais il se sentait fatigué, envahi par une lassitude telle qu’il n’en avait jamais connu et contre laquelle il n’avait même plus envie de lutter…
    — Tu as surtout besoin de repos, d’un vrai ! diagnostiqua Tante Amélie qui l’observait.
    — Le repos éternel peut-être ?
    — Imbécile ! Je déteste ces plaisanteries de mauvais goût ! Tu oublies que tu n’en avais pas fini avec ta convalescence quand tu t’es retrouvé lancé dans cette aventure aussi épuisante pour le corps que pour le cœur ! C’est une bonne chose que tu aies voulu remettre le cher Buteau sur pied avant de regagner Venise et la vie quotidienne…
    — C’est gentil de n’avoir pas dit : et ta maison vide !
    — Encore une réflexion de ce genre et c’est un psychiatre que je ferai venir !
    — Surtout pas ! Le calme du parc Monceau me remettra ! J’ai l’impression que je pourrais dormir pendant des heures !
    C’est d’ailleurs ce qu’il avait fait durant les cinq premiers jours dans l’agréable chambre jaune donnant sur les jardins où il avait vécu d’autres convalescences. Une cure de sommeil ! Ainsi en avait décidé le professeur Dieulafoy après avoir hospitalisé Guy Buteau dans sa clinique en jurant de lui rendre du tonus !
    — Alors pas de soucis de ce côté-là et vous dormez ! avait-il déclaré à un patient renâclant à la pensée de perdre en quelque sorte plusieurs jours de sa vie active.
    — Je vais avoir l’impression d’être mort !
    — Mais non ! Vous referez surface pour vous nourrir et, quand la cure sera terminée, vos nerfs surchauffés nous diront merci à tous les deux ! Même si vous ne vous en rendez pas compte, vous êtes au bord d’une sévère dépression nerveuse !
    Aldo n’aimait pas le mot et moins encore l’idée, mais Tante Amélie arriva à la rescousse :
    — On prendra de tes nouvelles tous les matins et on t’embrassera sur le front tous les soirs. Accorde-toi cette parenthèse ! Tu en as d’autant plus besoin que d’autres combats viendront…
    Finalement il accepta et l’expérience fut infiniment plus agréable qu’il ne l’imaginait. Entre les brèves périodes de lucidité, il plongeait dans un sommeil paisible semblable à une eau douce et tiède où il évoluait sans le moindre effort…
    Au jour convenu pour le laisser se réveiller tout à fait, il trouva Adalbert assis à son chevet entre une fenêtre ouverte sur un matin radieux et le plateau du petit déjeuner.
    — Tu es là depuis longtemps ? demanda-t-il en bâillant largement.
    — J’arrive juste à point pour t’apporter ton café ! Comment te sens-tu ?
    — Bien ! je dirai même merveilleusement bien ! J’ai l’esprit aussi clair qu’après une bonne nuit… et j’ai faim.
    — Parfait ! On va partager : j’ai demandé une tasse pour moi aussi. Tante Amélie et Plan-Crépin m’ont accordé le privilège de recueillir tes premières paroles mais on espère ta présence à midi ! À moins que tu ne te sentes encore trop faible ?
    — Je ne me suis jamais senti faible ! On m’a fait dormir, je suis réveillé. Point, à la ligne ! Quand es-tu rentré ?
    — Ce matin. Comme je n’avais pas envie de refaire la route seul, j’ai embarqué la voiture sur un train et j’ai pris le suivant. C’était
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