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La Collection Kledermann

La Collection Kledermann

Titel: La Collection Kledermann
Autoren: Juliette Benzoni
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rides amères qui encadraient ses lèvres minces. Quand ses visiteurs furent devant lui, il eut un sourire narquois qui ne relevait qu’un seul côté de sa bouche.
    — Il faut reconnaître que vous ne manquez pas d’audace de venir jusqu’à nous, Morosini ? Vous avez gardé un si bon souvenir de notre hospitalité ? Je rien dirais pas autant de Wishbone qui lui avait droit au statut d’invité de marque. Mais entrez donc ! engagea-t-il en les précédant à travers un vestibule dallé de marbre noir à bouchons blancs orné d’une paire de statues grecques et d’une vasque, de marbre elle aussi, d’où débordaient d’énormes fleurs d’hortensias roses. Un escalier à double révolution montait aux étages. Le silence y était complet. De même, aucun serviteur, aucune infirmière n’était en vue, rien qui puisse évoquer l’activité d’une clinique… sauf peut-être celle du docteur Morgenthal à Zurich si l’on s’en tenait aux récits de Tante Amélie et de Plan-Crépin.
    Sous l’une des branches de l’escalier, Max ouvrit devant eux la porte d’un cabinet de travail tapissé de livres où le soleil entrait à flots, puis referma le vantail auquel il s’adossa sans leur offrir d’occuper les fauteuils Renaissance disposés devant l’imposant bureau d’ébène à deux lourds piétements sculptés.
    — Alors ? ironisa-t-il. Qu’est-ce qui vous a poussés à vous aventurer dans la gueule du lion ? Vous êtes fatigués de la vie ?
    — Ne dites donc pas n’importe quoi ! répliqua Aldo en s’asseyant dans l’un des fauteuils tandis que Wishbone arborant son air le plus digne investissait l’autre. Ce qui fut relevé aussitôt.
    — Je ne me souviens pas vous avoir invités à prendre place ?
    — Cela n’a aucune importance et, si vous voulez un conseil d’ami, vous seriez mieux inspiré d’en faire autant ! Ce sera bref, clair et concis : il va vous falloir prendre des dispositions ! Mais d’abord une question : qui accompagnait Gandia la nuit dernière quand il s’est rendu à Kilchberg ?
    — Mon frère Andréa ! Pourquoi ? Et… Comment pouvez-vous le savoir ?
    — J’y viens et croyez que j’en suis navré pour vous. En bref, Gaspard Grindel a, la nuit dernière, derrière l’église, abattu Gandia qui prétendait obtenir de lui la moitié de la collection Kledermann, ainsi que votre frère, tandis que sonnaient à l’horloge les douze coups de minuit…
    Max devint blême cependant que ses mâchoires se crispaient.
    — Encore une fois. Comment le savez-vous ?
    — Parce que nous y étions, mon ami Vidal-Pellicorne et moi ! Nous avons suivi Grindel et Mathias Schurr, son demi-frère, depuis Paris. Parce que le demi-frère c’est lui, figurez-vous, qui m’avait logé une balle dans le crâne à la Croix-Haute !
    L’homme de César ne semblait pas vraiment convaincu.
    — Quel aurait été son intérêt ?
    — Je viens de vous le dire : pour garder la totalité de la collection. Il avait apporté l’un des sacs mais bourré de haricots secs et autres légumineuses, qu’il a balancé devant lui avant de tirer. Je tiens le sac à votre disposition… si vous vivez suffisamment longtemps pour le voir. Ce qui n’est pas certain !
    — Vous en douteriez ?
    — Tout à fait ! Nous avons surpris un échange téléphonique plutôt tendu entre eux – les écoutes cela fonctionne dans la police – et appris ainsi que Gandia n’avait pas tué Kledermann, qu’il le conservait par-devers lui, prêt à refaire surface au cas où Grindel refuserait le partage ! J’ai appris par la même occasion que mon fondé de pouvoir, M. Guy Buteau, avait été enlevé lui aussi à Venise et ramené ici afin de servir de monnaie d’échange pour assurer à ces messieurs ma propre collection ! Cela vous suffit ?
    — Qu’est-ce qui me prouve que ce n’est pas vous qui les avez liquidés ?
    — On aurait liquidé tout le monde alors ? Et dans ce cas, voulez-vous m’expliquer pour quelle raison ? Cessez de vous méfier, bon sang ! C’est un luxe que vous ne pouvez plus vous permettre : Grindel et son double ne devraient plus être loin. Alors arrangez-vous pour qu’ils ne parviennent pas jusqu’à vous !
    — Autrement dit, fit Max goguenard, vous êtes venus pour me sauver ?
    — Vous et cette malheureuse à laquelle vous vous êtes dévoué ! Oui.
    — Ce que je cherche en vain dans votre conduite, c’est le profit que vous pourriez en tirer ! Que vous souhaitiez récupérer votre
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