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La colère du lac

La colère du lac

Titel: La colère du lac
Autoren: Anne Tremblay
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dit François-Xavier en
     soupirant, retournant à son poste d’observation.
    — Je l’espère ben, s’exclama sa femme. C’est un vrai déluge !
    — Julianna… commença François-Xavier, j’sais pus quoi faire, avoua-t-il
     désespéré.
    La jeune femme se laissa tomber sur une marche et invita son mari à venir la
     rejoindre.
    — Commence donc par venir à côté de moé.
    François-Xavier obtempéra et choisit la marche en dessous de celle de sa femme,
     qui enroula ses bras autour de son cou.
    — As-tu parlé à Ti-Georges ? demanda Julianna.
    — Oui, pis lui aussi y est ben écœuré. Y va reprendre la ferme de son beau-père
     à Péribonka. C’est une belle grande ferme, y devrait se refaire en une couple
     d’années. On a tellement perdu d’argent, Julianna. On a tellement perdu.
    — C’est sûr qu’on peut pus continuer à vivre comme ça, fit remarquer la jeune
     femme.
    — J’sais…
    — Il va ben falloir manger.
    Julianna était inquiète, elle pensait à ses enfants dormant en haut.
    — Chus pas capable de m’trouver du travail. À part quelques p’tites jobines
     par-ci par-là. On dirait qu’y a plus d’ouvrage pour personne. Dire qu’avant,
     j’en avais de trop avec la ferme pis la fromagerie ! Une vraie farce.
    — Y a pas moyen que tu repartes une fromagerie à quelque part ?
    — Avec quel argent ? J’te l’ai dit tantôt, on a pus une cenne ! éclata
     brusquement François-Xavier en se relevant et en retournant devant la fenêtre.
     J’ai tout perdu, tout… Mon avenir, mes rêves…
    — François-Xavier, dit Julianna en le rejoignant, parle pas de même ! Il doit y
     avoir un moyen de s’en sortir… L’important c’est que nous pis les enfants, on
     soit ensemble.
    Doucement, elle enlaça son mari.
    — Tu vas voir, on va trouver une solution… Peut-être qu’on pourrait aller
     retrouver marraine à Montréal ! s’exclama-t-elle en relâchant son étreinte et en
     se plaçant aux côtés de son mari qui ne cessait de fixer l’horizon. Elle a
     jamais vu les enfants, je suis sûre que ça lui ferait plaisir de nous recevoir,
     continua Julianna. Pis Montréal, c’est grand, tu te trouverais de l’ouvrage,
     c’est certain, tu pourrais travailler au magasin de marraine !
    — Montréal ! C’est pas noyé que j’va mourir mais étouffé… j’veuxpas partir du Lac-Saint-Jean, Julianna… c’est chez nous icitte… Chus pas fait
     pour vivre dans une grande ville ! décréta François-Xavier en se laissant tomber
     dans la berçante.
    Sans demander la permission, Julianna se blottit sur les genoux de son mari.
     Câline, elle lui joua avec une mèche de cheveux.
    — Je sais que tu aimes beaucoup le lac, mais ça pourrait être une solution ! On
     pourrait vendre la maison ici, pis vivre avec marraine. Ça nous coûterait
     presque rien pour le logement pis avec l’argent de la vente, tu en aurais assez
     pour te partir une nouvelle fromagerie ! Julianna s’excitait. Pis, tu pourrais
     faire connaître à tout Montréal le réputé cheddar Rousseau ! conclut-elle en le
     gratifiant d’un gros bec sur la joue.
    — Y a des vaches à Montréal ? ironisa François-Xavier. Non, Julianna, ç’a pas
     de bon sens… j’me vois pas partir d’icitte.
    Julianna se releva, mécontente. Elle observa son mari resté assis dans la
     chaise, semblant détaché. Radoucie, elle se lova à ses pieds et leva sur
     François-Xavier un regard déterminé.
    — T’as jamais vu Montréal, c’est beau ! Écoute, dit-elle en lui prenant les
     mains dans les siennes. Tu traîneras ton lac dans ton cœur… Ce qui est
     important, François-Xavier, c’est nous deux pis nos enfants, pense à ça.
    — J’va y jongler, Julianna, c’est tout ce que j’peux te promettre.
    — Pis si on retournait à la chaleur des couvertes ? proposa-t-elle. Les enfants
     vont ben dormir encore un peu.
    Sans douceur, il repoussa sa femme.
    — Julianna, laisse-moé tranquille ! s’écria François-Xavier avec colère.
    La jeune femme se releva et, les larmes aux yeux, essaya encore une fois
     d’amadouer son mari.
    — Monte avec moé, le supplia-t-elle.
    François-Xavier se leva à son tour de sa chaise et sans
     ménagement rudoya sa jeune épouse.
    — Tu vas-tu comprendre le français ? J’t’ai dit de m’laisser tranquille !
    Maugréant, François-Xavier retourna devant la fenêtre et tourna le dos à sa
     femme.
    Julianna releva le
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