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La colère du lac

La colère du lac

Titel: La colère du lac
Autoren: Anne Tremblay
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s’occupant des chevaux. J’veux en remplir un autre pour
     les bêtes. Y fait tellement chaud, y faut qu’elles boivent souvent !
    Ti-Georges avait attaché son cheval près du futur puits à un petit piquet
     enfoncé. C’était un bel étalon qui prendrait la relève de la jument de
     François-Xavier pour le reste du creusage.
    — Hum, c’était délicieux ma Léonie, complimenta Ernest après le pique-nique,
     mais maintenant, il faut se remettre à l’ouvrage, les jeunes. Allez, je
     redescends.
    François-Xavier aida son père à s’enrouler la corde solidement autour de la
     taille, puis Ti-Georges attacha l’autre extrémité à son cheval.
    — Sois prudent, Ernest, lui recommanda Léonie qui n’aimait pas le voir
     disparaître dans ce trou béant.
    Ernest lui fit comiquement un petit signe de la main avant d’être hors de
     vue.
    — Doucement, mon cheval, doucement, intima Ti-Georges pour que
     la bête reste sage.
    Tout à coup, on ne sut jamais vraiment ce qui s’était passé, était-ce la jument
     qui avait rué, énervant l’étalon, ou encore une abeille qui le piqua, mais
     toujours est-il que le cheval de Ti-Georges se mit à reculer en piaffant,
     effrayé, hennissant bruyamment. Ti-Georges essaya de le retenir, mais l’animal
     s’énervait de plus en plus, reculant toujours, voulant fuir la main de l’homme.
     Il était presque au bord du puits, ses sabots glissaient dans la terre
     boueuse.
    — Wo, arrête-toé, bateau, arrête-toé ! cria Ti-Georges.
    François-Xavier se détourna. Il travaillait à étendre de la terre en attendant
     le prochain déchargement quand il se retourna pour répondre à l’appel de son
     ami. Tout de suite, il comprit la situation. Il projeta sa pelle au loin et
     courut le plus vite possible à la rescousse. Il avait la désagréable impression
     que tout se passait au ralenti devant lui, qu’un mauvais esprit s’amusait à le
     retarder, lui faisant perdre la fraction de seconde qui lui manquait pour
     réussir à atteindre le cheval emballé. Il devait y parvenir, il y était presque…
     Il lança son bras en avant pour accrocher n’importe quoi, la crinière, le
     harnais, n’importe quoi afin de retenir le cheval de glisser, de l’empêcher de
     basculer dans le puits, que déjà les pattes arrière raclaient le rebord.
    — Non, papa, attention, papa !!!
    Poussant l’effort au maximum, François-Xavier bondit. Ses doigts rencontrèrent
     les naseaux humides de l’étalon et s’y enfoncèrent profondément. La futile prise
     ne put empêcher le basculage. D’un coup sec, le cheval disparut dans le trou,
     laissant François-Xavier s’étaler de tout son long, ses ongles tachés du sang de
     l’animal. Ti-Georges lâcha la bride sous peine d’être emporté lui aussi et resta
     là, les bras ballants devant l’effroyable drame qui se produisait sous ses yeux.
     Il n’y eut qu’un hennissement, un grand bruit sourd, puis plus rien.
    Julianna et Léonie qui repartaient travailler à la maison
     entendirent les cris. Elles se retournèrent et virent l’anormale agitation.
     Elles revinrent sur leurs pas en courant. François-Xavier rampa jusqu’à
     l’orifice et y plongea la tête. Il y faisait si noir, il ne distinguait rien à
     part les yeux globuleux de la bête qui soufflait, semblant souffrir le
     martyr.
    — Papa ? murmura François-Xavier.
    — Papa !!! Vous m’entendez ? cria-t-il cette fois.
    — Mon doux Seigneur, fit Léonie en arrivant près du puits. Ernest, Ernest, non,
     Ernest !!! Non, c’est pas vrai, pas mon Ernest, non !!!
    Julianna, atterrée, se pressait les mains sur la bouche pour étouffer le cri
     d’horreur qui lui montait à la gorge. Ti-Georges fut le premier à se ressaisir.
     Il somma sa sœur d’emmener Léonie à l’intérieur, de force s’il le fallait, et de
     la calmer. Ensuite, elle avait pour mission d’aller avertir Marguerite qui
     s’occuperait d’alerter les autres voisins pour envoyer de l’aide. Il n’y avait
     pas de temps à perdre. Peut-être y avait-il une mince chance pour que monsieur
     Rousseau soit encore vivant, une très mince mais il fallait la tenter.
    — Venez matante, Ti-Georges a raison, restons pas là…
    — C’est de ma faute, c’est de ma faute, se mit à psalmodier sa marraine en se
     laissant entraîner vers la maison. C’est de ma faute, j’avais promis, le Bon
     Dieu s’est vengé… c’est de ma faute…
    — Mais non,
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