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La chute de l'Empire Romain

La chute de l'Empire Romain

Titel: La chute de l'Empire Romain
Autoren: Max Gallo
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héroïques soldats romains fassent tant de Barbares prisonniers qu’on déciderait de les pousser par centaines, par milliers dans les arènes des villes romaines.
    « Nous assisterons à leur mort. Est-il plus beau spectacle que la mort d’un Barbare ? »
    Depuis la fondation de Rome, combien étaient-ils, ceux qui avaient été ainsi livrés aux bêtes, ou aux gladiateurs ? Au moins autant que la population de plusieurs quartiers de Rome.
    Puis il avait soupiré, élevé la voix, montrant ainsi qu’il voulait être entendu.
    « Mais de nos prisonniers barbares, nous avons fait des soldats, dont le devoir est de mourir pour sauver nos vies, et faire resplendir la gloire de l’Empire romain. Que les dieux veuillent qu’il en soit ainsi. »
    Il avait ajouté d’un ton las :
    « N’oublions jamais que nous sommes protégés par des armées composées d’hommes qui sont de la même race que nos esclaves. »
    Dans la lueur des torches, Galla Placidia avait vu les nuques, les épaules, les cuisses des hommes de sa garde énormes comme celles de géants.
    Et si ces Barbares se rebellaient ?
    Elle n’avait pas eu peur.
    Elle ne craignait pas sa mort, mais celle de l’Empire romain d’Occident.

2.
    Elle, Galla Placidia, était née à Constantinople en 390, alors qu’il n’existait qu’un seul Empire romain.
    Mais son père, Théodose le Grand, général victorieux devenu empereur, avait peu avant sa mort, en 395, scindé cet immense territoire.
    Elle, Galla Placidia, avait quitté Constantinople pour Rome et plus tard Ravenne, rejoignant son frère Honorius, empereur d’Occident, et se sentant de plus en plus étrangère à l’empire d’Orient et à son frère aîné, Arcadius, qui régnait à Constantinople.
    C’était il y a une quarantaine d’années.
    Et ce 15 août 440, alors qu’elle traversait Ravenne, qu’elle s’interrogeait sur le destin de l’empire d’Occident, et le sort de son fils, Valentinien III, qui en était l’empereur, elle s’était demandé ce qui avait conduit son père à tailler dans le vif du grand Empire romain, à abandonner Rome, la Ville millénaire.
    N’était-ce pas condamner l’empereur d’Orient et l’empereur d’Occident à devenir des rivaux ?
    Ils l’avaient été dès l’origine et leurs successeurs l’étaient encore.
    Autour de chacun d’eux, des conseillers, des courtisans, des généraux les poussaient à s’opposer.
    Dès le lendemain de la mort de Théodose, les intrigues, les complots s’étaient noués autour d’Arcadius et d’Honorius.
    À Constantinople, le préfet Rufin s’était imposé à l’empereur Arcadius, comme s’il avait été le régent.
    À Ravenne, un général d’origine barbare − un Vandale −, Stilicon, avait pris le pouvoir puisque Honorius n’était encore qu’un enfant.
    Et Stilicon comme Rufin avaient constitué leur garde personnelle, composée de Barbares à leur solde dont les traits sauvages, la violence inspiraient la terreur.
    Pourquoi Théodose le Grand n’avait-il pas prévu cela ?
    Avait-il imaginé que chacun des deux empires se défendrait mieux contre les invasions barbares qui précipitaient des peuples entiers contre le limes , dont ils essayaient de forcer les défenses, de franchir le Rhin ou le Danube ?
    Et nombre d’entre eux étaient déjà au cœur de l’Empire.
    Galla Placidia avait une nouvelle fois observé les hommes de sa garde, tous des Barbares, comme l’étaient ceux qui entouraient Rufin et Stilicon.
    Ils occupaient le centre de l’empire d’Occident et de l’empire d’Orient.
    Galla Placidia avait marché plus lentement encore. Lui revenaient en mémoire les récits du sénateur Symmaque, ceux de l’historien Ammien Marcellin. Elle avait conservé les manuscrits de ce dernier.
    Autrefois, la lecture de ces textes l’avait troublée. Ces chroniques de guerres d’avant sa naissance lui semblaient être des prophéties chargées de menaces. Elle voulait rouvrir ces histoires comme on se rend chez l’haruspice qui lit le destin dans les entrailles encore chaudes d’un animal sacrifié, éventré.
    Elle avait donc lu, retrouvant des textes oubliés, ceux qui se félicitaient de l’installation des peuples barbares sur les terres de l’Empire.
    Ces peuples « fédérés » signaient avec Rome un foedus − traité. Ils gardaient leurs coutumes, leurs croyances et fournissaient en échange des terres que l’empereur leur accordait, des hommes
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