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La chute de l'Empire Romain

La chute de l'Empire Romain

Titel: La chute de l'Empire Romain
Autoren: Max Gallo
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coup de masse.
    Alors les Goths s’étaient rassemblés, en armes, au début du mois d’août.
    Il y avait là les Wisigoths − les plus nombreux, ceux qui rêvaient encore d’être admis dans l’Empire, et de s’y tailler un royaume −, les Ostrogoths, qui disposaient d’une cavalerie, et avaient été rejoints par des Huns et des Alains.
    Les avant-gardes romaines avaient été surprises par ces masses d’hommes, certains portant une armure, d’autres brandissant haut leur glaive ou leur javelot.
    Ce n’était plus une foule mais une armée comptant plusieurs milliers de fantassins, et cinq mille cavaliers. Et, au loin, les éclaireurs romains avaient deviné les masses sombres des cavaliers huns et des Alains.
    Ils avaient décrit à l’empereur Valens ces chariots disposés en cercles, sortes de forteresses à l’intérieur desquelles se tenaient les archers, hommes et femmes.
    « Ils sont nombreux », avaient répété les éclaireurs.
    Ils n’osaient dire « plus nombreux que nous ».
    Mais Valens les avaient persuadés que l’armée romaine, ne comptant pourtant que deux ou trois dizaines de milliers d’hommes, dont trois mille cavaliers, était invincible.
    Valens avait refusé d’entendre un prêtre chrétien qui, au nom des chefs des Goths, avait proposé que des ambassadeurs goths et romains se rencontrent afin d’éviter la guerre, le massacre.
    Mais il était trop tard.
    Dans la pénombre des thermes, Galla Placidia étouffait.
    À Rome, quand elle était otage des Wisigoths, elle avait vu comment ces Barbares saccageaient les campagnes opulentes et massacraient leurs habitants.
    Elle pouvait imaginer − comme si elle l’avait vécu − ce que les Wisigoths avaient accompli en Thrace, en ce mois d’août 378, alors même que l’affrontement entre les deux armées n’avait pas encore commencé.
    Elle se souvenait de chacun des récits d’Ammien Marcellin.
    « Avançant avec prudence, avait écrit l’historien, les Goths s’étaient répandus dans toute la Thrace, cependant que leurs prisonniers, ou ceux qui s’étaient rendus, désignaient les villages les plus riches et surtout ceux qui possédaient des réserves abondantes de nourriture.
    « Avec de tels guides, tout ce qui n’était pas accessible ou complètement hors de leurs routes ne pouvait pas échapper aux Goths.
    « Ils ne faisaient aucune distinction d’âge ou de sexe, pendant des grappes d’hommes aux branches des arbres, incendiant, massacrant. »
    Les nouveau-nés étaient arrachés au sein de leur mère et égorgés. Les enfants, les matrones, les épouses, après avoir vu le cadavre de leur mari ou de leurs parents, étaient traînés sur les cadavres de leurs proches.
    De nombreux hommes âgés se lamentaient d’avoir vécu trop longtemps et vu massacrer leurs descendants et brûler leur maison, où leur famille vivait depuis des générations.
    Ils étaient battus, chassés ou tués.
    Qu’était devenue la Pax romana , que Galla Placidia avait dans son enfance entendu louer par les vieux Romains ?
    Parfois, l’un de ces sénateurs évoquait ce mois d’août 378, cette bataille qui s’était livrée non loin de la ville d’Andrinople, et au cours de laquelle des milliers de Romains avaient péri.
    L’empereur Valens avait été tué sans qu’on soit sûr des circonstances de sa mort. On ignorait ce qu’était devenu son corps.
    Avait-il été blessé puis piétiné par des cavaliers ostrogoths ou huns ? Qui aurait pu reconnaître dans ce cadavre un empereur romain ?
    Certains assuraient que, blessé, il s’était réfugié dans les bâtiments d’un domaine agricole auxquels les archers huns avaient mis le feu, en lançant des flèches enflammées.
    « Vaincu et mort, l’empereur Valens », avait-on murmuré comme on lit une épitaphe.
    La bataille d’Andrinople était la plus grande défaite subie par l’armée romaine depuis celle que lui avaient infligée les Carthaginois d’Hannibal, à Cannes, en 216 avant Jésus-Christ.
    Mais Carthage avait été détruite et Rome vengée.
    Mais la défaite de l’armée romaine à Andrinople et la mort de l’empereur Valens restaient des plaies béantes.
    « Ce fut le commencement », avait murmuré Symmaque.
    Il avait semblé à Galla Placidia qu’il lui avait fallu attendre ce mois d’août 440 − soixante-deux ans après la bataille d’Andrinople − pour se souvenir de ces mots de Symmaque, comme si elle avait refusé de
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