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La chute de l'Empire Romain

La chute de l'Empire Romain

Titel: La chute de l'Empire Romain
Autoren: Max Gallo
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l’Empire, le catholicisme.
    On devait défendre contre les Barbares la pureté de la foi chrétienne, face à des peuples qui, convertis au christianisme, priaient la Sainte Trinité.
    Les évêques, les moines, conduits par leurs abbés, avaient obéi aux ordres de Rufin, qui était l’homme le plus puissant de l’empire d’Orient.
    Les sénateurs romains ricanaient. Symmaque s’était moqué de ces moines, les uns couverts de peaux de chèvre, d’autres presque nus, les cheveux et la barbe en désordre, comme si cela prouvait qu’ils étaient de saints hommes.
    Il fallait mettre fin à ce tumulte, à cette menace aussi, car dans les territoires où s’étaient installés les Wisigoths « se mêlaient des prêcheurs blasphématoires et des Barbares envahisseurs ».
    Seul le retour à la prééminence de Rome pouvait recréer l’ordre impérial et la Pax romana .
    Galla Placidia écoutait avec passion ces propos, ces récits, n’en rejetant aucun, celui qui annonçait le triomphe à Rome et celui que répétait l’évêque de Milan Ambroise, décrivant les événements sans complaisance :
    « Les Huns ont attaqué les Alains, les Alains ont attaqué les Goths, et les Goths rassemblés, oubliant un temps leurs divisions, ont attaqué les Romains. Et ce n’est pas encore fini. »
    Galla Placidia se remémorait les violences, les rivalités, les assassinats, les massacres dont elle avait été témoin.
    Et pourtant, l’armée des Goths avait renoncé à attaquer Constantinople.
    « Leur courage s’est brisé quand ils ont vu les murailles de la ville, les maisons serrées les unes contre les autres qui occupaient un vaste espace, les beautés de la ville, l’énorme population qui l’habitait… Alors ils détruisirent eux-mêmes leurs armes et ils se dispersèrent, s’éloignant de la ville.
    « Leurs généraux avaient enlacé les genoux de l’empereur Théodose et ne s’étaient redressés, larmoyants, qu’après avoir vu l’empereur leur faire un signe de tête et murmurer quelques mots bienveillants. »
    Galla Placidia avait écouté l’un des sénateurs faire l’éloge de Théodose.
    « L’empereur a été le premier, avait-il dit, à concevoir l’idée que le pouvoir des Romains ne se trouvait ni dans les armes, ni dans les cuirasses, ni dans les lances ou dans les innombrables rangées de soldats. Il existait un autre pouvoir, qui permettait à ceux qui gouvernaient d’agir selon la volonté de Dieu. Ainsi seulement avec l’aide de la Providence, on pouvait soumettre toutes les nations et transformer toutes les férocités en douceur, cette vertu, l’unique à laquelle cédaient les armes, les archers, la cavalerie, l’intransigeance des Huns, le courage des Goths et des Alains. »
    Placidia, tout au long de sa vie, avait médité ces propos.
    « Si les Goths, avait repris le sénateur, n’ont pas été entièrement balayés il ne faut pas s’en lamenter… Vaut-il mieux remplir la Thrace de cadavres ou de paysans ? répandre des tombes ou des hommes vivants ? Désormais, les Goths forgent avec le métal de leurs glaives et de leurs cuirasses des pioches et des serpes. Ils ne vénèrent plus le dieu de la Guerre mais ils offrent leurs prières à la déesse des Moissons et au dieu du Vin ! »
    Était-ce l’effet de l’âge, ces cinq décennies qu’elle avait vécues, ou bien les espoirs qu’elle avait perdus, au fil des années ? Galla Placidia s’était demandé si la politique voulue par son père, celle de Stilicon, n’était pas nourrie d’illusions.
    Et peut-être Galla y avait-elle, elle aussi, succombé.
    Avoir cru qu’on pouvait faire d’un Barbare un citoyen de l’Empire, lui donner des terres et de l’argent, pour qu’il s’oppose à la ruée d’autres peuples plus sauvages que lui, n’était-ce pas barbariser l’Empire et ainsi provoquer son agonie puis causer sa chute ?
    Avait-on oublié la bataille d’Andrinople et la mort de l’empereur Valens ?

6.
    Galla Placidia, la dernière nuit du mois d’août de l’an 440, n’avait pu étouffer un cri.
    Elle avait imaginé − rêvé ? − qu’un Barbare − Goth ou Hun de sa garde personnelle − s’avançait armé d’un javelot, avec lequel il s’apprêtait à l’empaler.
    À vingt ans, Galla Placidia otage des Wisigoths avait assisté souvent à ce supplice.
    Quand la pointe de l’arme ou du pieu affûté ne perçait pas le cœur du condamné, elle lui crevait le dos. Le
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