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La chute de l'Empire Romain

La chute de l'Empire Romain

Titel: La chute de l'Empire Romain
Autoren: Max Gallo
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Prologue
    Le miroir romain
    Miroir romain, annonces-tu aujourd’hui
    la chute de notre civilisation ?
    Nous , les lointains héritiers de Rome,
    marchons-nous − comme autrefois –
    vers notre mort ?
    Il se nommait Rutilius Namatianus.
    Païen et gaulois, il était, en l’an 414 de notre ère, préfet de Rome.
    Quatre ans auparavant, il avait vécu le « sac de Rome », perpétré dans la ville impériale par les Barbares germaniques − les Wisigoths − ayant à leur tête Alaric, qu’ils avaient choisi comme roi.
    Viols, pillages, saccages, destructions, incendies, massacres s’étaient succédé pendant trois jours, du 24 au 26 août 410.
    Rutilius Namatianus écrit :
    « Nous avons sous les yeux des exemples qui montrent que les villes peuvent mourir. »
    Quinze siècles plus tard, devant les décombres et les dix millions de victimes qu’avait provoqués de 1914 à 1918 la Première Guerre mondiale, Paul Valéry écrivait : « Nous autres civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. »
    Mais ni Rutilius Namatianus, ni Paul Valéry, qui incarnent, malgré l’abîme du temps qui les sépare, la civilisation occidentale, ne peuvent admettre que le monde dans lequel ils vivent va réellement disparaître, cédant la place à une autre civilisation.
    Au début du V e  siècle, Rutilius Namatianus, au moment de quitter le Latium pour rentrer en Gaule, adresse à Rome une incantation, sorte de credo dans lequel il exprime son admiration :
    « Écoute, ô reine si belle d’un monde qui t’appartient… Les siècles qu’il te reste à vivre ne sont soumis à aucune limite, tant que subsistera la terre et que le ciel portera les astres. »
    Les témoins de la « crise » que traverse leur civilisation au V e  siècle, et aux XX e et XXI e  siècles, ne conçoivent pas, malgré les ruines qui s’amoncellent sous leurs yeux, la fin − la chute − de leur monde.
    Ils acceptent tout au plus la transformation de « leur » civilisation.
    « Avant la chute de Rome, les Romains étaient sûrs autant que nous le sommes aujourd’hui que leur monde durerait toujours sans de grandes mutations. Nous serions sages de ne pas imiter leur certitude », écrit un historien anglais en 2005 [1] .
    Au XVIII e  siècle, Chateaubriand, témoin fasciné de l’effondrement en 1789 de l’Ancien Régime, ne peut cependant pas aller au-delà de l’idée d’une sorte de passation de pouvoir, de continuité dans la transformation.
    « Quand la poussière qui s’élevait sous les pieds de tant d’armées, qui sortait de l’écroulement de tant de monuments, fut tombée, écrit-il [2] , quand les tourbillons de fumée qui s’échappaient de tant de villes en flammes furent dissipés ; quand la mort fit taire les gémissements de tant de victimes ; quand le bruit de la chute du colosse romain eut cessé, alors on aperçut une croix, et au pied de cette croix un monde nouveau.
    « Quelques prêtres, l’Évangile à la main, assis sur des ruines, ressuscitaient la société au milieu des tombeaux comme Jésus-Christ rendit la vie aux enfants de ceux qui avaient cru en lui. »
    Mais quel est ce « colosse romain » qui laisse la place au catholicisme ?
    Un témoin, Ammien Marcellin, né vers l’an 332 de notre ère à Antioche, d’abord officier des armées romaines, choisit, ayant quitté le service de l’Empire, de brosser un tableau précis de la société romaine lors des années tonnantes de la fin du IV e et du début du V e  siècle.
    « Je me figure l’étonnement d’un étranger à qui ce livre tomberait entre les mains, en ne trouvant qu’émeutes, scènes d’ivrognerie et autres turpitudes semblables dans la relation de ce qui s’est passé à Rome à cette époque… »
    Il décrit :
    « Le noble corps du Sénat qui voit sa splendeur ternie par la légèreté dissolue de certains de ses membres qui ne gardent plus de ménagements dans le vice et se livrent à toutes sortes d’égarements […].
    « Les uns mettent la gloire suprême dans l’exhaussement singulier d’un carrosse ou dans une fastueuse recherche de costume […]. Je ne peindrai pas ces gouffres appelés banquets, ni les mille raffinements que la sensualité y déploie […]. La marche est fermée par les eunuques de tout âge, les vieux en tête tous également livides et difformes. À l’aspect de cette troupe hideuse n’ayant d’hommes que le nom, on ne peut que maudire la
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