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La chute de l'Empire Romain

La chute de l'Empire Romain

Titel: La chute de l'Empire Romain
Autoren: Max Gallo
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corps luisant, maquillés, s’adonnaient à tous les vices, osant se proclamer chrétiens puisque c’était la religion de l’Empire. Mais l’ambition, la jalousie, la perversité les dévoraient. Galla Placidia devait déjouer leurs complots incessants.
    En cinquante ans de vie, Galla Placidia avait chaque jour découvert un nouveau visage à la mort.
    Ainsi elle était sûre que le général Aetius, qui commandait l’armée de l’empire d’Occident, et gouvernait en lieu et place de l’empereur Valentinien, ne rêvait que de revêtir la pourpre impériale. Et Galla Placidia soupçonnait Aetius de vouloir s’allier avec les chefs barbares, afin de conquérir le pouvoir impérial en tuant Valentinien III.
    – C’est mon fils ! avait un jour crié Galla Placidia à Aetius. Il est à moi !
    – Dites-le-lui, avait répondu Aetius.
    Il l’avait défiée d’un regard puis il lui avait tourné le dos. Les courtisans s’étaient écartés, inclinés sur son passage comme s’il avait été l’empereur.
    De ce jour, Galla Placidia ne s’était plus rendue au palais impérial.
    Elle n’oubliait pas que la mort rôdait autour de Valentinien.
    Les souvenirs la hantaient.
    Gorges tranchées, pal enfoncé, hurlements des suppliciés, bruit sec des os que l’on brise à coups de masse ; hommes influents − généraux, sénateurs, patrices − bâtonnés jusqu’à ce que leur corps ne soit plus qu’une boule de chair d’où jaillissait un sang noir ; d’autres livrés aux bêtes.
    Quand ce passé ensevelissait Galla Placidia, il lui semblait que Dieu pouvait retenir la main du tueur, du bourreau, du traître.
    Alors elle passait devant le palais de l’empereur, ignorait l’édifice. Elle regardait au loin, les yeux fixés sur la chapelle en forme de croix latine dont, malgré la brume qui montait des lagunes et des marais, elle apercevait le dôme.
    Galla Placidia avait veillé à la construction de cette église, où elle se rendait chaque jour afin de prier Jésus-Christ, l’Empereur du Ciel, de protéger Valentinien III, ce fils si faible face aux hommes de proie.
    Elle entrait seule dans la chapelle, sa garde personnelle se plaçant autour du bâtiment. Galla Placidia priait devant chacune des huit statues d’apôtre puis elle s’immobilisait face à l’une des arcades, au centre de laquelle elle avait fait placer un sarcophage de marbre.
    Là, on déposerait son corps et cette chapelle serait son mausolée.
    Fille de l’empereur Théodose le Grand, sœur de l’empereur d’Orient Arcadius et de l’empereur d’Occident Honorius − tous disparus −, et mère de Valentinien III, encore vivant par la grâce de Dieu, Galla Placidia ne craignait pas la mort.
    Elle était sortie de la chapelle, sereine.
    Là serait son mausolée. La mort n’effacerait pas sa vie. Les chrétiens prieraient devant le sarcophage de marbre où son corps reposerait. Elle serait vivante dans la mémoire romaine.
    Elle commença à marcher au milieu de la voie pavée.
    Les hommes de sa garde l’entouraient, formant un carré qui avançait au pas de Galla. La nuit tombait et la brise, venue des lagunes, soulevait les plis de l’ample robe qui enveloppait le corps élancé de Galla Placidia.
    On avait allumé des torches, marquant ainsi les angles du carré au centre duquel elle se trouvait.
    Les silhouettes des soldats, dans la pénombre, parurent plus massives. Certains hommes portaient un arc à double courbure, si long qu’il semblait plus grand qu’un homme ; d’autres tenaient leur glaive ou leur javelot sur l’épaule.
    Les archers avaient le crâne allongé, le visage comme aplati. C’étaient des Huns. Ce peuple avait coutume de serrer le crâne des nouveau-nés avec de larges bandes qui écrasaient aussi le visage. D’autres, blonds, devaient être alamans ou germains, ostrogoths ou wisigoths, sarmates ou vandales, suèves ou alains.
    Vaincus, prisonniers, Aetius ou d’autres généraux romains leur avaient offert de devenir des alliés, de servir dans les légions romaines.
    Brusquement, Galla Placidia eut froid.
    Elle se souvenait des propos qu’avait tenus le sénateur Symmaque, soliloquant, les deux mains croisées sur son ventre, semblant ignorer la présence de Galla Placidia si jeune alors, mais parlant pour elle, afin qu’elle rapporte ses propos à ses frères, Honorius et Arcadius, empereurs d’Occident et d’Orient.
    Il avait d’abord dit qu’il souhaitait que les
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