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La chambre du diable

La chambre du diable

Titel: La chambre du diable
Autoren: Paul Harding
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prendre toute substance susceptible de l’aider
pendant son évasion. Là encore, vous lui avez montré que les grains n’étaient
pas toxiques, sans doute juste avant qu’il escalade le mur et s’évade. Tous les
deux, même pendant qu’ils agonisaient, n’ont à aucun moment soupçonné que ces
jéquiritys étaient la cause de leur trépas. Pas de la part d’un ami qui en
avait mangé lui-même sans effets nocifs.
    – C’est vrai, Vamier, accusa Gresnay d’une voix
de fausset. Vous avez toujours été fort persuasif, vous, maître officier dont
la haine envers les maudits Godons était notoire.
    Il frappa du poing sur la table.
    – Vous jouiez aux échecs avec Serriem la nuit où
il est mort ! Vous pouviez proposer n’importe quoi à ce malheureux, il l’aurait
avalé, comme Routier !
    Gresnay refoula des larmes de colère.
    – Il avait en vous une confiance aveugle. Il s’inquiétait
de ne pas avoir les forces physiques nécessaires pour fuir. Je lui ai offert
quelque nourriture. Et vous avez donné au pauvre niais ces maudits grains. Comment
vous y êtes-vous pris ? Leur avez-vous fait jurer à tous deux de garder
bouche cousue ? Leur avez-vous expliqué que vous n’en aviez pas assez pour
les partager avec les autres ? Je suppose, ajouta-t-il, amer, que j’étais
le suivant sur la liste.
    – Ce n’est pas sûr, remarqua Athelstan. Je pense
que Fontanel aurait offert de payer de sa poche votre rançon et celle de Vamier,
ou fait un emprunt chez les marchands de la ville. Il aurait simulé l’inquiétude.
Mais, remarqua le dominicain en haussant les épaules, je ne crois pas, monsieur
Gresnay, que vous auriez vécu très longtemps une fois en France.
    – Et Mancil ? interrogea ce dernier.
    – Ah ! Mercure, ou monsieur de Fontanel, fut
fort habile. Deux hommes avaient trépassé empoisonnés, mais la mort de la fille
de Limbright avait, en quelque sorte, jeté un caillou dans la mare. Vous
comprenez, Mercure voulait que la responsabilité de tous ces décès soit imputée
sans conteste aux Anglais. Aucun des prisonniers n’était armé, alors, quand
Mercure leur rendit visite la dernière fois à Hawkmere, il vint sans doute muni
d’une petite arbalète destinée à sa propre protection. Et, dans le désordre qui
suivit la fuite de Routier, il décida de saisir sa chance. Arbalète et carreaux
furent cachés. Vamier fut prévenu : derrière une chaire, un banc ou même
dans la chiouère. Fontanel a-t-il eu la permission de se mêler à vous ?
    – Oui, gronda Gresnay. Il s’est entretenu avec
chacun de nous.
    – C’est exact, corrobora Sir Maurice. Le château
était sens dessus dessous.
    – Mercure s’est contenté de profiter de l’occasion,
ajouta Sir John. Limbright pleurait sa fille. Les gardes se reposaient encore
après avoir pourchassé Routier. Mercure a compris qu’un trépas dû à un carreau d’arbalète
ne ferait que confirmer l’idée que l’assassin ne pouvait être l’un des captifs.
    – Est-ce possible ? questionna Aspinall. Je
veux dire de se débarrasser de l’arme céans ?
    – Il y a des latrines ici, n’est-ce pas ? s’enquit
le dominicain.
    – Oui, oui, dans la galerie du haut, où se
trouvait la chambre de Maneil.
    – Ce devait être une petite arbalète, expliqua
Athelstan. Comme celles dont usent les dames pour chasser. Combien de temps
fallait-il à Mercure pour signaler à Vamier qu’une arme était dissimulée dans
un endroit secret ? Quelques secondes ? Vamier, exploitant le chaos, a
agi avec promptitude : il a pris l’arbalète, l’a cachée sous son pourpoint,
a frappé à la porte de Maneil et l’a tué. Puis il a démonté l’arme et l’a sans
doute jetée dans la chiouère où elle s’enfoncerait dans la boue et l’ordure, perdue
à jamais.
    – Vous n’avez toujours pas de preuve réelle, piailla
Fontanel.
    – Oh que si, rétorqua Athelstan. Aussi évidente
que la logique de ma conclusion. J’ai commencé à soupçonner qu’il y avait deux
tueurs. Un dedans et un dehors. Prenons d’abord la fuite de Routier. Pourquoi
a-t-il choisi ce chemin-là ? Comment savait-il que les volets de l’appentis
n’étaient point verrouillés ? On ne laissait jamais les captifs se
promener par là-bas ; donc cette information devait provenir de quelqu’un
qui avait visité les lieux. Ensuite, Mercure, vous avez dit quelque chose de
curieux, pendant votre dernière visite, juste avant de quitter Hawkmere.
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