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La chambre du diable

La chambre du diable

Titel: La chambre du diable
Autoren: Paul Harding
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comme
tous les marins, n’est-ce pas ? Vous débarrasseriez-vous du rosaire que
vous a apporté l’envoyé français, lequel, à présent, naquète dans le couloir
pour voir ce qui se passe ? Bon, je crois que cela suffît ! Sir John,
monsieur de Fontanel devrait se joindre à nous. J’aimerais aussi que deux des
gardes de monseigneur le régent se tiennent près de l’huis, épée au clair.
    Peu après, Fontanel, toutes voiles dehors, ses bottes
à hauts talons crissant sur le plancher de bois, fit son entrée. Il se frappa
la cuisse de son chapeau à plumes.
    – Monseigneur de Gand, pourquoi m’avoir convoqué
ici ? Pour recevoir vos excuses et vos promesses ?
    – Taisez-vous ! rugit Jean de Gand. Et
asseyez-vous !
    Gervase lui désigna la sellette à côté de lui. Fontanel
prit place. Imperturbable, il s’installa en face du régent en lançant, de temps
à autre, des coups d’œil à Vamier à l’autre bout de la table.
    – Vous arrivez au moment le plus intéressant, monsieur,
commença Athelstan. Je veux que certaines choses soient bien claires. D’abord, les
Anglais n’avaient pas d’espion à bord du St Sulpice ni du St Denis : leur prise et destruction
ne furent dues qu’au hasard de la guerre.
    Fontanel racla le plancher en repoussant sa sellette.
    – Je jure par la messe que j’ai célébrée ce matin
que je dis vrai, affirma Athelstan en levant la main.
    La consternation fut visible sur le visage de l’émissaire
français.
    – Ensuite, monsieur de Fontanel, vous n’êtes pas
plus français que moi. Vous vous appelez Richard Stillingbourne, et étiez
autrefois un clerc anglais. Vous avez fui en France où on vous connaît sous le
nom de Mercure, un assassin et un espion.
    – Bêtises ! s’indigna Fontanel en faisant
mine de se lever.
    Gervase lui saisit le poignet.
    Il arracha la chaîne d’or qui pendait au cou de l’envoyé
et la jeta au sol. La délectation du Maître de la Maison des Secrets était
manifeste. Si Gand n’avait pas, d’un geste, exigé le calme, Fontanel aurait été
frappé en même temps que disgracié. Le Français posa les mains sur la table, le
souffle court, les yeux affolés.
    – Vous êtes un félon, dit le régent en s’emparant
d’un couteau à fruit qu’il balança entre ses doigts. Et vous êtes sous ma
juridiction, monsieur de Fontanel.
    – Où sont les preuves ?
    – Je vais y venir, annonça Athelstan. Faisons le
point ensemble, monsieur de Fontanel. Sus à la vérité, saisissons-la à deux
mains.
    Il prit les jéquiritys et en lança un sur la table.
    – Savez-vous ce que c’est ?
    Fontanel ramassa le pois.
    – Vous ne l’ignorez pas, n’est-ce pas ? insista
le dominicain. Après tout, vous êtes allé en Italie et avez visité Venise.
    – Je ne connais rien aux jardins ni aux plantes, ricana
l’émissaire français, dont le visage cireux avait néanmoins blêmi.
    Il ne cessait de regarder du côté de Vamier.
    – Dans ce cas, remarqua Athelstan, avalez-le. Mâchez-le
avec soin et avalez. Je vous assure que ce n’est point nocif.
    Fontanel rejeta la graine sur la table et la laissa
rebondir sur le parquet.
    – Bien sûr, vous n’en ferez rien, soupira le
dominicain. Et je vous prie de m’excuser d’avoir menti. Le jéquirity est mortel.
Si un adulte en absorbe deux, il périra en moins d’une heure. D’après ce que je
sais, ses propriétés sont similaires à celles de la ciguë. Le Conseil des Dix, à
Venise, l’emploie pour obtenir la vérité : on en donne deux à l’accusé. Si
le plaignant désire qu’il meure, on les lui fait mâcher. Mais, si le
poursuivant, pour des raisons secrètes qui lui appartiennent, veut qu’on
proclame l’accusé innocent, il lui ordonne simplement de les avaler. L’écorce
du grain du paternoster est fort dure, un peu comme un pépin de pomme. Il passe
par les entrailles et est rejeté dans la chiouère sans effets néfastes.
    Athelstan ouvrit son escarcelle d’où il sortit son
chapelet.
    – Mercure, ou monsieur de Fontanel, comme vous
voulez, dit-il en agitant la main, vous avez été envoyé de Paris pour occire le
prétendu espion parmi ces prisonniers. Vous saviez que l’un d’entre eux, votre
propre agent, Pierre Vamier, était innocent. Avant que vous entriez, je lui ai
offert des graines : il était tout prêt à les avaler parce qu’il en
connaissait le secret. Vous êtes venu ici et avez remis à chaque captif un
chapelet.
    Athelstan
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