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La chambre du diable

La chambre du diable

Titel: La chambre du diable
Autoren: Paul Harding
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Cour, du gouvernement de Paris. Un homme qui surveille ses
compagnons, à l’affût des mutineries, des protestations, de toute trace de
trahison. Après tout, il n’est pas rare que les bateaux, qu’ils soient français
ou anglais, aient des contacts secrets avec l’ennemi.
    – Absurde ! gronda Vamier.
    – Vraiment ? Vous partez en mer et êtes fort
proches les uns des autres. Vous dormez, mangez et faites tout ensemble. Pourtant,
quand vous rentrez au port, où allez-vous ? Dans les tavernes et les
bordels ou dans vos foyers près de ceux qui vous sont chers ? Mais l’un d’entre
vous va aussi à Paris, au palais du Louvre ou à l’Hôtel de Ville, faire un
rapport à ses maîtres : des bribes de renseignements, des miettes d’informations.
    Athelstan perçut le doute dans les yeux de Gresnay.
    – Or vos maîtres, en France, ont un espion, un
tueur nommé Mercure.
    Aucun des deux hommes ne broncha.
    – De haut rang et très bien payé. Il est chargé
de rassembler des renseignements et de supprimer les ennemis de la France par n’importe
quel moyen.
    – Voulez-vous dire que c’est l’un de nous ? s’enquit
Vamier. Même si vous dites vrai, mon père, cela pourrait être l’un de ceux qui
a déjà trépassé.
    – Oh, c’est l’un de vous, affirma Athelstan. Vos
maîtres de Paris étaient furieux d’avoir perdu deux vaisseaux de guerre, leurs
cargaisons et les équipages en un seul jour. Ils sont parvenus, tout comme vous,
à la conclusion évidente qu’il devait y avoir trahison. On vous a amenés de
Douvres et confiés à Sir Walter Limbright, à Hawkmere.
    Le dominicain soupira.
    – Un Anglais qui a de bonnes raisons de haïr les
Français. Il vous garderait de fort près, ce qui augmenterait votre amertume. Il
vous ferait boire la coupe jusqu’à la lie. L’un d’entre vous, cependant, a
appris en secret que le félon qui avait trahi le St Sulpice et le St Denis devait se
trouver parmi les captifs d’Hawkmere. Je suppose qu’il n’a pas fallu beaucoup
insister auprès de lui pour qu’il mène à bien ce qu’il devait estimer être une
exécution légale.
    Athelstan prit deux des graines.
    – Messieurs, voici le pois à chapelet, parfois
nommé pois de paternoster. C’est un jéquirity ou, pour ceux qui connaissent les
plantes, les graines de l’ Abrus precatorius. C’est plutôt inoffensif. Monsieur
Gresnay, en voici deux. Et deux pour vous, monsieur Vamier. J’en prendrai deux
moi aussi pour vous montrer qu’elles ne sont point toxiques.
    – Non, refusa Gresnay, je n’en veux pas.
    Il se leva et traversa la salle en direction de la
porte.
    – Vous avez occis mes amis ! Mais vous ne me
tuerez pas !
    Il se mit à courir. Sir Maurice l’arrêta en se jetant
sur lui et en l’envoyant voler à l’autre bout de la pièce. Gresnay tituba mais
retrouva son équilibre et se retourna. Sir John le saisit par les bras et, avec
l’aide de Maltravers, ramena le Français indigné à la table.
    – Je n’en prendrai pas.
    Il lécha le sang qui suintait à la commissure de ses
lèvres.
    – Vamier, pour l’amour de Dieu !
    Athelstan pivota sur ses talons.
    – Eh bien, vous semblez plus calme, remarqua le
dominicain à l’adresse de Vamier, qui tenait les deux pois dans la paume de sa
main. Allons ! le pressa-t-il, pourquoi ne pas vous exécuter ?
    – Si vous le dites !
    Et Vamier se fourra les grains dans la bouche.
    Gresnay s’affaissa. Le coroner le rassit sur le banc.
    – De grâce, pour l’amour de Dieu, que faites-vous ?
    Athelstan tendit la main.
    – Monsieur Vamier, recrachez ces graines.
    Vamier obtempéra.
    – Et à présent, messires, demanda le prêtre, laissez-moi
voir les chapelets qu’on vous a donnés le jour de votre arrivée à Hawkmere.
    – Il est dans mon escarcelle, répondit Gresnay en
le sortant et en le jetant sur la table.
    – Et le vôtre, monsieur Vamier, où est-il ?
    Vamier haussa les épaules.
    – Dans ma chambre.
    – On peut la fouiller.
    Le captif évita le regard d’Athelstan.
    – Je l’ai perdu, grommela-t-il. À quoi sert de prier
dans un endroit comme celui-ci ? Je l’ai jeté.
    – Vous avez jeté un chapelet ? insista
Athelstan. Allons, allons, monsieur Vamier, où est-il ? Au fond des
latrines ? Dans le cortil, peut-être ?
    Le Français se croisa les bras.
    – Etes-vous un homme pieux ? s’enquit
Athelstan. Et, si ce n’est pas le cas, vous êtes sans doute superstitieux,
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