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La chambre du diable

La chambre du diable

Titel: La chambre du diable
Autoren: Paul Harding
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grave.
    – Et moi ? Et nous ? cria Vamier.
    Fontanel, blême, se retourna.
    – Vous allez me laisser pourrir ici, n’est-ce pas ?
Mais je vous avertis, menaça Vamier en faisant un pas en avant, je n’irai pas à
la Tour ! Je ne danserai pas au bout de la corde de ces Godons pour vous !
    – Taisez-vous, monsieur ! Du sang-froid !
    – Du sang-froid ! hurla Vamier. Ici, parmi
les Godons ! Qui déchireront ma chair et me rompront les os !
    – Assez ! ordonna Gand en levant les yeux
vers la sombre galerie des musiciens. Sir Walter, vous en avez assez entendu. Qu’on
exécute la sentence !
    Fontanel fit volte-face. Il y eut un bruissement dans
l’air, comme si un oiseau battait des ailes, et les flèches empennées de plumes
d’oie touchèrent leurs cibles. Le trait transperça de part en part le cou de l’envoyé
français. Vamier reçut deux flèches, la première dans l’épaule et la seconde
profondément dans le cœur. Ils s’écroulèrent, jambes agitées de soubresauts, s’étouffant
dans le flot de sang qui coulait de leur bouche. Gresnay bondit. Il fit mine de
se précipiter vers l’huis, mais Athelstan, intervenant en hâte, fit de son
corps un écu pour le protéger des archers qui se tenaient dans la galerie des
musiciens.
    – Pour l’amour de Dieu, souffla-t-il, si vous
vous écartez de moi, vous êtes un homme mort !
    – Ah, il ne risque rien ! s’exclama Jean de
Gand. Seuls les coupables seront punis.
    Il leva la main.
    – Frère Athelstan, vous avez ma parole. Bon
travail, Sir Walter, venez nous rejoindre.
    Il y eut du mouvement sur la tribune des musiciens et,
une minute plus tard, Sir Walter, en compagnie de trois maîtres archers, pénétra
dans la pièce. Avant que quiconque puisse s’y opposer, il frappa du pied les
deux cadavres et s’avança, menaçant, vers Gresnay.
    – Monseigneur ! protesta le dominicain en
repoussant Gresnay sur le banc.
    – Je me demandais ce qui allait se passer, dit le
régent. Je vous connais, mon frère, vous dénichez la vérité comme un furet !
J’ai donc mis Sir Walter et les archers dans l’ombre de la galerie des
musiciens.
    Il soupira et s’assit dans la chaire.
    – Ils étaient là au cas où il aurait fallu
exécuter le jugement.
    Il eut un pâle sourire.
    – De plus, si je devais rencontrer des Français, il
valait mieux être sur ses gardes, surtout si Mercure se trouvait parmi eux. Je
me suis aussi demandé si Fontanel aurait recours à sa dague. Le trépas de Jean
de Gand serait d’un grand prix pour la Cour de France.
    Il claqua des doigts.
    Les hommes d’armes soulevèrent les dépouilles par les
pieds et les tirèrent vers la porte, laissant une traînée poisseuse de sang
rouge sur le plancher.
    – Ils auraient pu être jugés, remarqua Sir John.
    – Je ne crois pas, répondit Gand. Mercure était
un félon et un assassin. Vamier ne valait guère mieux. Les preuves étaient bien
là, quoique difficiles à appréhender. Les Français auraient pu protester et
même menacer les captifs anglais en France. Ils auraient sans nul doute tout
fait pour que Mercure regagne la France.
    – Et que raconterez-vous donc ? s’enquit Sir
John. Les Français en appelleront au pape en Avignon. Le cardinal de ceci et le
cardinal de cela viendront frapper à votre porte au Savoy.
    – Oh, je leur dirai la vérité, répondit le régent
en souriant. Enfin, en partie ! Je ferai remarquer que Mercure a été
démasqué en ma présence. Que lui et son complice Vamier ont tiré leurs couteaux
et tenté de m’occire. Je ferai fouiller son cadavre pendant que Gervase
cherchera dans les archives. Nous insisterons sur le fait que Mercure et
Richard Stillingbourne, le clerc anglais, n’étaient qu’une seule et même
personne et que, par conséquent, il tombait sous ma juridiction. Quant à Vamier,
ce ne fut qu’une victime de guerre !
    Il lança alentour un regard glacé.
    – Qui pourra dire quelque chose ? La
Couronne était menacée ! Des traîtres et des assassins ! L’exécution
a été tout à fait légale !
    – Et comment, monseigneur, expliquerez-vous la
découverte de Mercure ? interrogea le dominicain. Par un ange descendu des
cieux ?
    Jean de Gand rit à voix basse et claqua des lèvres
comme s’il savourait un secret.
    – Qu’en pensez-vous, mon petit frère ? Quelle
version croyez-vous que j’avancerai ?
    – Oh, vous laisserez la danse suivre son cours !
Vous et Gervase
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