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la Bible au Féminin 03 Lilah

la Bible au Féminin 03 Lilah

Titel: la Bible au Féminin 03 Lilah
Autoren: Halter,Marek
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d’être droit devant Toi tant que le pur ne sera pas séparé de l’impur.
     
    *
    * *
     
    C’est au cours de ce jour, et encore durant la nuit et le lendemain que les dévots ont couru à travers les rues en frappant aux portes des maisons.
    Toi, tu es pure. Toi, tu es impure.
    Toi, tu es fille d’Israël. Toi, tu ne l’es pas.
    Tes enfants sont impurs, quitte cette maison, quitte Jérusalem ! Allez, allez, tu n’es plus l’épouse de cet homme.
    Séparez-vous, séparez-vous !
    Faites vos baluchons, allez-vous-en ! Il y a trop longtemps que vous souillez nos rues et notre terre !
    Ils tiraient, ils poussaient. Ils attrapaient les petits et les jetaient à la rue. Ceux au berceau, ils les mettaient aussi dans la rue. Les grands, ils les tiraient par les cheveux. Allez, allez, qu’on ne vous voie plus !
    Les femmes criaient qu’elles étaient des épouses aimantes. Pourquoi me chasser, je suis dans son amour depuis des années ? Je vis à Jérusalem depuis toujours ! J’ai lu avec les autres devant Ezra, à la porte des Eaux ! Quelle est ma faute ?
    Elles pleuraient qu’elles avaient fait tout le chemin depuis Suse avec Ezra. J’ai mené le jeûne, j’ai reconstruit les murs des maisons de Jérusalem, j’ai bâti de ma main une cabane dans le jardin pour y lire les enseignements de Yhwh. Où est ma faute ?
    Les mères criaient en arrachant leurs nouveau-nés des mains des dévots. Mon enfant, mon enfant, que deviendras-tu sans père ?
    Les garçons et les filles sanglotaient de terreur, les mères suppliaient :
    — Regardez-nous, nous n’avons pas d’autre maison, pas d’autre toit, pas d’autre famille. Où voulez-vous que nous allions sans époux, sans père ?
    Toutes elles demandaient :
    — Pourquoi nous chasser comme si nous incarnions le mal ? Nous avons aimé un fils d’Israël, nous l’avons chéri et caressé, où est le mal ? Notre amour est-il un mal ? Pourquoi nous piétiner ?
    Les époux et les pères se taisaient. En grand nombre, ils se taisaient.
    Presque tous, ils baissaient le front de honte. Ils se cachaient les yeux derrière les mains. Ils couraient se prosterner au Temple pour se faire pardonner.
    C’était un jour de fin d’été, un jour de chaleur où les hirondelles ne volent qu’à l’approche du crépuscule, pourtant un vent glacial soufflait dans les rues de Jérusalem.
    Et s’il est des époux et des pères qui voulurent défendre ceux qu’ils aimaient, ceux-là, on les battit pour qu’ils se taisent et que leur honte monte avec le sang des coups.
    Les épouses, les fiancées, les veuves, les fils et les filles, on les poussa vers les murs de l’enceinte. Rue par rue, avec des bâtons on les poussa.
    Deux jours durant.
    D’abord, des cris sans fin s’élevèrent. Puis ils firent place à la résignation.
    Les unes empruntaient une direction, les autres partaient dans le sens opposé. Aucune ne savait où aller. Elles s’inquiétaient de leurs maigres balluchons, des enfants agrippés à leur tunique, des plus grands qui portaient les bébés.
    À la porte des Eaux, où nous avions formé un tapis de fleurs humaines quelques jours plus tôt, s’écoulait le sang noir et puant de la honte.
    Et nous, les fils et les filles d’Israël, nous étions sur les murs à les regarder s’éloigner. Dans l’effroi, incrédules.
    La douleur n’était pas encore là. Seulement la stupéfaction.
    Ainsi l’impureté s’écoulait loin de nous et Yhwh allait être satisfait ?
    Vers le soir du deuxième jour, quelques garçons et filles revinrent en courant sur la route de Jéricho. Ils couraient vers Jérusalem en criant le nom de leurs pères. Des enfants de huit ans, de dix ou douze ans. Parfois plus. Une centaine d’enfants, filles et garçons. Courant vers les portes de la ville sur la route blanche de poussière.
    Alors, sur les murs de Jérusalem, des mains ont ramassé des pierres. Des mains ont levé ces pierres et les ont jetées.
    C’est bien ce que j’écris : ils ont lapidé ces enfants, jusqu’à ce qu’ils tombent ou s’en retournent. Jusqu’à ce que les mères les agrippent et les entraînent loin de nous.
    Alors, j’ai su que je ne pouvais pas rester. C’en était fini de Lilah, sœur d’Ezra.
     
    *
    * *
     
    À mon frère j’ai demandé :
    — Comment peux-tu ordonner une horreur pareille ? Ne vois-tu pas celles qui sont sur les routes ? Ne les entends-tu pas ?
    Il m’a répondu que lui n’ordonnait rien, que
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