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la Bible au Féminin 03 Lilah

la Bible au Féminin 03 Lilah

Titel: la Bible au Féminin 03 Lilah
Autoren: Halter,Marek
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Prologue
    Antinoès est de retour.
    Mon cœur tremble.
    Ma main tremble. Je serre fort le calame entre mes doigts pour que l’encre de camphre dépose des mots lisibles sur le papyrus.
    Antinoès mon bien-aimé est de retour !
    Hier soir, la tunique et les sandales empoussiérées, un messager a apporté une tablette de cire.
    J’ai reconnu dans l’instant l’écriture de mon aimé.
    La nuit a été sans sommeil. Me tournant et me retournant sur ma couche, je serrais la tablette contre ma poitrine comme si les mots pouvaient passer dans ma chair.
    Lilah ma douce, mon amante, dans trois jours et trois nuits, je te reviens. Compte les ombres du soleil. Je te reviens plus noble, plus victorieux ! Et cependant, tant que je ne te tiendrai pas dans mes bras, tant que mes lèvres ne se seront pas rassasiées du parfum de ta chair, je n’aurai, de ces deux années de séparation, rien accompli.
    Mon cœur bat plus qu’avant un combat. Bientôt, par la volonté de ton Dieu du ciel et celle du puissant Ahura-Mazdâ, le dieu des Perses, nous serons enfin mari et femme.
    Toute la nuit mon cœur a bu les mots d’Antinoès.
    Si je ferme les yeux, je les lis au-dedans de moi. Si je veux les oublier, j’entends la voix de mon aimé qui les chuchote à mon oreille.
    C’est ma folie. Et si je tremble, c’est aussi de crainte.
    Ce devrait être l’heure de la paix. La nuit s’éloigne. Tout est silencieux dans la maison. Les servantes ne sont pas levées, les feux ne fument pas encore. La lumière de l’aube est aussi blanche que le lait qui dissimule, dit-on, les poisons de mort dans les festins du Roi des rois.
    Mari et femme, c’était notre promesse. Antinoès et Lilah !
    Promesse d’enfant, promesse d’amant !
    Je me souviens du temps où nous étions comme les doigts d’une seule main. Antinoès, Ezra et Lilah. Quand on voyait l’un, on voyait les autres. Garçons et fille ensemble. Fils de puissant coutumier des repas du Grand Roi ou enfants juifs de l’exil, peu importait.
    Les toits de Suse-la-Ville résonnaient de nos rires. Quand notre mère nous appelait, nous n’entendions qu’un seul cri : Antinoès, Ezra et Lilah !
    Puis la voix de ma mère s’est tue.
    La voix de mon père s’est tue.
    La maladie tuait dans Suse-la-Ville. Elle tuait dans les champs le long de la Chaour, elle tuait jusqu’à Babylone. Les pauvres et les riches, ceux de Perse comme ceux de Sion, de Lydie ou de Médie.
    Je me souviens de ce jour où Ezra et moi, le corps à sec de larmes, nous nous sommes tenus devant le visage de notre mère et de notre père que la mort venait d’endormir.
    Nos mains étaient soudées à celles d’Antinoès. Notre peine était la sienne. Nous nous tenions fermement, trois devenus un, ainsi qu’un animal bizarre dont les membres ne pouvaient plus être désassemblés.
    Je me souviens de ce jour d’été brûlant où Antinoès nous conduisit dans sa magnifique demeure. À son père, il déclara :
    — Mon père, voici ma sœur Lilah, voici mon frère Ezra. Ce qu’ils mangent, je le mange. Ce qu’ils rêvent, je le rêve. Mon père, accepte-les dans notre maison aussi souvent qu’ils voudront y venir. Si tu le refuses, sache que je n’aurai alors plus d’autre toit que celui de leur oncle Mardochée qui les a recueillis, car ils n’ont plus ni père ni mère.
    Le père d’Antinoès rit tout son saoul. Il appela les servantes pour qu’elles apportent des fruits et du lait de vache. Le ventre rebondi, nous nous sommes précipités dans les grands bassins de la maison pour nous y rafraîchir. Les enfants n’ont de gourmandise que pour les bonheurs !
    Plus tard, dans les jours redevenus légers, Ezra s’écriait : « Mon frère Antinoès ! » Antinoès répondait : « Mon frère Ezra ! » L’un et l’autre se forgeaient les mêmes glaives, les mêmes arcs, les mêmes javelots dans l’atelier de l’oncle Mardochée.
    Ô, Yhwh, pourquoi cessons-nous d’être des enfants ?
     
    Je me souviens du jour où les jeux ont cessé, où les rires ont tremblé sous les caresses.
    Antinoès, Ezra et Lilah. Hommes et femme. Une ombre nouvelle dans les yeux, un silence nouveau sur les lèvres. La beauté des nuits sur les toits de Suse, la beauté des étreintes, le plaisir des corps qui s’enflamment comme l’huile de lampe trop longtemps chauffée.
    Trois devenus un, c’en était fini. Lilah et Antinoès. Lilah et Ezra. Antinoès et Ezra. Amant et amante, frère et sœur,
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