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la Bible au Féminin 03 Lilah

la Bible au Féminin 03 Lilah

Titel: la Bible au Féminin 03 Lilah
Autoren: Halter,Marek
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cette injustice pèsera sur l’homme jusqu’à la nuit des temps.

Épilogue
    Un peu plus d’une année après que les épouses étrangères furent repoussées hors de Jérusalem, un habitant vint trouver Ezra devant le Temple. C’était après l’offrande du soir.
    Il lui dit :
    — J’ai appris que ta sœur Lilah est morte hier.
    Ezra se raidit, comme s’il lui fallait raviver un souvenir éteint depuis longtemps pour comprendre les paroles de l’homme.
    Puis il demanda où elle était morte et quand il obtint la réponse, il remercia le messager et retourna à sa tâche. En ce temps-là, elle était lourde, car il établissait, un à un, les noms et les responsabilités des prêtres, des lévites, des portiers du Temple, de ceux qui sonnent la trompe et encore d’autres, dans l’ordre des pères et des princes depuis le règne de David et de Salomon.
    Mais au matin suivant, avant l’aube, il réveilla dix jeunes dévots.
    — Venez avec moi. Ma sœur est morte près de la mer de l’Araba. Elle n’était plus une femme de Jérusalem, mais elle était ma sœur. Il est de mon devoir qu’elle soit enterrée selon la Loi. Et si je n’y vais pas, qui ira ?
    Ils prirent des mules et traversèrent la ville silencieuse. En trottant pour gagner du temps et être de retour avant le soir, ils empruntèrent le chemin de Béthanie et filèrent en direction des plateaux de cendres rouges, de sel et de cailloux qui surplombaient une vaste vallée désolée entourant la mer de l’Araba.
    En s’approchant du rebord du plateau, Ezra perçut un étrange bourdonnement. Comme si des milliers et des milliers d’abeilles s’agitaient sur un champ de fleurs.
    Il fronça les sourcils, inquiet. Songeant que Yhwh s’apprêtait peut-être à lui montrer quelque chose d’inouï.
    Ce qu’il vit quand il aborda le chemin qui descendait vers la plaine, ce qui lui ouvrit les yeux et la bouche en grand, c’est un tapis de fleurs humaines, de toutes les couleurs, comme celui qu’il avait découvert, un jour lointain, devant la porte des Eaux à Jérusalem.
    Ils étaient là, par milliers. Non seulement les épouses répudiées et leurs enfants, mais ceux de la ville. Ils étaient tous là, chantant d’une même voix pour enterrer Lilah, sa sœur, dans la poussière.
    Une infinité d’hommes et de femmes, d’enfants et de vieillards qui, en chœur, et sans attendre la permission d’Ezra, chantait les mots d’Isaïe que Lilah aimait tant :
     
    Voici que je libère pour elle
    une rivière de paix,
    un fleuve en crue,
    tout le poids des nations
     
    Les compagnons d’Ezra, surpris, s’immobilisèrent.
    Il s’avança seul sur le chemin, le visage impassible. Puis il s’immobilisa à son tour.
    Ses mains tremblèrent. De la foule assemblée montait vers lui le souffle trépidant du chant d’Isaïe. Un instant, il lui sembla que les mots frappaient ses joues durcies par les jeûnes, le soleil et le vent du désert. Son regard vacilla sur l’immensité humaine.
    Dans les chants, si puissants qu’ils faisaient vibrer les pierres de la falaise derrière lui, il perçut la voix de Lilah. Il entendit son rire. Et les explosions de sa colère.
    Il la vit poser ses paumes sur les siennes comme elle le faisait autrefois à Suse, il y avait longtemps, très longtemps, quand ils étaient tous les trois ensemble : Antinoès, Ezra et Lilah.
    Il saisit un chuchotement à son oreille : « Tu es Ezra, mon frère bien-aimé. Va, reconduis ton peuple à Jérusalem ! Remonte les murs du Temple ! » Et il se surprit à répondre : « Lilah ! As-tu l’ambition de m’enseigner la sagesse ? »
    Des larmes encore jamais versées coulèrent sur ses joues. Son corps fatigué s’affaissa de honte. Sans qu’il s’en rendît compte il se mit à courir vers la foule. Comme elle, comme les milliers, comme les femmes chassées de Jérusalem, il chanta la promesse d’Isaïe.
     
    Vous téterez, portés sur la hanche, vous vous agiterez sur les genoux,
    Comme une mère console un homme, je vous consolerai…
     
    Personne ne lui prêta attention.
     
    FIN

Remerciements
    Ce livre n’aurait pas vu le jour sans le concours et l’amitié de : Nicole Lattes, Nathalie Théry, Susanna Lea, Clara Halter, Olivia Cattan, Cristina Canet, et Leonello Brandolini.
    Qu’ils en soient remerciés.
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