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la Bible au Féminin 03 Lilah

la Bible au Féminin 03 Lilah

Titel: la Bible au Féminin 03 Lilah
Autoren: Halter,Marek
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fureur et jalousie.
    Je me souviens, ma mémoire roule son tumulte comme la Chaour roule ses eaux sombres à la saison des pluies.
    Les servantes sont debout maintenant. Les feux s’allument. Bientôt, il y aura des rires et des appels. Ce pourrait être un beau jour, piquant d’espoir et de promesses.
    Tandis que j’écris, mon visage se reflète dans le miroir d’argent au-dessus de l’écritoire. Antinoès dit qu’il est beau. Que ma jeunesse est un parfum de printemps.
    Antinoès m’aime et me désire, et il aime les mots qui disent son amour et son désir.
    Moi, je ne vois dans le miroir qu’un front plissé et des yeux inquiets. Est-ce ce visage, cette beauté soucieuse et triste qui vont accueillir mon bien-aimé à son retour ?
    Ô Yhwh, écoute la plainte de Lilah, fille de Serayah et d’Achazya, moi qui n’ai d’autre Dieu que celui de mon père.
    Antinoès n’est pas fils d’Israël, mais il est fidèle à sa promesse. Il me veut pour lui seul, comme un époux doit vouloir son épouse.
    Ezra me dira : « Ah, voilà, tu m’abandonnes ! »
    Yhwh, n’est-ce pas Ta volonté que l’enfance quitte nos corps ? Que nous devenions hommes et femmes, chacun avec son souffle, sa force et le bonheur de ses sens ? N’est-ce pas Ta volonté que la caresse de l’homme ravisse la femme ? N’est-ce pas Ta Loi que la sœur trouve d’autres yeux à aimer que ceux de son frère, qu’elle écoute et admire une autre bouche que celle de son frère ? N’est-ce pas Ton enseignement que la femme choisisse un époux selon son cœur ainsi que l’ont fait Sarah, Rachel et Tsippora, épouses d’Abraham, de Jacob et de Moïse ?
    Que je sois fidèle à l’un ou fidèle à l’autre, la douleur de l’un ou de l’autre sera aussi violente.
    Pourquoi dois-je engendrer la douleur puisque dans mon cœur le frère et l’amant tiennent la même place ?
    Ô Yhwh, Dieu du ciel, Dieu de mon père, donne-moi la force de trouver les mots qui apaiseront Ezra ! Donne-lui la force de les entendre.

Première partie
Frères et sœur

Les toits de Suse
    Dans son message, Antinoès n’avait pas précisé le lieu de leur rencontre. C’était inutile.
    À l’approche du sommet de la tour, le cœur de Lilah se mit à battre de plus en plus fort. Elle s’arrêta, la main sur son ventre, cherchant son souffle, fermant les paupières.
    L’escalier étroit et obscur n’y était pour rien. Son corps en avait retrouvé l’élan sans effort. Elle en avait tant de fois escaladé les marches de brique que ses pieds y retrouvaient leur place naturellement. Non. Ce qui lui coupait le souffle, c’était de savoir qu’Antinoès pouvait être là-haut, sur la terrasse, à l’attendre.
    Dans un instant, elle allait revoir son visage. Entendre sa voix. Retrouver la douceur de ses yeux et de sa peau.
    Avait-il changé ? Un peu ? Beaucoup ?
    Elle avait souvent entendu les plaintes des femmes assurant que leurs hommes revenaient des batailles comme des étrangers. Leurs corps n’avaient pas besoin de blessures pour que leurs esprits deviennent plus durs, plus indifférents.
    Mais elle n’avait rien à redouter. Les mots du message d’Antinoès disaient assez que celui qui les avait écrits n’avait en rien changé.
    Elle replaça la fibule d’or et d’argent qui retenait son voile à la belle étoffe de sa tunique, rajusta sa ceinture incrustée de nacre. Ses bracelets s’entrechoquèrent. Leur cliquetis résonna comme des clochettes contre le mur borgne de la tour.
    Légère, le sourire aux lèvres, Lilah gravit la dernière volée de marches. La porte de la terrasse était ouverte. Le soleil couchant l’éblouit. Elle se protégea les yeux de la main.
    Personne.
    Elle pivota sur elle-même, balayant d’un regard la petite terrasse.
    Aucune bouche ne prononça son nom.
    Aucun cri d’impatience ne la salua.
    La déception lui pinça le cœur.
    Puis un sourire l’apaisa. Elle se comportait comme une enfant.
    Sous le dais qui abritait la majeure partie de la terrasse, d’épais coussins entouraient une table basse surchargée de coupes de fruits, de gâteaux, de cruches d’eau fraîche et de bière. Un grand vase de céramique rouge contenait un énorme bouquet de roses pâles et de lilas d’Orient, ses fleurs préférées.
    Sa déception s’effaçait. Non, Antinoès n’avait rien oublié. La guerre et les batailles ne l’avaient pas changé.
    Pour leur première nuit d’amour, il avait recouvert leur couche
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