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la Bible au Féminin 03 Lilah

la Bible au Féminin 03 Lilah

Titel: la Bible au Féminin 03 Lilah
Autoren: Halter,Marek
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puissent mieux s’étreindre. Le rire fut emporté par les baisers. Les baisers furent emportés par l’impatience.
    Un long moment, la terrasse tout autour d’eux sembla contenir le monde en entier. Suse-la-Ville avait disparu. Le temps et les épreuves s’étaient évanouis. Seul le ciel profond et translucide du crépuscule mourant demeura avec eux.
    Ils eurent, en se mettant nus, la maladresse des amants longtemps séparés. Puis le temps, les souvenirs, les impatiences et les craintes s’effacèrent à leur tour.
    Ils furent à nouveau Antinoès et Lilah.
     
    *
    * *
     
    Le silence de la nuit piquetée d’étoiles pesait sur la ville lorsque, à bout de souffle, ils dénouèrent leurs membres.
    Çà et là, des torches illuminaient les cours des belles maisons. Dans de larges coupelles, des flammes de naphte dansaient sur les murs de la Citadelle, dessinant, comme chaque nuit, un diadème royal suspendu dans l’obscurité.
    Antinoès repoussa les bras de Lilah et quitta les coussins. À tâtons, il trouva un petit coffre en bois de pommier contenant un briquet de silex et une mèche d’amadou. Un instant plus tard, la poix d’une torche s’enflammait en crépitant.
    Lilah découvrit le corps qu’elle venait d’accueillir contre elle dans l’obscurité. La taille d’Antinoès était plus mince, ses fesses hautes creusaient deux fossettes au creux des reins. Durant ces années où la guerre contre les Grecs et le frère du Roi des rois l’avait tenu loin d’elle, il s’était endurci.
    Quand il se retourna, fichant la torche dans les briques du parapet, près de la table encore recouverte de nourriture, elle découvrit la cicatrice.
    — Ta cuisse !
    Antinoès sourit avec une pointe de fierté.
    — Le glaive d’un Lydien à Krakhémish. C’était mon septième combat en mêlées. Je manquais d’expérience. Il était au sol, je ne me suis pas méfié.
    Les doigts de Lilah suivirent les méandres de la ligne claire qui creusait un léger sillon dans la cuisse dure d’Antinoès.
    Il s’inclina, lui saisit les doigts pour les renouer aux siens.
    — Ce n’est rien. En une lune la plaie s’est refermée. Depuis, je n’ai combattu qu’en char. Sur un char, l’ennemi ne vise plus les jambes, mais le cœur ou la tête. Tu vois, j’ai encore l’un et l’autre.
    Lilah se laissa aller à la renverse, les yeux perdus dans le ciel.
    — Combien de fois, murmura-t-elle, quand la nuit et les étoiles arrivaient, j’ai pensé à ça. Tu étais loin de moi et pourtant sous ces mêmes étoiles. Et cette nuit te voyait mourir. Ou tu souffrais, tu voulais me voir et je l’ignorais. Un javelot qui te transperce et la tablette de cire qui me l’annonce et me transperce à mon tour.
    Antinoès rit de nouveau.
    — C’était impossible. Les Grecs et les mercenaires de Cyrus le Jeune ont appris à me craindre.
    Il s’agenouilla en gardant un peu de distance. Il devint sérieux, observa Lilah en silence.
    — Je connais chaque parcelle de ton visage, chuchota-t-il en fermant les paupières. Moi, c’est à cela que je pensais. À tes yeux si noirs que je peux m’y refléter dans la lumière du jour, à tes cils, tes sourcils droits et longs, si fins qu’ils font songer à un trait de fumée. Ton front haut et buté de petit taureau, tes joues qui rougissent sous la colère autant que sous mes lèvres. Je connais chaque ligne de ta bouche. Je les ai dessinées cent fois dans le sable. Celle du dessus est plus longue et plus ourlée que l’autre. Une bouche si douce, si vivante que l’on sait toujours ce que tu penses.
    Les paupières toujours closes, avec un léger tremblement il avança la main. Ses doigts suivirent la courbe d’un sein, glissèrent sur le ventre. Sa caresse se prolongea dans la chevelure dénouée de Lilah qui atteignait ses hanches.
    — En deux années, j’ai vu bien des femmes, reprit-il en rouvrant les yeux. Les belles de Cilicie ou du Nord de l’Euphrate. Les épouses des grands guerriers de Lydie… Plus elles étaient belles, plus elles me faisaient penser à toi. Plus elles étaient sottes, ou seulement désinvoltes et aguicheuses, plus je songeais à toi. Et quand il m’arrivait d’en croiser une qui puisse se comparer à toi, je lui en voulais de n’être pas toi.
    Doucement, il la caressait comme s’il réinventait son corps de ses doigts, en imprégnait sa paume de chaque courbe, de chaque grain de chair.
    — Au combat, tu étais avec moi. Les flèches
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