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la Bible au Féminin 03 Lilah

la Bible au Féminin 03 Lilah

Titel: la Bible au Féminin 03 Lilah
Autoren: Halter,Marek
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n’aura plus jamais besoin de l’avis de sa sœur.
    — Tu vois que tu ne l’aimes pas ! Cela fait longtemps que je m’en doutais. Dans le désert, tu ne l’aimais pas. Quand nous sommes arrivés à Jérusalem, tu ne l’aimais pas. Plus il est devenu grand, plus tu l’as détesté.
    À quoi bon protester ? Je lui ai dit :
    — Ces femmes et ces enfants qui sont là, dehors, qui ne savent plus où se réfugier sinon dans leur douleur, toi, tu veux les abandonner ?
    — Ezra l’a répété : c’est la Loi.
    — Mais pas la tienne, Axatria ! Tu es une fille du Zagros. Une étrangère tout autant qu’elles !
    — Ah ! cela te plaît de me le rappeler ! Voilà un autre de tes mépris. Celui-là, je sais que tu l’as toujours éprouvé ! Ezra, lui, ne me l’a jamais fait sentir. Et si la Loi de Yhwh n’est pas celle de mon peuple, Ezra, lui, est ma loi.
    — Axatria, tu déraisonnes ! Ne vois-tu pas qu’Ezra n’a jamais posé un regard d’affection et encore moins d’amour sur toi ? Que tu n’es et ne seras jamais que sa servante, ne le sais-tu pas ? Ne comprends-tu pas qu’en demeurant dans Jérusalem tu piétines ta vie et ta dignité ? Tu serviras Ezra jusqu’à ce qu’il te rejette, car viendra le jour où même ses servantes ne pourront pas être étrangères. Ne comprends-tu pas qu’en demeurant dans Jérusalem avec Ezra tu ne connaîtras jamais l’amour, n’auras jamais d’époux, jamais d’enfants ?
    En réponse, elle m’a giflée.
    Elle m’a poussée hors de la maison en hurlant que la jalousie s’exprimait par ma bouche.
    Avec la fureur de ceux chez qui la vengeance, la peine et l’horreur de ce qu’ils sont devenus ont trop longtemps fermenté, elle a jeté mon peu de biens hors de cette maison qui, un temps, avait été la mienne.
    Et voilà. Je suis une répudiée, comme les autres.
     
    *
    * *
     
    Mais je n’ai pas quitté Jérusalem comme les autres.
    Pendant que je me disputais avec Axatria, Sogdiam s’était débrouillé pour faire savoir dans toutes les maisons amies que je partais.
    De sa démarche claudicante il a couru d’une porte à l’autre.
    — Lilah s’en va rejoindre les femmes et les enfants du dehors. Et moi je vais avec elle !
    Ce fut comme une huile qui attend la flamme. La tristesse et la honte qui macéraient dans les cœurs depuis le jour de la lapidation s’embrasèrent.
    En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, vingt chariots furent remplis et autant de mules furent attelées pour les tirer. Les anciens époux donnaient des tentes, des draps et des piquets… Ils donnaient en pleurant et, s’ils avaient pu, ils auraient offert leurs larmes en guise de vin doux.
    Les épouses juives donnaient et donnaient.
    Les enfants proposaient leurs vêtements et leurs jouets en souvenir de ceux qui avaient été leurs compagnons de jeux.
    Il y eut deux hommes qui donnèrent plus encore : eux-mêmes. Que leurs noms ici soient écrits et que Yhwh, s’il le veut, les bénisse.
    C’étaient Yahezya et Jonathan.
    Car quand les chariots furent alignés à l’extérieur de Jérusalem, il fut bien évident que j’aurais du mal à les conduire avec Sogdiam pour seul soutien. Alors Yahezya a dit :
    — Je t’accompagne. De toute façon, ici, dans Jérusalem, je n’arriverai pas à vivre et à travailler dans ma menuiserie en pensant à vous toutes.
    Jonathan a ajouté, les yeux noyés de larmes.
    — Mon épouse est là-bas, je ne sais où. Elle a le ventre gros de trois mois. Il m’est impossible de ne plus la voir. Impossible d’ignorer si mon enfant est une fille ou un garçon. Je te suis, Lilah.
    Il s’est tourné vers les dizaines d’autres qui étaient comme lui. Il leur a crié :
    — Vous aussi, suivez-nous !
    Ils ont baissé le front et ont pleuré.
    Mais pendant les jours suivants, beaucoup sont venus dans la campagne apporter de la nourriture et embrasser leurs anciennes épouses et leurs enfants.
    Puis Ezra a décrété que cela était interdit. Ni vêtements, ni nourritures, ni chariots. Car ce qui était dans Jérusalem était le fruit du peuple de Yhwh, et ce fruit ne pouvait devenir nourriture et semence pour les étrangères.
     
    *
    * *
     
    D’abord, il nous a fallu rassembler les unes et les autres, agrippées à leurs enfants et éparpillées sur la terre de Judée.
    Certaines étaient déjà allées frapper à la porte de leurs pères et de leurs frères. Maintenant, elles pleuraient sur leur sort en
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