Indomptable

Son
    couteau trancha facilement la viande dure.
    — Et toi, berger ? demanda Eadith. As-tu vu des
    cavaliers ?
    — Non, maîtresse. Mes troupeaux se trouvent à l’est.
    Eadith marmonna un juron et se tourna vers le garde
    qui l’ignora.
    Le berger s’éloigna vers l’arrière du campement. Quand
    il passa près de Meg, il laissa tomber le morceau de viande.
    Lorsqu’il se baissa pour le ramasser, il parla d’une voix qui
    ne pouvait porter plus loin que Meg.
    — Le Sabre viendra à la tombée de la nuit.
    Meg écarquilla les yeux alors qu’elle observait les che-
    veux clairs et les yeux pâles de l’étrange berger.
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    ELIZABETH LOWELL
    — Il ne viendra pas , dit-elle doucement.
    — Soyez prête, madame.
    Sven sourit faiblement, jeta le morceau de viande et
    s’éloigna de nouveau vers la porte arrière. Comme il l’avait
    espéré, le chevalier « rebelle » de Duncan était assis non
    loin, aiguisant la lame d’une énorme hache de guerre.
    — Le crépuscule, dit Sven tout bas en passant devant
    lui.
    Le grincement de la pierre sur le métal s’interrompit
    juste assez longtemps pour faire comprendre à Sven que le
    chevalier l’avait entendu.
    — Garde ! appela Eadith quelques minutes plus tard.
    — Personne ne vient, d’aussi loin que je puisse voir,
    répondit l’homme d’un ton las.
    Cette question avait été posée, et on y avait répondu de
    nombreuses fois durant l’après-midi.
    La nuit tomba sur le camp comme un manteau. Même si
    la lune ne s’était pas encore levée, sa lueur argentée brillait
    juste au-dessus de l’horizon à l’ouest. Rufus essuya son cou-
    teau sur sa manche et regarda Meg d’une façon qui en disait
    long sur ses desseins.
    Le chevalier de Duncan se leva d’un air nonchalant,
    soulevant la hache comme pour vérifier son équilibre. Il
    commença à balancer l’arme d’une seule main au-dessus de
    sa tête, faisant siffler l’air au passage rapide de la hache. Ce
    n’était pas la première fois qu’il faisait des exercices avec la
    hache depuis qu’il avait rejoint les mercenaires. Cependant,
    cela ne manquait jamais d’intriguer les hommes mal
    entraînés.
    Le jeu du chevalier expérimenté avec la hache fut la dis-
    traction dont avait besoin Sven et bien plus que ce qu’il
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    INDOMPTABLE
    aurait pu espérer. Il rejoignit la porte arrière comme pour
    aller se soulager. Lorsqu’il dépassa le garde, la lame d’un
    couteau étincela, et le garde s’affaissa. Sven l’appuya contre
    la palissade et l’enroula dans son manteau comme s’il était
    en train de dormir.
    Quelques frottements rapides sur la terre essuyèrent la
    lame du couteau. Sven replaça l’arme dans son fourreau et
    attendit, sachant que la bataille allait bientôt commencer.
    Soudain, le garde à l’avant du camp se mit à crier et
    tendit la main en direction de la route carrossable.
    — Ils arrivent ! Deux chevaliers. Un est habillé en noir.
    Que Dieu me rende aveugle s’il ne s’agit pas du bâtard
    normand !
    — Ont-ils le trésor avec eux ? demanda Eadith.
    — Oui ! Leurs bêtes de somme vacillent sous leurs
    charges.
    Un cri rauque émana du camp. Des hommes se bouscu-
    lèrent les uns les autres dans leur empressement d’aperce-
    voir en premier les richesses qui seraient bientôt les leurs.
    Personne ne remarqua Sven déverrouiller calmement la
    porte arrière, l’entrebâiller légèrement et, ensuite, aller rapi-
    dement se tenir auprès de Meg.
    — Bientôt, madame, dit-il tout bas.
    Meg était trop ébahie pour pouvoir répondre. Tandis
    qu’elle jetait un coup d’œil, elle vit Dominic entrer discrète-
    ment par la porte de derrière. Dans l’obscurité qui s’intensi-
    fiait lentement, il paraissait lui-même faire partie de la nuit.
    Son épée dégainée ainsi que l’ancienne broche argent étin-
    celèrent lorsqu’il pivota, englobant le camp d’un seul regard.
    Derrière lui, Simon et Duncan prirent forme dans le cré-
    puscule, leurs épées tirées, mais Meg ne voyait que le Loup
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    ELIZABETH LOWELL
    des Druides de la Vallée qui brillait férocement sur l’épaule de
    Dominic. Des frissons la parcoururent lorsqu’elle comprit
    que la malédiction de son peuple avait finalement pris fin.
    Plus aucune jeune fille Druide de la Vallée ne sentirait le
    poids de l’espoir de son peuple sur ses épaules.
    « Un Loup Druide de la Vallée était né, mais ce n’était
    pas une Druide de la Vallée qui lui avait donné