Indomptable

parler.
    — Notre cœur a été volé.
    Un bruit sourd s’éleva de la foule.
    — Si elle ne nous est pas rendue en vie et souriante, dit
    Dominic, le Nord connaîtra une telle tourmente qu’elle ne
    sera jamais oubliée.
    Le bruit se mua en grondement, comme s’il émanait
    d’une bête que l’on venait de réveiller.
    — Je poursuivrai les mercenaires et leurs familles les
    uns après les autres, et je les tuerai sur-le-champ, homme,
    femme et enfant.
    Le bruit ondula sombrement, une bête cherchant sa
    proie, déchaînée.
    — Je brûlerai leurs maisons, détruirai leurs réserves et
    empoisonnerai leurs puits.
    — J’abattrai leurs clôtures de pierre, massacrerai leur
    gibier et mettrai du sel sur leurs champs jusqu’à ce que plus
    rien ne puisse y pousser.
    501
    ELIZABETH LOWELL
    — Enfin, je laisserai ces terres maudites aux fantômes
    païens que j’aurai créés !
    Un cri sauvage d’assentiment résonna dans la cour.
    Lentement, Gwyn l’Ancienne grimpa la dernière marche
    et se tint devant le seigneur du château de Blackthorne,
    voyant pour la première fois ce que les vassaux avaient déjà
    pu remarquer.
    De ses yeux ombragés par un heaume de guerre, cou-
    laient autant de larmes que le nombre de pièces d’argent
    entassées dans le bol.
    — J’ai attendu ce jour pendant mille ans, dit Gwyn.
    Avec des gestes rapides et assurés, Gwyn accrocha une
    lourde broche en argent au manteau noir de combat de
    Dominic. Lorsqu’elle se recula, un rayon de soleil frappa la
    broche ancienne, faisant chatoyer de mille feux la tête
    argentée du loup. Les yeux en cristal pur étincelèrent et
    brillèrent comme s’ils étaient animés.
    Les vassaux poussèrent un grand cri lorsqu’ils saluèrent
    le Loup des Druides de la Vallée.
    À l’aube, des chevaliers chevauchant des destriers quittè-
    rent le château de Blackthorne au galop, en route vers le
    nord. Les armes en acier brillaient et cliquetaient à chaque
    mouvement que faisaient les chevaux de guerre. Derrière
    eux, le pont-levis fut relevé, et les portes furent
    verrouillées.
    Le Loup des Druides de la Vallée était parti à la guerre.
    502
    c 28
    — Non, dit catégoriquement Dominic à Duncan. On vous
    reconnaîtrait, et vous seriez d’emblée abattu. N’en
    parlez plus. Si vous n’aviez pas de valeur pour moi vivant, je
    vous aurais déjà tué deux fois à ce jour.
    Duncan et ses chevaliers avaient trouvé Dominic en
    milieu d’après-midi sur la route carrossable en direction du
    nord. Le Fléau Écossais et le Loup des Druides de la Vallée
    débattaient depuis lors. Duncan leva les yeux vers les bran-
    ches du chêne au-dessus de lui comme s’il s’attendait à
    trouver de l’aide dans les délicates flammes vertes qui brû-
    laient à chaque extrémité de chaque petite branche.
    — S’il n’y a personne au sein du camp au moment où
    nous attaquerons, dit Duncan entre ses dents, Meggie pour-
    rait très bien être tuée avant que mon chevalier rebelle ne
    puisse l’empêcher.
    — Pensez-vous que je ne le sache pas ? lui renvoya
    Dominic. C’est pour cette raison que je franchirai la clôture
    dès qu’il fera nuit. J’arriverai à me faufiler discrètement…
    — Bon sang !
    Duncan et Simon explosèrent en même temps.
    — Tu ne peux pas faire ça, poursuivit sèchement Simon.
    Ta taille à elle seule te dénoncerait !
    — Sans mentionner la grande broche en argent étince-
    lante que vous portez sur votre manteau, marmonna
    Duncan.
    ELIZABETH LOWELL
    Il jeta un coup d’œil méfiant à la tête de loup comme s’il
    s’attendait à ce que son grognement silencieux ne se trans-
    forme, à tout moment, en un véritable loup.
    — Monsieur, dit calmement Sven. Je vais y aller. Il s’agit
    là du genre de travail que je préfère.
    — À présent, ils doivent avoir remarqué votre absence,
    dit impatiemment Dominic. Qu’allez-vous leur dire quand
    ils vous demanderont où vous étiez ?
    — Je leur dirai que j’étais inquiet au sujet de mon
    troupeau.
    Dominic grogna.
    — Cela ne me convaincrait pas.
    — Rufus n’est pas vous.
    Un juron explosif fut la seule réponse de Dominic.
    — Votre lady est enchaînée à un arbre, dit Sven. Elle
    n’aura aucune chance de trouver un endroit pour se mettre
    à l’abri lorsque nous attaquerons. Quelqu’un doit être pré-
    sent pour la protéger.
    — Je ne peux vous demander de faire quoi que ce soit
    de dangereux.
    Le sourire de Sven était à la fois