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Hitler m'a dit

Hitler m'a dit

Titel: Hitler m'a dit
Autoren: Hermann Rauschning
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le moyen de mettre Hitler en difficulté sans mettre en danger l’Allemagne. Dans l’opposition conservatrice, le vent tourna plus d’une fois au découragement. Comme Goethe parlant de Napoléon, on disait : « Cet homme est trop grand. » Il ne restait donc plus qu’une chose à faire : laisser à Hitler, et à lui seul, l’entière responsabilité des catastrophes inévitables : la guerre, la défaite et la destruction du Reich. Hitler essaiera de se décharger de cette responsabilité.
    Il voudra la faire retomber sur le parti entier. Il voudra la faire partager à ses conseillers et surtout il voudra en charger les chefs militaires. Alors on verra qu’à l’exception de quelques-uns de ces éternels « Cadets » qui n’ont jamais appris à penser, aucun des chefs de l’armée n’aura d’autre réponse que celle-ci : « Pardon, Monsieur Hitler ! Il s’agit de vos affaires. C’est vous qui nous avez mis dans le pétrin, c’est à vous de nous en sortir. » Telles sont du moins les prévisions de quelques-uns des chefs de l’armée. Mais les choses se passeront-elles vraiment ainsi ? La majorité de leurs collègues ne pensera-t-elle pas, comme Schacht, par exemple, ne cesse de le répéter, qu’il faut associer Hitler à la cause commune des Allemands, la chute de l’homme entraînant inévitablement la ruine du pays ? Le parti, lui, raisonne d’une manière moins subtile.
    La vieille garde a toujours eu ses idées propres sur Hitler. Elle ne l’a jamais pris tout à fait au sérieux. On aimait à cataloguer, dans ce milieu, les travers et ridicules d’ « Ahi » (Adolf Hitler). Lorsqu’il adjurait les vieilles fripouilles des S.S. avec des sanglots dans la voix, il y avait toujours au deuxième ou au troisième rang, des mauvaises têtes qui guettaient les effets de trémolo et ricanaient derrière leurs doigts. Même dans le cercle plus restreint de ceux qui croyaient avoir la foi et admiraient vraiment le Führer, tous n’étaient pas d’accord avec sa politique.
    Un personnage très important du parti, qui occupait une haute fonction dans une province voisine de Dantzig, me dit un jour : « Le Führer devrait sacrifier sa vie pour son parti, comme Jésus pour le salut du monde. Alors seulement le monde saurait qui il est. Il ne devrait pas trop attendre pour disparaître, pour se retirer dans la solitude. Personne ne devrait connaître sa retraite. Le mystère devrait être fait autour de lui. Il deviendrait une légende. La foule parlerait de lui à voix basse ; des rumeurs se répandraient sur des choses incroyables qui arriveraient bientôt. L’attente et le mystère de viendraient lancinants, insupportables. Et alors, Hitler réapparaîtrait brusquement, transfiguré, dans toute sa gloire. Il laisserait à d’autres la politique. Il serait au-dessus des choses vulgaires. Législateur et prophète, nouveau Moïse, il descendrait de la montagne sainte portant les Tables de la Loi. Mais quand il aurait dispensé ses dons suprêmes, il devrait disparaître pour toujours. On ne retrouverait jamais ses restes. Il survivrait pour la foule, comme Barberousse, dans un mystère perpétuel. »
    Ainsi rêvait ce pontife du national-socialisme. Il n’était pas le seul. D’autres s’exprimaient d’une manière plus primitive, mais dans le même sens : il fallait qu’Hitler abdiquât. Il devait se sacrifier. C’était le plus grand service qu’il ne pourrait jamais rendre à son parti. Certains milieux dirigeants exploitaient cet état d’esprit et même l’encourageaient. Le fidèle Rudolf Hess avait dit, depuis longtemps, que le nouvel État ne devrait pas être taillé à la mesure exceptionnelle du Führer, sinon il risquerait de disparaître avec lui, comme les créations de Frédéric II ou de Bismarck. » Des personnalités nouvelles, indépendantes, capables de servir plus tard d’écuyers à une Germanie remise en selle, ne peuvent s’affirmer dans l’ombre du Dictateur. C’est pourquoi il accomplira le plus grand acte de sa vie : il déposera le pouvoir et s’effacera comme le fidèle Eckhard.
    Prophétie suspecte, bien qu’elle ait été tout récemment répétée. Mais qui doit décider si le fidèle Eckhard doit s’effacer ? Hitler est-il vraiment disposé à se laisser convaincre ? Mais, disent les Gauleiter et les Reichsleiter, de même qu’il a existé, dans les ordres religieux de la chevalerie allemande, des chapitres qui destituaient
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