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Hitler m'a dit

Hitler m'a dit

Titel: Hitler m'a dit
Autoren: Hermann Rauschning
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mes adversaires n’en sont pas encore là ? Qu’ils ne s’indignent pas si je les trompe. Qu’ils s’en prennent à eux-mêmes de se laisser tromper. »
    Je lui dis que la ruse engendrait la ruse et que, tout compte fait, il serait prudent de prévoir que cette guerre nouvelle aurait ses revers comme ses succès.
    — « C’est possible, répliqua Hitler, mais j’aurai du moins l’avantage d’avoir pris les devants. Ma grande chance de réussite est que je suis le premier à voir les choses telles qu’elles sont, tandis que mes adversaires se font encore des illusions sur les forces dont l’Histoire est faite. »
    — « Vous reprenez en somme, lui dis-je, les enseignements de Machiavel. Mais l’histoire montre que la ruse, la tromperie, la trahison, la dissimulation, la flatterie et le meurtre, tous ces expédients de la politique machiavélique perdent assez vite leur efficacité. L’histoire des villes italiennes semble prouver qu’une telle politique ne saurait être de longue durée. »
    Hitler me répondit qu’il n’en demandait pas tant.
    Il lui suffisait d’ouvrir une brèche dans les murailles politiques qui enserraient l’Allemagne. « Du reste, mes adversaires devront m’être reconnaissants d’aller au devant de leur pacifisme, d’atteindre par des moyens non sanglants ce que d’autres, avant moi, ont conquis par les armes. Ne nous y trompons point. Nos adversaires ont perdu toute volonté de résistance. Chaque parole qui retentit dans leur camp trahit le désir de traiter avec nous. On nous le crie sur les toits. Toutes ces démocraties, toutes ces classes possédantes qui ne demandent qu’à abdiquer, seraient trop heureuses d’être débarrassées de leurs responsabilités et d’avoir la paix que je consens à leur garantir. Ce ne sont point là des hommes qui désirent le pouvoir, qui connaissent la soif et la volupté du pouvoir. Ils ne parlent que de devoirs et de responsabilités. Ils ne demandent qu’à cultiver leurs fleurs, à pêcher à la ligne et à passer leurs soirées au coin du feu, leur Bible à la main. »
    Je répondis qu’il y avait peut-être en France et en Angleterre, des hommes d’une autre trempe. Hitler s’impatienta :
    — « Nous, Monsieur, dit-il en scandant chaque mot, nous aspirons au pouvoir de toutes nos forces et de toutes nos fibres, nous tremblons d’impatience et de convoitise et nous le crions à tout le monde. Nous seuls sommes des fanatiques de la domination. La volonté de puissance n’est pas pour nous une simple phrase : c’est notre sang et notre vie. Nous vivons, oui, nous vivons ! » s’écria-t-il avec un accent de triomphe. « Alors laissons dormir les autres. Vous vous rappelez Fafner, le dragon Fafner ? Je dors, chante-t-il, et je possède ! Laissez-moi dormir ! » Hitler éclata de rire.
    — « Je ne reconnais, reprit-il, aucune loi morale en politique. La politique est un jeu qui admet toutes les ruses et dans lequel les règles changent continuellement suivant l’habileté des joueurs. » Il vint ensuite à parler de la déception des nationaux-allemands qui avaient certainement attendu de lui tout autre chose.
    — « Ce n’est pas ma faute s’il y a des gens qui me prennent pour un simple d’esprit et constatent ensuite que ce sont eux qui sont les sots. » Il s’étonnait qu’on lui reprochât d’être un dictateur. « On veut me faire passer pour un tyran altéré de sang. Le pouvoir prend évidemment ses racines dans la tyrannie. Il ne pourrait naître autrement. Si cette nécessité ne peut entrer dans la cervelle des Hugenberg ou de mes bons amis anglais, qu’ils patientent un peu. Ils s’habitueront au nouvel ordre des choses. Tout nouveau régime paraît tyrannique, parce qu’il heurte les habitudes. L’exercice du pouvoir et le maintien de l’ordre sont impossibles sans la contrainte. »
    Puis il aborda les reproches qu’on lui faisait sans cesse à cause de ses meilleurs collaborateurs : « On m’accuse toujours de m’entourer d’ambitieux et d’arrivistes. Quelle sottise ! Dois-je édifier mon Reich avec des bigotes ? Je ne puis supporter même le contact des hommes sans ambition. Je ne puis m’appuyer que sur celui dont la réussite personnelle est liée à ma cause, de telle sorte qu’il s’identifie complètement avec elle. Ceux qui ne se bornent pas à parler du patriotisme, mais qui en font, la raison même de tous leurs actes, sont tenus pour
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