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Hitler m'a dit

Hitler m'a dit

Titel: Hitler m'a dit
Autoren: Hermann Rauschning
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problème social ? La nouvelle organisation économique n’est-elle pas le seuil d’une ère nouvelle ? Mais il a créé bien d’autres choses : la nouvelle structure du Reich, la nouvelle stratégie, la politique de peuplement, l’art nouveau ! Y a-t-il un seul domaine de l’activité humaine dans lequel il n’ait pas apporté des idées révolutionnaires ? Il est plus grand que Frédéric, plus grand que Napoléon, plus grand que César !
    Voilà pour les sept dernières années. Dans les sept ans qui viennent, il mènera la grande lutte pour la victoire à l’extérieur et pour la forme définitive du grand empire germanique. Et puis, il rêve qu’un troisième septennat lui soit accordé pour accomplir sa tâche la plus haute : la prédication, l’annonciation de la foi nouvelle, la naissance de l’ère hitlérienne qui succédera à l’ère chrétienne pour des milliers d’années. Trois fois sept ans, les deux chiffres sacrés combinés, voilà le nombre mystique qui définit la courbe et l’aboutissement de sa carrière.
    Mais pendant qu’il pense à ses combats et à ses triomphes futurs, ses mains commencent à trembler. La seule pensée de la besogne journalière lui donne un malaise physique. Il ne peut plus voir les hommes qui l’entourent, ces visages stupides, toujours les mêmes. Il devient de plus en plus irritable. Ses nerfs réagissent à la moindre contrariété. Il est sensible aux odeurs, il s’irrite de l’incompréhension de ses collaborateurs, de leur façon d’ergoter, de leurs mesquineries, de leur obséquiosité même. Ils ne savent pas garder leurs distances. Ils se permettent des familiarités. Hitler ne devrait jamais quitter sa maison de cristal. C’est d’ici, tel un dieu du haut de ses nuages, c’est du fond de sa solitude qu’il devrait donner ses ordres. Est-ce son affaire de diriger des services de paperasses ? Que d’autres s’en occupent. Il voudrait cultiver ses grandes pensées. Pourquoi faut-il qu’il conduise la guerre ? La fatigue l’envahit, et avec la fatigue la pensée de la mort. Il pense à son testament. C’est là que l’on trouvera tout. C’est ce texte inouï qui le fera survivre. La vision du testament le tranquillise. Ce qu’il reste à faire s’y trouve consigné. Les jeunes camarades du parti parferont son œuvre. Pour eux, ce sera chose sacrée.
    Ce testament contient les plans pour la construction de l’Ordre, la forme définitive de la hiérarchie national-socialiste. Il règle sa succession. Hitler pense haineusement à Goering. Laisser sa place à cet homme ! Mais il ne peut l’éviter. Ce ne sera pas pour longtemps. Goering ne vivra pas longtemps. Le testament contient encore le plan de l’empire, la structure monumentale du nouvel empire, sa constitution et son droit nouveau. Cette constitution sera proclamée à Versailles, après les batailles décisives, en même temps que sera proclamée la paix éternelle. Viennent ensuite les prescriptions d’ordre intérieur, la constitution sociale, le nouvel ordre économique. Enfin, aux dernières pages, la chose la plus importante : l’annonciation religieuse, les premières phrases balbutiées du nouveau Livre Saint qu’il veut offrir au monde s’il reste en vie. Mais il ne restera pas en vie. Il le sent. Il est marqué par la mort. D’autres que lui devront achever son œuvre. La terreur s’empare du Führer. Les sentiments heureux qui l’exaltaient ont disparu. On le traque, on l’épie. Il entend des chuchotements qui s’arrêtent lorsqu’il approche. On le regarde d’un air de plus en plus étrange. On parle de lui. Que peuvent bien dire ces gens qui l’entourent ? Ils ne plaisantent plus. Ils ont des visages sombres. Ils machinent quelque chose, ils ont des secrets pour lui…
    Que feront-ils de son testament ? En sera-t-il comme des dernières volontés d’Hindenburg ? Ils sont capables d’en forger un autre. Ces misérables mutileront son œuvre. Ils lui voleront jusqu’à son immortalité. Ce Goering rétablira la monarchie. Les Hohenzollern prendront sa place vide. L’heure de la monarchie a sonné, dit Goering. Est-ce pour cela qu’Hitler a travaillé ? Pour restaurer les Hohenzollern ? Le vieil Hindenburg le voulait ainsi. Il avait dû le jurer au Vieux, mais il n’a pas tenu son serment.
    D’un seul coup, tout se tourne contre lui. Impossible d’avoir confiance en qui que ce soit. Hess lui-même n’est pas sûr. Du reste, ce
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