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Hitler m'a dit

Hitler m'a dit

Titel: Hitler m'a dit
Autoren: Hermann Rauschning
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des hommes. La Révolution française faisait appel à la vertu. Mieux vaudra que nous fassions le contraire. Cependant, il ne suffît pas de prendre les foules par leurs faiblesses. Les hommes qu’il faut gagner sont ceux qui dirigent les foules. Il m’est impossible de faire de la politique sans les connaître. Une connaissance détaillée des faiblesses et des vices de chacun de mes adversaires est la condition première de toute mon action. »
    Hitler se plaignit ensuite des « méthodes de vieilles filles » de la politique et de la diplomatie allemandes. Ses collaborateurs ne lui apportaient jamais rien de précis et le laissaient tâtonner dans les ténèbres. Ces gens-là n’avaient même pas su rassembler leurs instruments de travail. Pas d’autres sources d’information que les rapports fastidieux des ambassadeurs et ministres. Ces rapports n’étaient que des chroniques de journaux ou des dissertations scientifiques sans aucun intérêt pour lui. Ils ne servaient qu’à justifier les appointements et les dorures des diplomates. Ce qui l’intéressait, lui, c’était de savoir dans quelle rivière lord Un Tel aimait à pêcher la truite, ou quel genre de femme était la maîtresse du directeur général de telle ou telle société financière. Du haut en bas, la Wilhelmstrasse étouffait dans la bureaucratie et dans le formalisme.
    Je répondis que, pendant la guerre, il en avait été de même pour l’espionnage et le contre-espionnage. Pendant un certain temps, j’avais été moi-même affecté, après ma réforme, au service de contre-espionnage. J’avais dû reconnaître bien vite que notre service de renseignements était d’une inefficacité ridicule.
    Hitler protesta que tout avait changé et qu’à présent les services d’espionnage fonctionnaient parfaitement. Mais l’information politique n’en était que plus misérable, ou pour mieux dire, inexistante : « Je fais tout mon possible pour rattraper le temps perdu. Il me faudrait quelque chose dans le genre « Secret Service » anglais, une confrérie secrète de spécialistes qui fassent leur métier avec passion. »
    J’observai que la passion seule ne suffisait pas et qu’il y fallait encore une immense expérience, qui ne pouvait s’acquérir en un jour.
    — « C’est possible ; mais nous n’arriverons à rien tant que nous n’aurons pas une phalange de gens qui se donnent entièrement à leur tâche et y prennent leur seul plaisir. Les fonctionnaires trouvent ce travail fastidieux. Ils ne veulent pas s’y salir les doigts. La vérité, c’est qu’ils sont trop lâches et trop bêtes. Une de mes idées, c’est d’utiliser les femmes, surtout celles de la haute société, aimant l’aventure, lasses de leur existence inutile, blasées sur leurs aventures d’alcôve et cherchant ailleurs des sensations plus fortes. J’irai même jusqu’à employer, pourquoi pas ? des anormaux, des invertis, des aventuriers professionnels. Il y a des quantités innombrables de ces dévoyés, inutilisables dans la vie bourgeoise, mais qui pourraient remplir ici un rôle de premier plan. J’ai dit à ces « Pères Noël » de la Wilhelmstrasse que leurs paperasses pouvaient peut-être, dans les jours creux, m’aider à faire ma sieste, mais que, pour créer un empire, il me fallait des méthodes un peu plus modernes. Neurath est lent et pesant. Il est retors comme un paysan, mais n’a pas d’idées. Pour le moment, son visage paterne me rend les plus précieux services. Ses manières bienveillantes rassurent les Anglais. Ils ne prêteront jamais à un homme pareil, des intentions révolutionnaires. »
    Neurath, dis-je, était plein de bonne volonté, mais il prenait toujours avec les chefs du parti un ton important et protecteur. Mon impression était qu’il y aurait ; avantage à rajeunir les cadres, à employer des hommes, de notre temps. « Oui, l’arrogance et la vanité de ces vieux diplomates dépassent les bornes. Ils ont une haute idée des secrets de leur usine. Un bon ambassadeur doit être avant tout un commissaire aux menus plaisirs. Il doit, si c’est utile, se faire entremetteur et faussaire. Ce qu’il doit surtout éviter, c’est d’être simplement un fonctionnaire correct. D’ailleurs, je n’attendrai pas qu’il vienne à ces fantoches l’idée de réapprendre leur métier. J’organise dès maintenant mon propre service diplomatique. Cela coûte cher, mais je gagne du temps. J’ai
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