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Histoire De France 1715-1723 Volume 17

Histoire De France 1715-1723 Volume 17

Titel: Histoire De France 1715-1723 Volume 17
Autoren: Jules Michelet
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lieutenant. On croyait à Madrid, on disait à Paris, que Philippe V, seul, sans armée, entrant de sa personne en France, comme oncle, prendrait la tutelle et déposséderait le régent. De là, pour celui-ci, une situation chancelante, la nécessité déplorable (où l'on vit jadis Henri IV) d'acheter un à un, dans une telle pénurie! les princes et les grands qui vendaient leur fidélité.
    Donc résumons:
    La guerre en perspective. Point d'argent pour la faire. Et le peu qu'on emprunte, raflé par les seigneurs.
    Les partisans du roi d'Espagne, ceux du duc du Maine, demandaient hypocritement pourquoi, dans ces dangers, on ne convoquait pas les États généraux. C'était aussi l'avis des spéculatifs érudits, amants du passé féodal, de Boulainvilliers le gothique, de Saint-Simon, des gens du temps de Charlemagne, quicroyaient rétablir les douze pairs et les hauts barons, écraser la Robe et le Tiers. Pour assembler la France, il fallait qu'il y eût une France. Avec celle qu'avait faite Louis XIV, une France assommée, éreintée, cette comédie des États eût été un champ admirable au parti des couleuvres, des menées souterraines, celui du duc du Maine. Il eût habilement groupé et les restes de la vieille cour, et les partisans des Jésuites, et les amis du roi d'Espagne, enfin la grande masse des petits nobles (qu'il animait contre les ducs et pairs), la masse des quasi-nobles (notables et municipaux), tout un peuple de Sottenvilles, arrivés de province, aigres pour le Régent, qu'ils disaient le roi de Paris. D'un bel élan patriotique, ces idiots auraient appelé l'étranger.
    Je le dis, l' étranger . Philippe V regrettait la France, et se croyait Français. Mais il était devenu plus Espagne que l'Espagne même.
    On a horreur de dire le nombre épouvantable d'hommes que l'Inquisition brûla sous son règne, la sauvage police qu'elle exerçait, les populations supprimées, englouties, dans ses in pace . Pouvoir énorme, hideuse royauté, qui un moment rendit le roi jaloux, en 1714. Mais sa dévotion l'emporta. La cabale italienne, qui le tenait alors, releva la puissance du Saint-Office. Et c'est à ce moment, juste en 1715, que la France risqua d'avoir un tel Régent, un bigot maniaque, et le serf de l'Inquisition!
    Par sa mère bavaroise, Philippe V venait d'un mélange de Bavière-Autriche, où les esprits troublés ne sont pas rares. Il avait pour aïeul l'affreux FerdinandII, le spectre de la guerre de Trente ans. J'ai dit le tragique roman de sa mère, ermite en plein Versailles, affolée de sa Bessola. Le vertige du Tyrol était dans cette tête, et elle le transmit à son fils. Comme elle, il fut tout amoureux, mais à la façon de son père, le gros Dauphin blondasse, et il en eut la sensualité bestiale.
    Né tel, il tomba en Espagne, dans l'âpre et violente contrée, admirable pour faire des fous. Charles-Quint le devint. Philippe II, dans ses derniers rêves de son sinistre Escurial, d'avance éclipsa don Quichotte.
    Philippe V ne fut fou que par moments. Il n'était pas dénué d'esprit, souvent parlait très-bien. Presque toujours muet, et enfermé, comme l'avait été sa mère, il ne voyait guère que sa femme. Le sexe annulait tout en lui. Il fut le mari le plus assidu, le plus mari qu'on vit jamais, acharné, implacable d'exigence amoureuse. Sa première femme, malade à la mort, perdue d'humeurs froides, dissoute et couverte de plaies, n'eut pas grâce un seul jour, ne put faire lit à part. L'aimait-il? Le jour de sa mort même, il alla à la chasse, selon son habitude, et, rencontrant le convoi au retour, froidement le regarda passer.
    La vieille princesse Des Ursins, qui gouvernait, fut prise dans un double embarras, le veuvage du roi et un essai de réforme qu'elle avait commencé. Réforme des finances, réforme du clergé et surtout de l'Inquisition. Si elle n'eût été si âgée, elle se serait fait épouser, et elle aurait gardé le roi. Mais il lui échappa d'abord par la dévotion, puis par un second mariage.On a souvent conté sa brouillerie avec Versailles, mais trop peu rappelé qu'elle avait contre elle l'Inquisition et le clergé.
    Avec le tempérament du roi, il n'y avait pas un moment à perdre pour le marier. La Des Ursins cherchait dans toute l'Europe, mais chaque princesse lui faisait peur. Elle craignait surtout un trop grand mariage, une fille de roi qui eût pris ascendant. Il n'y avait guère de plus petit prince que le duc de Parme. Donc elle ouvrit
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