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Fatima

Fatima

Titel: Fatima
Autoren: Marek Halter
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Tout devant, son père, vêtu de son vieux manteau ocre, montait un méhari aux flancs recouverts d’une riche tapisserie bleu et or. À sa gauche, Fatima reconnut le cheval gris et doré d’Ali. Puis la haute et maigre silhouette d’Hamza, et encore celle d’Omar. Au contraire de Muhammad, qui avait la tête recouverte de son chèche habituel, ces quatre-là portaient encore leurs casques surmontés d’aigrettes et de pointes d’argent.
    Omar brandissait l’oriflamme rouge et vert d’Allah en hurlant :
    — Dieu est grand, Muhammad est son nâbi !
    Et, chaque fois, la foule reprenait ce cri en brandissant les mains au ciel.
    En s’approchant, Fatima distingua une chamelle trois pas en retrait à la droite de Muhammad. Elle était surmontée d’un grand palanquin, dont le dais rouge se balançait doucement.
    Le coeur de Fatima se serra. Le sang lui battit dans les tempes et la gorge.
    Seule, s’agrippant d’une main au rebord du palanquin et agitant l’autre en souriant, sa chevelure retenue par un peigne aux pierres scintillantes, Aïcha saluait la foule comme une reine sous le regard brûlant de fierté d’Abu Bakr.
    De l’assemblée, des rires, des cris, des baisers, des appels pleins de dévotion montèrent vers elle :
    — Aïcha ! Aïcha ! Dieu et Ses anges sont avec toi !
    Ainsi, malgré les bavardages, les racontars et les rumeurs dont on lui avait rebattu les oreilles, pas une fois on ne lui avait rapporté la seule chose qui valait la peine : c’était en compagnie d’Aïcha que son père était parti mener son premier grand combat contre les infidèles.
    Fatima tira sur la longe de sa mule, l’immobilisant en travers du chemin de la colonne victorieuse. Un instant, la mule fut bousculée de gauche, de droite, par la foule énervée qui tourbillonnait tout autour. L’enfant se mit à hurler, terrifié par le bruit et les secousses.
    Ali le premier les découvrit dans le chaos. Se détachant de ses compagnons, il lança son cheval au milieu de la multitude, s’ouvrant un chemin au petit trot. Ce n’est qu’en l’entendant rire et hurler « Mon fils est né ! Mon fils est né !» que Fatima enfin se ressaisit.
    Du haut de sa selle, rayonnant, Ali s’exclama encore :
    — Mon épouse, mon fils !
    Plaçant son cheval tout contre la mule, il bascula agilement sur sa selle pour baiser le front de Fatima et retirer l’enfant du voile qui le retenait contre la poitrine de sa mère.
    À peine prit-il le temps de dévisager avec émerveillement le nourrisson. Se dressant sur ses étriers, il le brandit à bout de bras et, toujours debout, d’une secousse habile des talons, il fit tournoyer sa monture dans un mouvement qui écarta brusquement l’attroupement qui déjà se formait autour de lui. S’époumonant par-dessus le vacarme, il lança :
    — La victoire et mon fils ! Allah est grand !
    De la foule mais aussi des rangs des combattants, comme dans un écho assourdissant, son nom jaillit :
    — Ali ! Ali ! Gloire à Ali ! Gloire aux champions d’Allah ! Gloire à Abu Hamza, gloire à Ubaïda. Allah est grand !
    Dans cette folie de bruits et de gesticulations, Ali approcha enfin son cheval du méhari de l’Envoyé. Muhammad s’inclina. Sa longue main effleura la tête de l’enfant. Il murmura une bénédiction. Alors seulement, il chercha des yeux sa fille Fatima.
    Tendue comme la corde d’un arc, elle voulut capter ce regard. Mais il parut glisser sur elle. Un sourire, un léger signe de contentement… déjà il se détournait, s’offrant à l’exaltation de ceux qui le réclamaient de partout : Abu Bakr, venu à son côté, le Juif ben Shalom, qui le saluait la main sur le coeur, les puissants des Khazraj, ceux qui n’avaient pas combattu mais lui présentaient cérémonieusement leur admiration et leur soumission. Une fois de plus, ce n’était pas son père qui était devant elle, mais l’Envoyé d’Allah.
    Et, dans cet instant, le seul regard que capta celui de Fatima fut celui d’Aïcha, radieuse, toute-puissante, comblée et acclamée dans son palanquin d’épouse du Messager.

Le récit de la bataille
    La grandeur de la victoire de Badr et la gloire des combattants d’Allah surpassèrent tout ce que l’on avait pu imaginer.
    Pour la première fois de mémoire d’homme depuis des générations, les orgueilleux Mekkois avaient été défaits au combat et ne devaient leur survie qu’à la fuite. En outre, la richesse de la caravane
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