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Fatima

Fatima

Titel: Fatima
Autoren: Marek Halter
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capturée par les combattants de l’Envoyé était si extraordinaire que sa perte affaiblirait durablement la puissance de Mekka. Dans le même temps, elle proclamait la nouvelle force des Soumis d’Allah jusqu’aux confins nord et sud du Hedjaz.
    Ce fut à Abu Bakr que revint l’honneur de dire devant les croyants assemblés la vérité de la bataille.
     
    Très tôt, Abu Sofyan apprit la rumeur du désert annonçant la menace qui pesait sur sa riche caravane. Il rusa, usant de subterfuges pour échapper aux guerriers d’Allah. Il alla même jusqu’à dérouter sa caravane vers la mer. En vain : ses espions lui apprirent qu’il n’éviterait pas le combat. Pour son malheur, il choisit de livrer celui-ci aux puits de Badr, un cul-de-sac où il croyait pouvoir surprendre les combattants de l’Envoyé.
    Abu Sofyan était un païen, un mauvais et un revanchard, mais aussi un homme lucide. Il comprit que Muhammad cherchait autant à se venger des anciennes humiliations qu’à s’emparer des trésors qui alourdissaient les paniers des six cents chameaux de sa caravane. Celle-ci était protégée par trois cents hommes aguerris, ce qui aurait largement suffi pour une razzia ordinaire. Mais la bataille à venir n’aurait rien d’ordinaire.
    Parvenu à deux jours de galop de Mekka et autant de Yatrib, Abu Sofyan appela ses alliés à la rescousse. Les vieux ennemis de Muhammad, Abu Lahab, ainsi que le père, le frère et l’oncle de Hind, l’épouse d’Abu Sofyan, se réjouirent à la perspective du combat. En une nuit ils enrôlèrent sept cents guerriers, et dès le lendemain accoururent, riant à gorge déployée, convaincus de leur supériorité.
    Parvenus aux palmiers de Badr, ils découvrirent les lignes de guerriers ordonnées par Muhammad. Elles étaient rigoureusement disposées pour un grand combat de front. Cavaliers, archers et piqueurs, méharistes à longues lames, tous attendaient l’ordre d’attaque.
    Abu Lahab et Abu Otba comprirent qu’il s’agirait d’une guerre impitoyable. Mais ils ne s’en soucièrent pas. L’assurance de leur nombre redoublait leur vanité naturelle. Ils s’avancèrent pour narguer les lignes de Yatrib resserrées autour des puits, surveillés par les guerriers d’Allah.
    Sûrs de les reprendre sans difficulté à leur ennemi et de pouvoir bientôt abreuver leur gorge sèche, ils galopèrent ici et là, braillant leurs insultes coutumières :
    — Nâbi ! Nâbi de Yatrib, puisque c’est ainsi que les Juifs t’appellent, hurla Abu Lahab, renonce pendant qu’il en est encore temps ! Déguerpis avant de rejoindre ton Allah en enfer !
    — Abu Lahab, répliqua Muhammad, ta langue pourrit depuis ta naissance ! Aujourd’hui elle se putréfiera pour de bon dans la poussière de Badr.
    — Ne sois pas si arrogant, fils de rien ! beugla Abu Otba. Ta langue à toi est aussi bien pendue que des dattes vérolées ! Nous sommes mille, et chacun de nous en vaut dix des tiens, sans couilles que vous êtes !
    Les rejoignant, le fils et le frère d’Abu Otba gesticulèrent en gueulant :
    — Fuis, fuis, suceur d’Al’lat !
    Fou de rage sous cet affront, Abu Hamza dit à l’Envoyé :
    — Pas possible ! On ne peut pas entendre cela sans réagir. La loi de la guerre autorise les combats face à face. Que cette vermine se choisisse trois champions pour des combats singuliers. Nous serons trois à leur montrer qui manque de couilles !
    Les Mekkois ne pouvaient refuser. Les trois Otba furent désignés : le père ‘Ataba Abu Otba, le fils Whalid ibn Otba, le frère Shîba al Otba.
    Muhammad conversa avec Omar et Abu Bakr. Chez les croyants, les volontaires étaient nombreux. Abu Otba mit en jeu sa famille. Muhammad ne pouvait faire moins : Ali et Abu Hamza furent désignés, ainsi que leur cousin Ubaydah ibn al Harith, l’un des premiers soumis à Allah, converti peu de temps après Abu Bakr.
    Ce furent des combats terribles, menés à cheval et à la grande nimcha. Celui d’Ubaydah fit trembler les spectateurs les plus endurcis. À la seconde charge, Shîba al Otba parvint à lui trancher la jambe gauche. Le sang en gicla comme d’une fontaine.
    Alors que la jambe d’Ubaydah roulait sous les sabots de son cheval, Shîba fit pivoter sa monture afin de lui porter le coup de grâce. Il croyait trouver Ubaydah à terre, mais le guerrier d’Allah se tenait encore sur sa selle.
    — Al Otba ! Tu m’as coupé la jambe, hurla-t-il. Sois-en
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