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Fatima

Fatima

Titel: Fatima
Autoren: Marek Halter
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remercié ! Dieu est Dieu et Il peut tout ! Son Paradis est peuplé de vierges à la beauté inouïe. Inch Allah, je serai entre leurs bras pour l’éternité quand tu arriveras en enfer !
    La férocité avec laquelle il cracha ces mots tétanisa Shîba. D’un coup de poignet sans pareil, Ubaydah fit voler sa nimcha. Elle déchira l’air, et la tête de Shîba tomba dans la poussière… Comme il l’avait souhaité, Ubaydah eut le temps de voir sa victoire avant de se glisser entre les bras des vierges du paradis.
    Tant de courage galvanisa Ali et Abu Hamza. Ce dernier perça Abu Otba de sa lance. Mais, avant de lui assener le coup mortel, il attendit que sa victime puisse voir Ali ouvrir le ventre de son fils.
    La défaite de leurs champions fit courir une sueur de terreur sur le corps des Mekkois. Abu Lahab, craignant la débandade, leur fit honte :
    — Quoi ? Nous sommes mille et ils sont trois cents ! Si vous n’avancez pas, qu’Al’lat vous ferme ses cuisses à jamais et crache sur vos fils et petits-fils !
    Profitant de ce répit, Muhammad s’engouffra dans la cabane de commandement où il avait mis à l’abri son épouse Aïcha. Comme souvent, là où se tenait l’épouse de l’Envoyé, Djibril [31] se trouvait aussi. Le découvrant, Muhammad s’exclama :
    — Ange Gabriel, les mécréants ne mentent pas. Ils sont mille et nous sommes trois cents. Sans l’aide du Seigneur, nous serons vaincus. Si telle est Sa volonté, que cela soit !
    Gabriel répondit :
    — Sois heureux, nâbi. Dieu sait ce qu’il en est. Il m’envoie à ton secours avec mille anges.
    Muhammad s’écria :
    — Mille anges…
    — Trois mille s’il le faut, ô Muhammad !
    — Trois mille…
    — Cinq mille s’il le faut !
    Muhammad, éberlué, répéta :
    — Cinq mille !
    Il se rua hors de la cabane et courut vers ses braves :
    — Dieu nous envoie trois mille anges pour nous soutenir !
    Il se baissa pour ramasser de la poussière de Badr et la jeter dans la direction des Mekkois :
    — Que vos mensonges vous aveuglent !
    Et c’est ce qui advint. Abu Sofyan et Abu Lahab avaient choisi le mauvais emplacement : l’après-midi, leurs archers se retrouvèrent face au soleil. Ils ne purent voir la pluie de flèches que ceux de Yatrib lancèrent sur eux. Ils ne purent que l’entendre tandis qu’elle martelait sans relâche leurs boucliers et leurs cuirasses avant de s’enfoncer dans leurs nuques, leurs ventres, leurs coeurs…
    Puis la tornade des anges et des Soumis d’Allah s’abattit sur eux.
    Abu Lahab fut parmi les premiers à succomber. Ce fut comme si la terre du Hedjaz engloutissait enfin un détritus empoisonné.
    Ceux de Mekka comprirent : leurs idoles de pierre et de bois les protégeaient moins encore que leurs boucliers.
    Ils se débandèrent au galop. Abu Sofyan conduisit leur fuite comme il les avait conduits à la bataille.
    — Voilà ce qu’il en fut, conclut Abu Bakr devant le silence de tous. Il n’en est plus un, aujourd’hui, et aussi loin que le regard se porte entre Yatrib et Mekka, qui ignore le pouvoir qu’Allah accorde à ses croyants.
     
    Ce récit de la bataille, Fatima l’entendit de nouveau de la bouche d’Ali, et à plusieurs reprises.
    Son jeune époux n’était plus le même homme que celui qui l’avait quittée moins d’une lune plus tôt. Il avait vaincu et tué sous les yeux de tous. Son nom courait sur les lèvres des hommes autant que sur celles des femmes. Il était riche. Plusieurs chevaux maintenant piétinaient dans sa cour, devenue trop petite. Des armes, des cuirasses et des casques s’entassaient sous son auvent. Trois esclaves de Bisâ ayant appartenu aux Mekkois s’affairaient dans les cuisines. Désormais, elles conduiraient l’âne au wadi pour rapporter l’eau et iraient acheter la nourriture.
    Et, par-dessus tout, le sourire de l’Envoyé lorsqu’il s’adressait à son gendre en disait long sur l’affection qui les nouait comme les doigts d’une main.
    Pourtant, tout n’était pas que joie. Après les caresses de Fatima, Ali se montrait souvent songeur et trop silencieux. Il se réveillait en sursaut, le front moite et la mâchoire grinçante.
    Fatima l’enlaçait, l’apaisait de douces paroles, baisait sa tempe. Au matin, Ali soupirait :
    — Allah m’inflige une leçon. J’ai pris la vie d’un homme qui avait mon âge. Dieu ne veut pas que je m’en fasse un ruban de vanité.
    Alors que Fatima tenait leur fils
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