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Et Dieu donnera la victoire

Et Dieu donnera la victoire

Titel: Et Dieu donnera la victoire
Autoren: Michel Peyramaure
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qu’il pût être de naissance illégitime. Il est vrai qu’Isabeau n’aimait guère ce fils, qu’elle ne l’avait jamais aimé, aujourd’hui moins que jamais.
    Quant à son père... Au moment où était survenu cet incident, Charles de Valois, roi de France, entrait dans la première phase de sa folie. On l’entendait chanter des chansons obscènes, hurler, sangloter, injurier les valets.
    Le petit Charles n’avait pas oublié la scène du jardin et le mot bâtard s’était incrusté dans sa mémoire. Le sacre avait passé l’éponge, mais en apparence seulement : il lui en resterait une blessure jusqu’à la fin de ses jours.
    Il savait ce qu’il devait à Jeanne. Il ne le lui avait pas caché lorsqu’elle s’était prosternée devant lui ; cela non plus, il ne pourrait l’oublier.
    S’il avait écouté les conseils de ses favoris, il se fût abstenu des services de la Pucelle et, le sacre passé, l’eût licenciée. Une telle ingratitude lui répugnait. Alors que le roi de Bourges était devenu roi de France, il se trouvait pour la première fois dans un état de sérénité ineffable. La trinité qui l’entourait le mettait à l’abri des tracas et des dangers : La Trémoille avait en main l’administration générale du royaume ; Regnault de Chartres lui amenait l’adhésion et le soutien de l’Église ; Jeanne était son émissaire auprès de la puissance divine en même temps qu’un chef d’armée. Qu’aurait-il pu souhaiter de plus favorable à l’aube d’une ère nouvelle, au bout du long tunnel qu’il venait de traverser ?
    Se séparer de Jeanne ? Outre que cette décision lui eût été pénible et lui eût causé des remords, elle eût constitué une erreur politique. Dans le combat qu’il lui restait encore à mener contre l’Angleterre, la Pucelle pourrait lui être utile, ne serait-ce qu’à titre de palladium. Le temps de la mission sacrée, des miracles répétés, lui semblait révolu. Des miracles, d’ailleurs, était-il souhaitable qu’elle en suscitât de nouveaux ? Il aurait bien aimé ne compter que sur lui-même pour mener la lutte qui lui donnerait la totalité de son royaume.
    Alors, que faire de Jeanne ? S’en séparer alors qu’il l’aimait, contrairement aux apparences. Il ne lui avait pas échappé qu’elle provoquait des élans d’attirance, sinon de désir, chez ses compagnons, notamment chez le duc d’Alençon et Gilles de Rais. Il ne pouvait nier non plus que cette vilaine, élevée, avait écrit Gerson, sur le fumier , l’avait troublé sans qu’il songeât un seul instant à inscrire son nom sur la liste de ses favorites. La séduction qui émanait d’elle tenait à la franchise de sa nature plus qu’à sa beauté un peu rude – elle n’avait rien de ces perruches qui se pavanaient sous le voile du hennin –, mais il y avait entre elle et lui comme un mur de verre : Jeanne semblait être d’un autre monde.
    Ce dont le roi était certain, c’est qu’il ne la chasserait pas. « Renvoyez-la à ses moutons ! » répétait La Trémoille. « Placez-la dans un couvent ! » suggérait Regnault. Il n’en ferait rien. Jeanne avait été sa compagne de lutte ; il la garderait près de lui.
     
    Au sortir de la cathédrale, le roi n’en avait point fini avec les obligations consécutives à son sacre et à son couronnement : il devait sacrifier à la procession, qui se termina aux flambeaux à travers la ville en liesse, décerner le titre de maréchal à Gilles de Rais, avec permission de porter les armes de France sur son écusson, celui de comte à La Trémoille et à Laval, distribuer des présents aux notables et des oboles aux pauvres, présider le festin qui mettrait un terme à cette journée éprouvante.
    L’affaire du vase d’argent avait failli dégénérer en conflit ouvert entre l’archevêque et le chapitre.
    Désireux de montrer sa générosité à ce corps de prélats, le roi avait fait déposer sur l’autel un vase d’argent prélevé dans son trésor. Cette oeuvre d’art plut tant à l’archevêque qu’il se l’attribua. Colère des chanoines. Protestation de Regnault, estimant que ce cadeau lui était dû. Il fallut l’intervention du souverain pour que justice fût rendue au chapitre.
    Une autre querelle éclata le lendemain entre les domestiques du roi et les échevins à propos des reliefs du festin, chacun protestant qu’ils lui revenaient. Il fallut une nouvelle intervention du roi pour exiger un
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