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Et Dieu donnera la victoire

Et Dieu donnera la victoire

Titel: Et Dieu donnera la victoire
Autoren: Michel Peyramaure
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Nogent-sur-Seine s’apprêtait à voler à leur secours, ils firent mine de n’en être pas informés. Restait, comme à Troyes, à convaincre le commandant de la place, le sire de Châtillon, de mettre une sourdine à son zèle, mais le bonhomme était obstiné de nature et fidèle à son serment.
    Pour l’heure, Châtillon était occupé à Château-Thierry. Les notables lui déléguèrent leur bailli pour le prévenir. Il fronça les sourcils. D’une part, son devoir lui commandait de reprendre son poste ; d’autre part, la prudence lui conseillait de rester à l’écart.
    – La Pucelle, dit-il, suit-elle toujours l’armée du Sacre ?
    – Toujours, hélas ! soupira le bailli. Et c’est ce qui nous inquiète. À elle seule, elle vaut une bonne centaine de lances. Rien ne lui résiste. Partout où elle s’est battue, elle a triomphé. De plus, si nous attendons le secours des Anglais, nous risquons d’être déçus.
    – Détrompez-vous ! J’ai appris qu’ils ont débarqué en force. Je vais donc m’en tenir à mon serment et revenir défendre Reims.
    Stupeur du bailli. Il balbutia :
    – Cette attitude vous fait honneur, capitaine de Châtillon, mais nous ne souhaitons pas risquer un affrontement.
    – Ce que vous souhaitez m’importe peu. Demain, je serai à votre porte. S’il faut défendre cette place, je le ferai !
    Lorsqu’il se présenta devant la ville avec quelques lances, il trouva porte close et la milice aux créneaux. Les édiles avaient décidé de se passer de ses services. Puisqu’il était tellement attaché aux Anglais, qu’il aille les rejoindre ! On ne le retenait pas...
    Il était temps qu’il vide les lieux : l’armée du dauphin était en vue.
     
    Alors qu’il se trouvait au château de Sept-Saulx, au confluent de la Marne et de la Vesle, où, confiant en l’issue de la campagne, il préparait avec son Conseil les cérémonies du sacre, Charles reçut une délégation des édiles rémois venus témoigner de leurs bonnes intentions : il n’aurait pas à affronter les défenses de la ville, le commandant de la place ayant été évincé.
    Il partit sans plus attendre à la tête de son avant-garde. Longeant la Vesle, il arriva à la tombée de la nuit devant la porte Dieulimire dont on avait levé les herses et abattu le pont-levis. Comme il s’engageait sous le châtelet, Jeanne, qui avait tenu à l’accompagner, lui dit :
    – Monseigneur, j’ai tenu ma promesse de vous faire sacrer et couronner dans cette ville.
    – Je tiendrai la mienne, dit Charles. Lorsque l’on posera la couronne sur ma tête, je veux que tu sois à mon côté. Cette gloire est en partie la tienne.
    – Je serai présente avec ma bannière, monseigneur. Elle a été à la peine, il est juste qu’elle soit à l’honneur.
    Il s’abstint d’avouer que, quelques jours auparavant, dans un courrier aux notables de Reims, il avait omis de mentionner les mérites de la Pucelle.

10
    Et soudain le ciel s’ouvrit

Reims, juillet 1429
    Résister au sommeil. Garder l’oeil sur la flamme du gros cierge de cire rouge qui brûle près du saint sacrement. Répéter sans fin ses oraisons sans mélanger les mots : « Notre Père qui êtes aux cieux... Dieu tout-puissant, père du ciel et de la terre... Sainte Marie Mère de Dieu, priez pour nous, pauvres pêcheurs... » Ne penser à rien ni à personne d’autre qu’à Dieu, au Christ, à la Vierge Marie, aux saints du Paradis, aux présences divines qui font cortège à la Pucelle.
    Il se souvient de ce que sa mère, la reine Isabeau, lui a dit dans son enfance à propos du sacre de son père : il a passé la nuit précédant le même événement à veiller, à genoux sur un coussin, récitant ses oraisons, écartant de lui toute idée profane. Il a reçu, racontait-il, la visite de créatures surnaturelles, respiré des odeurs suaves, entendu les musiques et les chants du Paradis.
    Le plus difficile est de repousser ces insidieuses vagues de sommeil qui le submergent et le poussent à l’épaule. Il s’ébroue, les genoux douloureux, les reins moulus par l’interminable chevauchée. Il s’accroche, pour ne pas sombrer, aux premiers mots du Pater noster , les récite machinalement, à voix haute, écoute les échos lui renvoyer son oraison.
    – Notre Père qui êtes aux cieux, que Votre nom soit sanctifié ...
    Il n’aurait jamais imaginé qu’une nuit pût être aussi longue et que le sommeil fût aussi difficile à vaincre. Il imagine Jeanne
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