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Elora

Elora

Titel: Elora
Autoren: Mireille Calmel
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douloureusement, elle gémit de contentement.
    — Je crains mon bel amour que nous ne soyons trois arrivés en Istanbul.
    Djem ne réagit pas tout de suite tant ses pensées demeuraient prisonnières de la peur qui, au fil des minutes, s’était insinuée en lui, trouvant dans son mal-être des dernières semaines un écho détestable. Depuis que César Borgia lui avait fait prendre cette potion pour couvrir sa fuite, sa santé n’avait pas été mieux retrouvée que le traître, et il commençait de craindre un poison à retardement dont sa dame, aussi, serait devenue victime.
    Hélène, qui ne savait rien de son tourment, suspendit son souffle à son silence, rattrapée par une évidence, qui lui poignarda le ventre. Trop tôt. Évidemment, c’était trop tôt. Et malvenu. Un enfant en pleine guerre. Alors qu’elle était censée être homme. Jamais le roi n’accepterait qu’elle continue à leurs côtés. Or rien ne devait contrecarrer leurs projets. Rien. Elle emprisonna les bras de Djem dans les siens, saisie d’un frisson malgré la brûlure de son corps serré plus fortement contre elle. Elle se devait de le rassurer. À l’instant, sa décision fut prise, aussi inhumaine fût-elle.
    — Bien sûr, nous trouverons une faiseuse d’ange en chemin…
    Il réagit enfin. Sursauta.
    — Que dis-tu ?
    — Je sais que c’est contre nature, mais je préfère perdre cet enfant qu’être séparée de toi.
    Il fourra son visage dans ses cheveux, les respira jusqu’à retrouver le souffle.
    — Alors c’est ça… juste ça. Un don d’Allah…
    Les yeux d’Hélène lui piquèrent.
    — Un peu prématuré, je crois…
    Il se mit à rire en la berçant doucement.
    — Dans deux jours nous serons à Naples. Et libres puisque telle sera la vengeance du roi Charles contre la traîtrise des Borgia. Libres, Hélène, ma douce, mon aimée, ma sultane. Qu’Allah soit béni. Tu portes mon fils. C’est le meilleur présage qui soit !
    Elle s’adoucit, malgré la douleur qui persistait à lui barrer le ventre. Il s’écarta pour la tirer vers l’arrière. Ils gagnèrent le creux du lit, s’y enlacèrent pour se nourrir mutuellement de cette chaleur qui semblait vouloir de seconde en seconde déserter leurs veines. Le feu avait cessé de crépiter, ramenant de la froidure en la pièce. C’était suffisant pour justifier un frisson. Djem cessa de s’en inquiéter. D’autant que nombre de soldats étaient malades, consécutivement aux pluies diluviennes qui avaient réduit leur avancée.
    Demain, sa migraine accompagnerait un bon rhume. Bah, songea-t-il, rasséréné, il lui suffirait d’un peu de vin épicé pour le calmer.
    Un gémissement échappa à Hélène, plaquée de dos contre lui. Il la pressa plus fort contre son pubis, sentit une érection monter.
    L’aimer.
    Il n’existait pas de meilleur remède.
    Instinctivement, elle se cabra à sa rencontre.
    Il ferma les yeux et pénétra en elle, doucement, lentement, comme un navire qui revient au mouillage.
    L’aimer.
    Il ne s’en lasserait jamais.
    *
    Nassouh n’aimait pas déranger son prince. Il le savait avide des matins contre Hélène. Mais l’heure avançait et tous deux tardaient à paraître. Il toqua à la porte. Attendit. Recommença, plus fortement. Au troisième essai, l’angoisse le saisit. Il appela. Colla son oreille à la porte. Perçut un faible gémissement à travers l’épaisseur du bois. Alors monta en lui cette rage sourde des secondes qui précèdent le combat. Sans réfléchir plus avant, il recula, empoigna son coude gauche dans sa main droite pour retenir son épaule et utilisa celle-ci pour bélier. La serrure ne résista pas à sa puissance. Il déboula dans la chambre puante de vomissure et les trouva tous deux enlacés, le teint cireux et les yeux fermés. Le cœur en deux, il s’élança jusqu’au lit, retourna Djem sur le dos, le gifla sans ménagement pour l’arracher à sa torpeur.
    Il obtint enfin de le voir ouvrir les yeux, hébété.
    — Es-tu devenu fou ? maugréa le prince en le reconnaissant, avant de porter la main à sa tempe et de grimacer.
    — Maudite migraine. Elle m’a gâté la nuitée. Est-il tard ?
    Nassouh ne répondit pas. Déjà il avait contourné la couche et, sans plus de manières, indifférent à la nudité d’Hélène, la rabattit à son tour pour lui soulever les paupières. L’apathie de son aimée, bien plus que le geste cavalier du tchélébi, ramena brutalement Djem
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