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Elora

Elora

Titel: Elora
Autoren: Mireille Calmel
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malemort.
    Elle était menée par un être que plus rien ne pouvait retenir, ramener en arrière.
    Les autres le suivaient sans rechigner, confiants en sa force, en cette puissance qui émanait de lui dès le lever, pourtant pénible, douloureux de courbatures et de frissons.
    Chaque matin, ils guettaient l’embellie, chaque matin, quittant un abri précaire, ils s’enfonçaient dans la tourmente.
    Conscients qu’il irait seul s’ils flanchaient.
    Conscient de le perdre s’ils l’abandonnaient.
    Et fiers d’être ses amis.
    Parce que des êtres aussi volontaires et déterminés que le Mathieu de Sassenage étaient rares.
    D’autant plus rare que c’était l’amour qui le guidait.
     
    À Bressieux, durant ces trois semaines de tourmente qui firent songer que le diable avait évincé Dieu à la commande des éléments, Petit Pierre reprit des forces dans la souillarde de Malisinde.
    La vieille cuisinière connaissait le pouvoir des simples et fort heureusement en avait fait provision avant l’automne. Elle le baigna de la tête aux pieds, lui remit l’entorse, indifférente à son hurlement de douleur, fit tomber la fièvre avec l’infection, nettoya de l’extérieur les engelures et, de l’intérieur, le ventre, hideusement gonflé, puis se mit à prier. À la fois pour que renaissent les beaux jours et pour que cet enfant arrivé de nulle part et d’aussi grand courage survive.
    Mayeul ne le quitta pas une seconde. Le petit bossu, inconsolable du départ d’Elora, venait de se trouver un frère d’adoption, comme il avait eu une sœur de lait.
    À la faveur des bûches qui crépitaient dans la cheminée de la cuisine, des bouillons et ragoûts que la vieille femme cuisait, de l’eau claire du puits comme des tisanes de bois cendré, l’enfant reprit peu à peu son teint coloré et sa bonne humeur.
    Petit Pierre était sauvé.
    Fier de son exploit et du sacrifice de sa mère.
    Mais plus que tout il était content.
    Mayeul le lui avait confirmé. Elora était en vie. Et Algonde aussi sous les traits de Mélusine. En quelques mots, Fanette lui avait tout raconté, donnant enfin un sens aux rêves qu’il faisait et dans lesquels la créature l’appelait.
    Lors, juste en fermant les yeux, tout en remerciant le ciel pour la belle amitié que Mayeul lui offrait, Petit Pierre s’imaginait annoncer cette heureuse nouvelle à son père et reformer une famille sous la protection du sire de Bressieux, dès lors que ce dernier reviendrait et que le mauvais temps se tairait.
     
    À l’abri de la grotte de Fontaine, protégés des regards et des meurtrissures de l’hiver, réchauffés par cette flambée bienveillante qui peignait sur les murs des mouvements fantasques, ils avaient fait l’amour, tels deux naufragés trop longtemps privés de contact, de chaleur humaine, de tendresse.
    Leur étreinte s’apparenta à un long et lent ballet dont chaque pressement, chaque frottement, chaque souffle les invitait l’un et l’autre à rappeler en eux la vie disparue.
    Ils jouirent d’un même cri.
    Elle en pensant à Mathieu.
    Lui en pleurant Mounia.
    Avant de s’aimer de nouveau.
    L’un pour l’autre.
    Puisque, pour l’heure, tout espoir leur semblait perdu.
    Les jours qui suivirent virent revenir au castel les mercenaires, éreintés. Ils n’avaient pas retrouvé le fugitif et les bourrasques avaient avalé toute trace.
    Enguerrand s’accorda à la patience que lui imposa Algonde. Mathieu était de taille à affronter les éléments. Il connaissait chaque recoin de ce pays, y avait ses repères, ses caches. Et, plus que tout, il n’était pas seul. Quant aux deux enfants qu’il entraînait à sa suite, s’ils devaient un jour être de l’équipée d’Elora ainsi qu’elle le croyait, ils survivraient, s’aguerriraient.
    En quittant la grotte pour retrouver la tiédeur d’une chambre dans laquelle l’odeur de Mathieu persistait, Algonde se mit à pleurer sans sanglots devant un miroir en pied. Juste une pluie fine, une eau de renaissance que le sourire de Presine, derrière elle, approuvait.
    Lorsqu’Algonde fut vêtue des hardes qu’une servante de son gabarit lui prêta, Enguerrand insista pour récompenser celle qui, par son témoignage, avait influencé ses réactions, dissipé tous les doutes.
    Ils la rencontrèrent ensemble.
    En voyant paraître Algonde aux côtés de son maître, la vieille femme se signa par trois fois avant de lui baiser les pieds. Le chevalier la releva et lui
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