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Douze

Titel: Douze
Autoren: Jasper Kent
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si aucune armée ne lui avait fait face. C’était exactement notre stratégie ou du moins était-ce ce que notre hiérarchie avait soutenu. Néanmoins, même si c’était la vérité, c’était une manœuvre démoralisante. Dimitri marqua une pause et caressa sa barbe ; la cicatrice qu’elle cachait, sur sa joue, lui rappelait avec quelle force il s’était battu pour son pays, avec quelle vigueur nous avions tous combattu.
    — Et puis, poursuivit-il, nous ne sommes plus que quatre. L’idée du général Barclay n’était pas que nous devions battre les Français à mains nues. Nous sommes censés imaginer un moyen de les vaincre. (Prenant conscience de la supériorité qu’il s’attribuait, il émit un rire bref.) D’aider le reste de l’armée à les vaincre.
    L’arrogance coutumière de Dimitri et la conscience qu’il en avait nous détendirent tous les quatre, comme une onde de rire silencieux qui parcourut la table pour s’évaporer aussitôt.
    — Tu penses vraiment que la situation est aussi grave que cela ?
    La question émanait de Vadim Fiodorovitch, notre chef ou, tout du moins, le plus gradé d’entre nous.
    — Pas toi ? répondit Dimitri.
    Vadim garda le silence un moment.
    — Si, c’est aussi mon avis. Je voulais simplement que quelqu’un le dise tout haut.
    — Je ne l’aurais pas cru avant Smolensk, dis-je.
    — Peut-être que le problème vient justement de là, rétorqua Vadim. Peut-être qu’aucun d’entre nous n’imaginait réellement ce dont Bonaparte était capable. Maintenant que nous savons, cela nous donne quelque… espoir. (Il se passa la main sur le visage, ses doigts glissant dans sa barbe sombre et épaisse.) Quoi qu’il en soit, reprit-il avec un peu plus d’énergie qu’auparavant, parle-nous de ces gens, Dimitri.
    — Un petit groupe, expert en missions derrière les lignes ennemies, expliqua Dimitri. Ils attaquent toujours au moment où l’on s’y attend le moins. Ce qui provoque toujours une perturbation maximale avec un risque minimal.
    — Cela ressemble aux Kazaki , dis-je.
    Dimitri se mordit la lèvre inférieure, choisissant ses mots avec soin.
    — Aux Cosaques, oui – et ils ont plus d’un point en commun. (De nouveau, il prit soin de réfléchir avant de parler.) Mais ils ne sont pas russes.
    — Et comment les connais-tu ?
    Il était clair, au ton de Vadim, qu’il avait déjà toutes les réponses à ses questions. Dimitri et lui avaient eu tout le temps de parler au cours de la chevauchée sinistre de Smolensk à Moscou. Il était certainement naturel pour Dimitri de s’assurer, avant d’aborder le débat, que la moitié d’entre nous étaient de son côté.
    — Ils nous ont aidés contre les Turcs.
    En même temps qu’il prononçait ces mots, Dimitri posa les yeux sur ma main gauche partiellement amputée. Les deux doigts qui me manquaient, tranchés par une lame turque, avaient depuis longtemps pourri dans le coin d’une geôle de Silistra. Les gens semblaient particulièrement sensibles à cette blessure, même si je m’y étais habitué depuis longtemps. Les cicatrices physiques étaient les moindres des horreurs que m’avaient infligées les Turcs.
    — Cela signifie donc que tu connais aussi ces gens, Alexeï ? demanda Maxime Serguéïevitch en se tournant vers moi.
    Maxime était le plus jeune de nous quatre. Tout comme moi, il avait remarqué que Vadim soutenait d’emblée le plan de Dimitri, et Max craignait qu’un vote à trois contre un ne soit couru d’avance. Et ç’aurait été un gros problème à ses yeux. Il avait un faible pour la démocratie.
    — Non, non. Tout cela est aussi nouveau pour moi que ça l’est pour toi, Max, répondis-je prudemment.
    Je jetai un œil vers Dimitri ; je découvrais ces informations moi aussi et c’était étrange – c’était le moins que l’on puisse dire – que Dimitri n’en ait jamais fait mention.
    — Nos chemins, à Dimitri et moi, ne se sont jamais croisés en Valaquie. Ces… « personnes » semblent bien mobiles. (Je m’en tenais au terme originel choisi par Dimitri.) Elles se battent sur le Danube, puis elles font tout le chemin jusqu’à Moscou pour nous aider. Y a-t-il un endroit qu’elles considèrent comme leur patrie ?
    — Oui, ces gens viennent des bords du Danube ; la Valaquie, la Moldavie – un de ces coins-là. Ils s’y sont battus par patriotisme, pour défendre la terre de leurs ancêtres. Combattre les Turcs, c’est un peu une tradition
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