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Douze

Titel: Douze
Autoren: Jasper Kent
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pourraient. Les troupes russes sous le commandement de Koutouzov et de Wittgenstein se rapprochaient.
    Je me dirigeai vers le sud, le long des berges de la rivière, me débarrassant rapidement de ma houppelande française. J’avais le choix entre mourir de froid ou d’une balle russe. Je ne pris pas ma décision en fonction de mes préférences mais des probabilités, et cela se jouait à peu de chose. Tandis que je poursuivais en aval, le peu de patrouilles russes que je rencontrai furent convaincues de mon identité par quelques mots de ma part. Les patrouilles françaises que je croisai, encore moins nombreuses, furent tout aussi facilement persuadées lorsqu’elles entendirent leur propre langue.
    Avant longtemps, j’arrivai à Borisov, la ville abandonnée par Bonaparte quelques jours seulement auparavant. Désormais, Bonaparte se repliait vers l’ouest. Quelle proportion de son armée allait y arriver avec lui ? Le débat était ouvert, mais lui-même reviendrait assurément jusqu’à Paris. Je n’avais plus le moindre désir de le pourchasser, ni d’autres Français. Et si Iouda était, d’une façon ou d’une autre, encore vivant, je n’avais aucune envie de le poursuivre, ni même de savoir avec certitude s’il était mort ou non. Il était hors de Russie, ou il le serait très bientôt : soit emporté au sud par la rivière vers la mer Noire, soit emporté à l’ouest par la Grande Armée vers la Pologne et au-delà. Il n’était plus mon problème. Mes problèmes étaient ceux qu’il m’avait laissés.
    Bien qu’il fasse encore sombre lorsque j’atteignis Borisov, j’eus la chance de trouver un cheval, oublié là lorsque les Français s’étaient précipités vers le nord. Je le montai et me dirigeai hors de la ville.
    Bonaparte lutterait quelques années encore et allait même, paraît-il, s’élever comme un bref phénix avant son ultime final, mais sa défaite avait commencé ici en Russie. Ce n’était pas une défaite à laquelle j’avais pris la moindre part. J’avais combattu Bonaparte à Austerlitz et nous avions perdu. Je l’avais combattu à Smolensk et nous avions perdu. Après Borodino, j’avais trouvé un autre combat auquel participer. Si mes petits-enfants me demandaient un jour comment j’avais contribué à la chute de Napoléon, je serais bien incapable de leur dire la vérité. Je pourrais leur parler de Maxime, de Vadim et Dimitri, et de la façon dont nous avions combattu ensemble, selon des méthodes peu orthodoxes, par intermittence pendant sept ans, mais je ne pourrais jamais leur dire comment cela s’était terminé. Je ne pourrais jamais leur dire que Dimitri avait gelé jusqu’à en mourir, ni la chance qu’il avait eue par rapport à Vadim, ni comment Vadim même avait eu de la chance comparé à Maxime. Car, bien que Vadim et Maxime aient connu une mort similaire, Max avait l’infortune supplémentaire de savoir qu’il y avait été envoyé par ceux qu’il croyait être ses amis.
    Le doute au sujet de Domnikiia, que Iouda avait si fourbement instillé en moi, était, je le comprenais maintenant, facile à gérer. Ce fut Max qui me suggéra la solution. C’était une question de foi.
    La foi, avait dit Max, nous permet d’être convaincus de certaines choses que nous ne pourrons jamais connaître de manière infaillible. Je ne pourrais jamais découvrir si ç’avait été Domnikiia ou Margarita avec Iouda – c’était quelque chose qu’il ne me serait jamais possible de savoir. Mais ce que je voulais être la vérité était évident. Tout ce que j’avais à faire était d’avoir foi en la vision de la réalité que j’avais choisie. Ce ne serait pas simple, certainement pas pour un homme comme moi, de maintenir une telle foi, mais cela signifiait pouvoir être avec Domnikiia, et c’est pourquoi l’effort en vaudrait la peine. Chaque jour durant lequel ma foi serait récompensée viendrait à son tour renforcer cette foi, et nourrir le besoin que j’en avais. Toutefois, je ne verrais pas Domnikiia tous les jours.
    La ville de Borisov occupe une position géographique intéressante en Russie. Elle se trouve au sommet d’un triangle équilatéral, dont les deux autres sommets sont Moscou et Pétersbourg. Elle est à la même distance de Pétersbourg que de Moscou, et ces deux dernières villes sont à la même distance l’une de l’autre.
    Je pouvais désormais m’infliger le fardeau du choix, et je n’essaierais même pas de me
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