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Douze

Titel: Douze
Autoren: Jasper Kent
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chien adulte, qu’est-ce qui l’empêcherait de s’en prendre à un bébé ou un enfant ?
    Sans les jeux des enfants, et les adultes étant absorbés par leurs prières pour la réussite de l’opération, la ville aurait pu être calme ; mais ce silence qu’ils appréciaient tant était continuellement interrompu par les cris d’un singe ayant découvert un rat. Le hurlement extatique du prédateur bondissant sur sa victime résonnait à travers la ville à toute heure du jour ou de la nuit, émanant d’une cave, d’un grenier ou de derrière un mur. Personne ne vit les animaux du marchand à l’œuvre, mais leur zèle était audible par tous.
    En effet, en l’espace d’une semaine, les habitants remarquèrent qu’il y avait moins de rats. Le dernier de son espèce fut aperçu le dixième jour ; il fouinait dans la nourriture des cochons, oublieux du sort de ses frères et sœurs, un sort qu’il était néanmoins sur le point de partager.
    La reconnaissance des dirigeants était réelle. Ils offrirent au marchand tout ce que celui-ci avait demandé et moitié plus encore. Mais le marchand refusa le moindre paiement.
    — Le travail n’est pas encore terminé, expliqua-t-il. Mes amis ne sont pas encore rentrés. Ils reviendront seulement lorsqu’ils n’auront plus rien à se mettre sous la dent.
    Et, pour sûr, bien que les habitants d’Ourioupine ne vissent plus le moindre rat, ils entendaient encore la clameur des singes au travail. Toutefois, ces cris ne semblaient plus venir des caves et des granges, mais des arbres et des haies. Les rats sont des créatures sournoises , se raisonnaient les gens ; ainsi, personne ne fut réellement surpris que les derniers survivants choisissent des endroits aussi inhabituels pour se cacher.
    Dans la matinée du quatorzième jour après que les singes eurent été lâchés, le premier s’en revint et reprit sa place dans la carriole pour s’endormir aussitôt. En début de soirée, tous les singes l’avaient rejoint. Le marchand referma la cage, la recouvrit de nouveau de sa toile, prit sa rétribution et s’en fut.
    Les habitants de la ville se complurent dans le silence. Deux semaines durant, les cris terrifiants des singes au festin avaient pénétré les moindres recoins d’Ourioupine et le soulagement que causa leur départ, bien que tacite, fut partagé par tous. Être débarrassé des rats satisfaisait leurs esprits. Être libérés de la présence des singes hurleurs submergeait leurs cœurs de joie.
    Toutefois, à mesure que les jours passaient, le silence commença à leur peser. Tout d’abord, avaient-ils cru, c’était le contraste avec le bruit des deux semaines passées qui l’avait rendu si remarquable ; pourtant, rapidement, les gens se rendirent compte que le calme était plus prégnant qu’avant… avant l’arrivée du marchand et de ses singes.
    Ils pouvaient le meubler par leurs conversations et par les bruits de leur vie quotidienne mais, au-delà, il n’y avait rien. Il régnait un silence total, absolu.
    Comme c’est bien souvent le cas dans ce genre d’histoire, ce fut un jeune garçon, d’environ dix ans, qui comprit le premier. Le silence avait pris toute la place parce que le chant des oiseaux avait disparu. Après que les créatures du marchand eurent accompli leur tâche, il ne restait pas le moindre volatile vivant où que ce soit dans la ville d’Ourioupine.
    On n’en revit d’ailleurs jamais.

PREMIÈRE PARTIE

Chapitre premier
    Dimitri Fétioukovitch indiqua qu’il connaissait certaines personnes.
    — Qu’entends-tu exactement par « certaines personnes » ? demandai-je.
    Ma voix semblait lasse. Jetant un coup d’œil circulaire dans la pièce faiblement éclairée, je pouvais voir la fatigue de chacun.
    — Des gens qui peuvent nous aider. Des gens qui comprennent qu’il y a plus d’une façon de plumer un canard. Ou de faire la peau à un Français.
    — Tu veux dire que nous ne sommes pas capables de le faire nous-mêmes ?
    Ma question était mue par un patriotisme instinctif, mais j’avais en tête cent réponses possibles sans avoir besoin d’entendre celle de Dimitri.
    — Eh bien, jusqu’à présent, on ne s’en est pas très bien sortis, non ? Bonaparte a déjà atteint Smolensk, peut-être même a-t-il déjà passé la ville. Il ne s’agit plus ici de sauver les apparences, mais de sauver la Russie.
    La voix de Dimitri traduisait son exaspération. Bonaparte avait déferlé sur la Russie comme
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