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Douze

Titel: Douze
Autoren: Jasper Kent
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été difficile de trouver un rôle lui convenant davantage. Nous nous étions tous rencontrés pour la première fois quelques mois auparavant seulement, mais notre groupe était déjà au complet. Néanmoins, aujourd’hui, sept ans plus tard, Dimitri avait invité de nouveaux membres à se joindre à nous – des hommes que lui seul connaissait et dont il était le seul à pouvoir se porter garant. Les cas désespérés nécessitent des remèdes extrêmes mais, tandis que je m’assoupissais, je ne pouvais m’empêcher de ressentir un certain malaise au sujet de ces Opritchniki que Dimitri allait introduire dans notre groupe.

    Malgré notre veillée tardive, je m’éveillai tôt le lendemain matin. Nous disposions d’une semaine avant que les « gens » de Dimitri – les Opritchniki – arrivent et, vu le peu de préparatifs qu’ils requéraient, cela signifiait quasiment sept jours de repos.
    Pour la première fois depuis presque six mois, je marchai dans les rues qui m’étaient encore familières et je remarquai que peu de chose avait changé, à l’exception du temps : en ce glorieux jour d’été, c’était un changement positif. Les gens étaient pour l’essentiel restés les mêmes. Ils savaient certainement que Bonaparte se rapprochait, mais ils savaient aussi qu’il devrait s’arrêter. Aucun empereur dont le trône était aussi loin que Paris ne pourrait jamais amener son armée jusqu’à Moscou. Ils comprenaient pleinement qu’il avait déjà atteint les villes de Vilna, de Vitebsk, et de Smolensk, villes tout aussi imprenables depuis Paris. Mais cela ne changeait en rien leur conviction qu’il ne pourrait atteindre Moscou même. Et j’étais entièrement d’accord. De tout ce que j’allais être amené à observer durant ce long automne de 1812, malgré les horreurs presque inimaginables, la plus irréelle serait la vue des troupes françaises dans les rues de Moscou.
    Était-ce seulement parce qu’elle n’était pas ma ville natale que j’aimais Moscou ? J’avais vécu à Pétersbourg et ses environs toute ma vie. C’était beau, confortable et familier. La familiarité ne nourrit pas le mépris mais simplement la prévisibilité. Connaître chaque pouce d’une ville n’offre que peu de surprises. Il était donc étrange que Pétersbourg soit de loin la plus jeune des deux villes. Ce n’était qu’un siècle auparavant – exactement un siècle, en 1712 – que Pétersbourg avait remplacé Moscou en tant que capitale, moins d’une décennie après sa fondation.
    Une ville construite aussi rapidement que Pétersbourg, de surcroît bâtie sur les plans d’un personnage aussi autoritaire que le Tsar Pierre, m’apparaissait précisément pour ce qu’elle était : artificielle. Moscou avait été créé au fil des siècles par la population, qui construisait ce dont elle avait besoin pour vivre. Pétersbourg avait été bâtie pour imiter les grandes villes d’Europe, de sorte qu’elle semblerait toujours n’être qu’une imitation, juste un peu plus réaliste que les façades de carton des villages érigés par Potemkine pour donner à la Tsarine Catherine une vue plus pittoresque lorsqu’elle visitait les recoins miséreux de son empire. Mais Pétersbourg était la capitale, et la haute société l’adorait donc. Celle-ci avait migré vers Pétersbourg, mais c’est à Moscou que l’animation était demeurée.
    Mon épouse, Marfa Mikhaïlovna, aimait Pétersbourg d’une manière que je ne pus jamais partager. La ville lui était tout aussi familière, et cette intimité lui permettait de remarquer une profondeur que je ne suis jamais parvenu à percevoir. Notre jeune fils semblait l’aimer lui aussi mais, à cinq ans, rien ne lui était encore familier ; tout était une nouvelle aventure. Ainsi, Marfa restait à Pétersbourg et, aussi loin que je voyage, revenir vers l’une signifiait revenir vers l’autre. Le retour vers l’une ou vers les deux provoquait le même sentiment de confort.
    Tout en vagabondant dans les rues de Moscou, je m’enivrai de chacun des grands sites de la ville. Je marchai le long de la digue de la rivière Moskova, les yeux levés vers les tours qui émaillaient les murs du Kremlin. Je tournai vers le nord, passant sous les coupoles imposantes de Saint-Basile, puis traversai la Place Rouge, bondée de Moscovites vaquant à leurs occupations. Je poursuivis plus au nord, revenant dans le dédale de petites rues de Tverskaïa. Mais
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