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Dissolution

Dissolution

Titel: Dissolution
Autoren: Christopher John Sansom
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trouvais je ne pouvais voir que le
plancher et les grandes cloches au-delà de la rambarde. D’autres pièces
jonchaient le sol.
    Je compris qu’on était dans une impasse. Il ne pouvait me
contourner, mais moi aussi j’étais coincé. Si je redescendais l’escalier
tournant je serais vulnérable à une attaque lancée par-derrière et d’en haut, et
l’homme que j’avais jadis pris pour un bureaucrate grippe-sou était à l’évidence
capable de tout. Je pénétrai dans le local, agitant mon bâton devant moi.
    Il se tenait à l’autre bout, derrière les cloches. Il s’avança
au moment où j’entrais et je vis qu’il portait deux volumineuses sacoches de
cuir attachées ensemble autour de son cou à l’aide d’une grosse corde. C’étaient
elles qui émettaient le cliquetis quand il se déplaçait. Il haletait, brandissant
la massue de la main droite, les jointures des doigts luisant d’un éclat blanc
et dur.
    « Quel était votre projet, mon frère ? criai-je. Filer
vers une nouvelle vie en France avec l’argent des ventes ? » Je fis
un pas en avant, tentant de le prendre au dépourvu, mais il restait aussi vigilant
qu’un chat, tout en me menaçant de la torche.
    « N-Non ! » Immobile, il hurla le mot comme un
enfant accusé à tort. « Non ! C’est la somme que je dois payer pour
entrer au royaume des cieux !
    — Quoi ?
    — Elle ne cessait de me repousser… Alors le diable m’a
empli l’âme de colère et je l’ai tuée ! Savez-vous à quel point il est
facile de tuer quelqu’un, monsieur le commissaire ? » Il eut un rire
de dément. « J’ai vu trop de tueries dans mon enfance… Ç’a ouvert la
p-porte au diable… Il remplit mon esprit de rêves de sang. »
    Son gros visage était écarlate et pendant qu’il vociférait
les veines se détachaient sur son cou. Il avait perdu toute maîtrise de soi. Si
seulement je pouvais le surprendre, m’approcher assez près pour sonner les
cloches…
    « Vous aurez du mal à persuader un jury avec ces
arguments !
    — Maudits soient vos jurys ! » Le bégaiement
disparut tandis qu’il hurlait à tue-tête. « Le pape, le vicaire de Dieu
sur terre, permet l’achat de la rémission des péchés ! Je vous l’ai dit !
Dieu évalue notre âme au paradis, calcule le crédit et le débit ! Et je
vais lui faire un tel don qu’il me placera à sa droite ! J’apporte presque
un millier de livres à l’Église de France, un millier de livres enlevées des
mains de votre roi hérétique. C’est une grande œuvre aux yeux de Dieu ! »
Il me fixa avec colère. « Vous ne pourrez pas m’en empêcher !
    — Cela achètera-t-il aussi votre pardon pour ce que vous
avez fait à Simon et à Gabriel ? »
    Il pointa la torche vers moi.
    « Whelplay avait deviné ce que j’avais fait à cette
fille et il vous l’aurait dit. Il devait mourir. Je devais terminer mon œuvre !
Et c’est vous qui auriez dû mourir à la place de Gabriel, espèce d’avorton… Dieu
vous tiendra responsable de cette mort !
    — Vous êtes fou ! hurlai-je. Je vais vous faire
envoyer à l’asile, pour montrer au monde où mène une religion pervertie ! »
    C’est alors qu’il saisit sa massue à deux mains et se
précipita vers moi en poussant un cri affreux. Les lourds sacs le ralentirent, l’empêchant
de m’attraper. Je réussis à esquiver l’attaque. Pivotant sur lui-même, il s’élança
à nouveau. Je levai mon bâton mais il me le fit tomber des mains avec la torche.
Au moment où le bâton heurta le sol, je me rendis compte que l’économe s’était
placé entre moi et la porte. Il avança lentement, agitant la torche, tandis que
je reculais vers le petit garde-fou me séparant des cloches et de l’abîme béant
au-dessous. Il était plus calme désormais. Je vis ses yeux noirs et méchants
calculer la distance entre nous ainsi que la hauteur de la rambarde. « Où
est votre jeune gars ? demanda-t-il avec un sourire mauvais. Il n’est pas
là aujourd’hui pour vous protéger, hein ? » Puis, se jetant sur moi, il
m’assena un coup sur le bras au moment où je le levais pour me défendre. Il m’appuya
brutalement sur la poitrine et je tombai à la renverse par-dessus le garde-fou.
    Dans mes rêves, je me revois encore tournoyer dans les airs, mes
mains agrippant le vide. J’entends toujours résonner dans mes oreilles le cri
de triomphe du frère Edwig. Puis mes bras cognèrent contre le flanc
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