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Dissolution

Dissolution

Titel: Dissolution
Autoren: Christopher John Sansom
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    J e me
trouvais dans le surrey, en mission pour les services de lord Cromwell, quand
me parvint la convocation. Les terres d’un monastère dissous avaient été
accordées à un membre du Parlement dont Cromwell avait besoin, mais les titres
de propriété de certains bois avaient disparu. Je n’avais guère eu de mal à les
découvrir et, sur l’invitation du député, j’étais ensuite resté quelques jours
de plus dans sa famille. J’avais apprécié ce bref repos, et contemplé la chute
des dernières feuilles avant de retourner à Londres et à ma pratique. Sir
Stephen ayant une toute nouvelle et splendide demeure de brique aux agréables
proportions, je lui avais proposé d’en faire un dessin, mais n’avais encore
exécuté que quelques esquisses préliminaires lorsque le cavalier se présenta.
    Le jeune homme venait de Whitehall. Il arriva à l’aube, après
avoir chevauché toute la nuit. L’ayant reconnu comme l’un des messagers
particuliers de lord Cromwell, je brisai le sceau du premier ministre avec
inquiétude. La missive émanait de Grey, son secrétaire, et m’annonçait que lord
Cromwell me convoquait de toute urgence à Westminster.
    La perspective de rencontrer mon protecteur, de lui parler et
de le voir, au siège du pouvoir où il se trouvait désormais, m’aurait jadis
transporté de joie, mais durant l’année écoulée j’avais commencé à me lasser. De
la politique, du droit, de la fourberie des hommes et de leurs chicaneries sans
fin. Et j’étais malheureux du fait que le nom de lord Cromwell, encore plus que
celui du roi, suscitât la peur en tout lieu. On disait à Londres qu’à la seule
évocation de sa venue les bandes de mendiants s’évanouissaient comme par
enchantement. Ce n’était pas le monde que nous, les jeunes réformateurs, avions
voulu créer durant nos interminables dîners chez l’un ou chez l’autre. Nous
avions naguère cru avec Érasme que la foi et la charité suffiraient à régler
les différends religieux surgissant entre les hommes. Mais au début de cet
hiver 1537 la rébellion s’était ensuivie, ainsi qu’un nombre croissant d’exécutions
et d’âpres luttes pour accaparer les propriétés des monastères.
    Comme il n’avait pas beaucoup plu cet automne-là, les routes
étaient encore bonnes. Si bien que, même si mon infirmité m’empêchait de
galoper à fond de train, j’atteignis Southwark dès le milieu de l’après-midi. Après
un mois passé à la campagne, Chancery, mon bon vieux cheval, était comme moi
gêné par le bruit et les odeurs. Au moment où j’approchai du London Bridge, je
détournai le regard de l’arche du pont, hérissée de hautes perches sur
lesquelles étaient plantées les têtes, picotées par les mouettes
tourbillonnantes, des hommes exécutés pour trahison. De tempérament délicat, je
ne supporte même pas les combats d’ours et de chiens.
    Comme d’habitude, le magnifique pont était bourré de monde. Beaucoup
de marchands étaient en noir, car ils portaient le deuil de la reine Jeanne, morte
en couches deux semaines plus tôt. Les commerçants vantaient leurs marchandises
au rez-de-chaussée des bâtiments, construits si près du bord qu’on avait l’impression
qu’ils risquaient de basculer dans le fleuve d’un moment à l’autre. À l’étage, des
femmes rentraient leur linge propre, des nuages assombrissant le ciel à l’ouest.
S’interpellant ou échangeant des ragots, elles me rappelaient, vu mon humeur
mélancolique, des corbeaux croassant dans un arbre gigantesque.
    Je soupirai en me souvenant des tâches à effectuer. C’était
en grande partie grâce à la protection de lord Cromwell qu’à moins de
trente-cinq ans j’avais un cabinet d’avocat prospère et une belle maison toute
neuve. Et travailler pour lui signifiait œuvrer pour la Réforme, accomplir une
mission divine. C’est ce que je croyais encore alors. Cette convocation devait
être importante, puisqu’en général c’était Grey qui indiquait le travail dont
lord Cromwell nous chargeait. Cela faisait deux ans que je n’avais pas
rencontré le premier secrétaire et vicaire général, comme on l’appelait
désormais. Secouant les rênes, je menai Chancery à travers la foule des
voyageurs, marchands, coupeurs de bourses et aspirants courtisans. Puis nous
pénétrâmes dans la grande marmite londonienne.
    **
    Tandis que je descendais la pente de Ludgate Hill, j’aperçus
un étal débordant de pommes
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