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Dissolution

Dissolution

Titel: Dissolution
Autoren: Christopher John Sansom
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les énormes fragments de métal posés en tas. On avait dû
les détacher des anneaux qui les retenaient au plafond et les laisser se
fracasser sur le sol de l’église. Le vacarme avait sans doute été assourdissant.
    Un peu plus loin, à côté d’un gros tas de charbon, un four de
brique, construit récemment, avalait du plomb. Du haut du toit de l’église une
équipe d’hommes jetait des morceaux et des baguettes de plomb, tandis que d’autres
ouvriers sous les ordres des inspecteurs attendaient en bas pour recueillir le
plomb et alimenter le feu.
    Cromwell avait eu raison. La série des soumissions récoltées
au début de l’hiver avait persuadé les autres établissements monastiques que
toute résistance était inutile, et on apprenait chaque jour la dissolution d’un
monastère. Bientôt, il n’en resterait plus aucun. Partout en Angleterre les
abbés se retiraient après avoir obtenu une grosse pension, tandis que les
frères allaient prendre des paroisses séculières ou acceptaient des retraites
moins conséquentes. On disait qu’en certains endroits régnait un grand désordre.
À l’hôtellerie de Scarnsea où j’étais descendu, on m’apprit que, lorsque les
moines avaient quitté le monastère trois mois plus tôt, cinq ou six d’entre eux,
trop vieux ou trop malades pour aller plus loin, y avaient pris une chambre. Comme
ils avaient refusé de partir quand leurs fonds s’étaient épuisés, l’officier de
paix et ses hommes avaient dû les mettre dehors. Parmi eux se trouvaient le
gros moine qui avait un ulcère variqueux à la jambe et ce pauvre benêt de
Septimus.
    Quand le roi Henri apprit ce qui s’était passé à
Saint-Donatien, il ordonna qu’on en rase tous les bâtiments. Portinari, l’ingénieur
italien de Cromwell, qui était en train de démolir le prieuré de Lewes, devait
venir ensuite pour les détruire. On le disait fort habile. À Lewes, il avait
réussi à miner les fondations, si bien que toute l’église s’était effondrée d’un
seul coup au milieu d’énormes nuages de poussière. On racontait à Scarnsea que
ç’avait été à la fois grandiose et terrifiant, et tous espéraient assister à un
spectacle similaire.
    À cause de l’hiver particulièrement rigoureux, Portinari
avait dû attendre l’arrivée du printemps pour amener ses ouvriers et son
équipement jusqu’à la côte de la Manche. Ils seraient à Scarnsea dans une
semaine, mais les agents des Augmentations étaient venus auparavant pour
enlever tout ce qui avait de la valeur, jusqu’au plomb du toit et au cuivre des
cloches. Un employé des Augmentations m’avait accueilli au corps de garde et
avait vérifié ma commission. Bugge et les autres serviteurs avaient dès
longtemps quitté les lieux.
    J’avais été surpris quand Cromwell m’avait envoyé une missive
m’ordonnant de me rendre à Scarnsea pour surveiller le déroulement des
opérations. Je n’avais guère eu de ses nouvelles depuis ma brève visite à
Westminster, en décembre, pour discuter de mon rapport. Il avait passé, selon
lui, une fort désagréable demi-heure chez le roi quand celui-ci avait compris
qu’on lui avait caché durant des semaines le scandale et le meurtre ayant eu
lieu dans une maison religieuse, et la fuite de l’assistant de son nouveau
commissaire en compagnie de la meurtrière du précédent. Peut-être le roi
avait-il souffleté son premier ministre comme, selon la rumeur, il lui arrivait
de le faire. Quoi qu’il en soit, l’attitude de Cromwell envers moi avait été
très brusque et il m’avait congédié sans le moindre remerciement. Je ne
jouissais plus de sa faveur, en avais-je conclu.
    Bien que j’aie officiellement conservé le titre de
commissaire, on n’avait plus besoin de mes services. Les inspecteurs des Augmentations
étant parfaitement capables de mener à bien cette mission, je me demandais si
Cromwell avait voulu me faire retourner sur les lieux de ces terribles
expériences afin de se venger du mauvais moment enduré chez le roi. C’eût été
typique de lui.
    Le juge Copynger, qui louait désormais au roi les terres
appartenant naguère au monastère, se tenait un peu à l’écart, étudiant un plan
en compagnie d’un autre homme. Je m’avançai vers lui, passant devant deux
inspecteurs des Augmentations qui portaient dans leurs bras des piles de livres
de la bibliothèque destinés à être brûlés dans la cour.
    Copynger saisit ma main.
    « Commissaire, comment
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