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Des rêves plein la tête

Des rêves plein la tête

Titel: Des rêves plein la tête
Autoren: Michel David
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fierté.
     
     
     
    — Mais là, elle
se défendait pas, lui fit observer sa femme. Elle se battait en pleine rue
contre deux garçons ! Elle aurait pu se contenter d'appeler à l'aide pour leur
faire peur. Ben non ! Je te le dis, Honoré, j'arriverai jamais à en faire une
fille qui se tient comme du monde.
     
    L'été se
poursuivait dans une sorte de torpeur. Deux courtes lettres d'Armand et de
Bernard furent les seules nouveautés chez les Brulé. Pour sa part, Laurette se
plaignait de voir très peu son amie Suzanne qui passait maintenant le plus
clair de son temps à prendre soin d'une vieille tante demeurant rue Parthenais.
A aucun moment, elle ne la vit en compagnie du pensionnaire des Charpentier.
Cela l'intriguait passablement. Elle apercevait bien le jeune homme de temps à
autre, mais il était toujours seul et se contentait de la saluer poliment.
     
    Le premier
dimanche du mois d'août, Suzanne vint finalement la voir chez elle au début de
l'après-midi et l'invita à l'accompagner au parc Lafontaine avec ses parents.
Annette accorda la permission à sa fille sans trop de peine.
     
    Quand les deux
adolescentes se retrouvèrent seules en train de déambuler lentement dans les
allées ombragées du parc, Laurette, curieuse, ne put s'empêcher de l'interroger
:
     
    — Puis ? Est-ce
que tu t'entends ben avec Gérard Morin ?
     
    — C'ect pas cette
année que tu vas venir à mes noces, déclara Suzanne, tout net.
     
    — Comment ça ?
     
    — Ce gars-là est
ben trop gêné. Il parle presque pas. En plus, chaque fois que je lui ai parlé,
il m'a juste posé des questions sur toi. Ça fait que je te le laisse. J'ai pas
l'air de l'intéresser pantoute.
     
    En entendant ces
paroles, le cœur de Laurette se gonfla de joie.
     
    — Et c'est juste
aujourd'hui que tu me dis ça? lui demanda-t-elle en dissimulant mal son
plaisir.
     
    — Je te l'aurais
dit avant, avoir su qu'il t'intéressait tant que ça, admit Suzanne, un peu
dépitée par son échec de séduction. Surtout qu'il a l'air de vouloir s'en
retourner chez eux, à Saint-Hyacinthe.
     
    — Comment ça ?
     
    — Parce qu'il a
pas encore trouvé de job. C'est en tout cas ce qu'il m'a dit la semaine passée.
     
    Il y eut un bref
silence entre les deux jeunes filles. Elles venaient de se rapprocher du canal
sur lequel des couples se déplaçaient dans des canots loués.
     
    — En tout cas,
moi, j'ai pas le goût de rester vieille fille, déclara Suzanne. Je pense que je
vais demander à mon père de laisser Gustave Allard venir veiller à la maison.
     
    — Gustave Allard
de la rue De Montigny? demanda Laurette, surprise.
     
    — En plein ça. Ça
fait deux fois qu'il me demande de venir veiller.
     
    Ce soir-là, au
moment de se mettre au lit, Laurette se promit d'utiliser tous les moyens pour
séduire le pensionnaire de Médéric Charpentier. Elle devait agir sans plus
attendre. Elle fit une courte prière pour que ce dernier trouve un emploi le
plus rapidement possible. S'il devait retourner chez lui, à Saint-Hyacinthe,
tous ses projets tomberaient aussitôt à l'eau.
     
    Le lendemain, à
la fin de l'après-midi, feignant d'avoir la migraine, elle sortit de la maison
sous prétexte de respirer un peu d'air pour se remettre.
     
    — J'espère que
c'est pas pour aller rejoindre ton père et monter dans la voiture, dit sa mère,
soupçonneuse.
     
    — Ben non, m'man.
Je vais rester devant la maison. Depuis longtemps, Laurette avait remarqué que
le jeune
     
    voisin revenait
presque toujours chez les Charpentier dès la fin de l'après-midi. Ensuite, il
ne bougeait pratiquement plus du balcon où il s'installait dès le souper
terminé. Si elle voulait lui parler, il fallait qu'elle l'intercepte à son
arrivée.
     
    Avant de sortir
de l'appartement, elle prit son sac à main, qu'elle avait bien rempli tout en
prenant soin de le laisser ouvert. Quand elle se retrouva sur le trottoir,
devant la porte, elle n'eut qu'une crainte, celle de voir son père arriver en
même temps que le jeune homme.
     
    A peine
venait-elle de sortir qu'elle put soupirer d'aise. Elle aperçut Gérard Morin
venant dans sa direction. Lorsque le jeune chômeur fut assez près, elle
renversa son sac, comme par mégarde, sur le trottoir, en poussant un petit cri
de surprise feinte. Gérard Morin ne put faire autrement que de s'arrêter pile à
ses côtés et de l'aider à ramasser ses effets personnels répandus sur le sol.
     
    — Merci, dit-elle
en faisant un
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