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Des rêves plein la tête

Des rêves plein la tête

Titel: Des rêves plein la tête
Autoren: Michel David
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parents qu'à
Gérard, car elle craignait que ses parents mettent fin abruptement à ses
promenades en prétextant qu'elle était trop jeune. Par ailleurs, rien ne lui
disait que le jeune homme ne prendrait pas peur si elle insistait pour qu'il se
déclare son amoureux. Jusqu'à la fin du mois de septembre, il se contenta
d'être un ami qui semblait prendre plaisir à parler avec elle.
     
    Cependant, la
situation était loin de satisfaire Laurette. Elle enviait ouvertement son amie
Suzanne, fréquentée de façon assidue par son Gustave Allard. A l'entendre, ses
parents n'avaient soulevé aucune objection à ce que son amoureux vienne veiller
au salon le samedi soir dès leur première rencontre.
     
    A bout de
patience, Laurette finit par en discuter avec sa mère.
     
    — M'man, le beau
temps achève, lui fit-elle remarquer. En marchant hier avec Gérard, j'ai vu que
les feuilles des arbres du carré Bellerive ont commencé à changer de couleur.
En plus, il fait noir de plus en plus de bonne heure.
     
    — Pour moi, tes
frères sont à la veille de nous revenir, dit Annette.
     
    — C'est pas pour
ça que je vous dis ça, m'man, reprit la jeune fille avec une nuance
d'impatience dans la voix. Qu'est-ce qu'on va faire, Gérard et moi, quand on va
commencer à geler dehors ou quand il va faire noir de bonne heure ? On pourra
plus aller faire des marches.
     
    — Ben. Il me
semble que c'est assez clair, répondit sa mère d'une voix tranchante. Vous
allez arrêter d'aller faire vos marches après le souper.
     
    — Mais quand
est-ce qu'on va pouvoir se parler ?
     
    — T'as juste à
lui dire tout ce que t'as à lui dire avant les premières neiges, se moqua sa
mère.
     
    — Voyons, m'man !
     
    — Qu'est-ce que
tu veux au juste ? lui demanda Annette, sentant que sa fille avait une idée
derrière la tête.
     
    Laurette eut un
instant d'hésitation avant d'avouer :
     
    — Est-ce qu'il
pourrait pas venir veiller au salon une fois par semaine ?
     
    — A ton âge ? Tu
y penses pas !
     
    — Mais m'man,
j'ai presque dix-huit ans. Vous, à cet âge-là, vous étiez presque mariée.
     
    — C'est pas ce
que j'ai fait de plus intelligent, tu sauras, ma fille. Se marier avant vingt
ans, ça a pas grand bon sens. Puis, à part ça, aujourd'hui, c'est pas comme
dans mon temps.
     
    — Mais m'man, il
parle pas pantoute de me marier. Il veut juste venir veiller avec moi.
     
    — C'est lui qui
t'a demandé ça ? demanda Annette, l'air soupçonneux.
     
    — Il en a pas
encore parlé, admit sa fille, mais je sens qu'il y pense.
     
    — En tout cas,
t'es mieux d'en parler d'abord à ton père. Je suis pas sûre qu'il va vouloir.
     
    Annette avait
sous-estimé le pouvoir de persuasion de sa fille. Cette dernière n'eut aucun
mal à arracher la permission souhaitée à Honoré. Quand la mère de famille
reprocha à son mari de se laisser manipuler trop facilement par leur fille, il
se contenta de dire :
     
    — Elle a presque
dix-huit ans. T'es tout de même pas pour la garder encore sous tes jupes
pendant des années. J'aime mieux avoir son Gérard qu'un autre dans mon salon.
Il est ben élevé. Il est sérieux et il a une job. Elle pourrait nous arriver un
jour avec un sans-cœur qu'on connaît pas.
     
    Pour sa part,
Laurette avait mal évalué à quel point elle était parvenue à séduire Gérard
durant les semaines précédentes. Elle n'eut pas à ruser pour le pousser à
     
    demander à son père
la permission de la fréquenter. À sa grande surprise, le magasinier de la
Dominion Rubber prit les devants.
     
    A la fin de la
première semaine d'octobre, il aborda lui-même le sujet avec la jeune fille
lors de leur promenade du dimanche après-midi.
     
    — Il commence à
faire pas mal froid pour marcher tout l'après-midi, lui fit-il remarquer alors
que la rue Sainte-Catherine était balayée par un désagréable petit vent
d'ouest.
     
    — C'est vrai,
reconnut Laurette, saisie d'un frisson incoercible. En plus, on dirait qu'il va
mouiller.
     
    — Je pense qu'on
est mieux de s'en retourner, suggéra son compagnon qu'une première goutte de
pluie venait d'atteindre.
     
    Ils revinrent sur
leurs pas, déçus de ne pouvoir prolonger cette promenade qu'ils venaient à
peine d'entamer. Au moment où ils traversaient la rue Dufresne, près de la rue
Champagne, Gérard se décida.
     
    — Est-ce que tu
voudrais que j'aille veiller avec toi, chez vous, de temps en temps ? lui
demanda-t-il d'une voix un peu
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