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Des rêves plein la tête

Des rêves plein la tête

Titel: Des rêves plein la tête
Autoren: Michel David
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y aller et, surtout, mon père a
ben trop peur des foules.
     
    — Mon père a pas
peur de ça pantoute, déclara Laurette avec un certain orgueil. On était au
moins quatre mille personnes dans l'île pour l'inauguration. C'était pas rien.
Pour calmer ma mère, mon père lui a dit qu'il m'avait
     
    emmenée jusqu'à
l'île pour voir monseigneur Gauthier dévoiler la plaque... Bon. Est-ce qu'on
entre par l'école Sainte-Catherine ou par le couvent? demanda la jeune fille en
s'arrêtant brusquement au milieu du trottoir.
     
    Au coin des rues
Dufresne et Sainte-Catherine, le portail en treillis métallique de la cour de
l'école était ouvert.
     
    — On va entrer
par le couvent, décida sa compagne en l'entraînant un peu plus loin. En plein
samedi après-midi, il doit pas y avoir un chat dans l'école.
     
    — Grouille
d'abord, ordonna Laurette. La senteur de ces maudites fleurs-là commence à me
donner mal au cœur. Tu parles d'une idée de fou de faire le reposoir de la
procession de la Fête-Dieu en haut de l'escalier du couvent! On est à côté de
l'église. Il y a juste à finir la procession là. Ce serait ben moins de trouble
que de monter et de décorer un autel dehors.
     
    — C'est ce que
j'ai dit à mère Saint-Sauveur, dit Suzanne en affichant un petit air frondeur.
Il paraît que monsieur le curé tient au reposoir dehors pour que la foule
puisse tout voir à la fin de la procession. Il trouve ça beau, lui, des anges
debout sur chaque marche de l'escalier...
     
    — En tout cas, il
doit plus rester grand lilas dans les arbres de votre cour, lui fit remarquer
Laurette.
     
    — Oublie pas que
ma mère est présidente des Dames de Sainte-Anne. Elle tient à faire sa part
pour aider les sœurs à décorer. C'est pour ça qu'elle m'a demandé d'en apporter
le plus possible.
     
    — Tu restes pour
aider ? demanda son amie au moment où toutes deux commençaient à gravir
l'escalier au sommet duquel deux religieuses et une dame de la paroisse
travaillaient à donner des plis élégants à des tentures jaunes et blanches
tendues derrière un autel temporaire déjà recouvert d'une belle nappe brodée.
     
    — Ben oui. J'ai
pas le choix. Regarde. Ma mère est déjà là. Je dois aller finir de préparer les
ailes en carton que les petites filles vont porter demain matin. Je sais pas si
tu te rappelles, mais l'année passée, Isabelle et Réjeanne étaient venues travailler
avec nous autres au reposoir de l'école Champlain.
     
    Laurette sourit à
ce souvenir agréable. Les deux sœurs Cholette avaient été leurs amies
inséparables jusqu'au mois précédent. Malheureusement, leur père avait perdu
son emploi durant l'hiver et n'avait pu en trouver un autre dans cette période
de crise économique. Incapables de survivre en ville avec les prestations du
secours direct, les huit membres de la famille Cholette avaient dû abandonner
leur petit appartement de la rue Champagne pour retourner vivre sur la ferme
des parents de madame Cholette, à Saint-Alexis.
     
    A cette
évocation, le visage de Laurette s'assombrit. Ses deux amies lui manquaient
énormément.
     
    — Bon. Je m'en
retourne, dit-elle d'une voix décidée en mettant sa brassée de lilas dans les
bras de Suzanne. J'ai pas envie que mère Saint-Sauveur m'oblige à travailler à
son reposoir. Il y a déjà ben assez que je vais être poignée pour marcher dans
la procession demain.
     
    Sur ce,
l'adolescente dévala les marches et se retrouva rapidement sur le trottoir.
Après un dernier signe de la main à son amie, elle reprit la direction de la
rue Dufresne qu'elle descendit jusqu'à la rue Joachim dans l'espoir de croiser
son père qui finissait habituellement sa tournée du samedi vers quatre heures.
Comme elle ne le vit pas, elle en déduisit qu'il était encore dans la glacière
et décida d'aller le rejoindre.
     
    La rue Joachim
était une petite rue étroite et non pavée d'à peine plus de mille pieds bordée
de vieilles maisons à deux étages. A son extrémité nord, on avait construit, à
la
     
    fin du siècle
précédent, un grand bâtiment dans lequel on entreposait des centaines de blocs
de glace sous une épaisse couche de bran de scie. Chaque matin, quelques
dizaines de livreurs venaient s'y approvisionner et n'y retournaient qu'à la
fin de la journée pour rapporter les blocs invendus. Aucune lumière extérieure
ne pénétrait dans l'édifice dépourvu de fenêtres. Il y régnait une profonde
obscurité malgré ses
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