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Des rêves plein la tête

Des rêves plein la tête

Titel: Des rêves plein la tête
Autoren: Michel David
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deux larges portes ouvertes.
     
    Laurette arriva
devant la glacière au moment où Honoré Brûlé en sortait en houspillant son
vieux cheval harassé par la longue journée de travail qu'il venait d'accomplir.
     
    — Whow ! Prince,
dit le gros homme à la tête ronde coiffée d'une vieille casquette grise.
     
    Le livreur de
glace venait d'apercevoir sa fille debout sur le trottoir en train de
l'attendre. Son épaisse moustache poivre et sel dissimula mal un sourire de
contentement.
     
    — Monte,
Laurette, l'invita-t-il en repoussant un chiffon qui traînait sur la banquette
en bois sur laquelle il était assis. Fais attention de pas te salir. J'ai pas
envie d'entendre ta mère me crier un paquet de bêtises quand on va arriver à la
maison.
     
    L'adolescente ne
se fit pas répéter l'invitation et vint rejoindre son père à l'avant de la
voiture où étaient entassées les toiles goudronnées servant à protéger la glace
des ardeurs du soleil. Le véhicule en bois monté sur des pneus laissait
derrière lui une longue coulée d'eau provenant des éclats de glace abandonnés à
l'arrière et se liquéfiant au milieu du bran de scie mouillé. Le tout dégageait
une forte odeur qui se mêlait à celle du cheval.
     
    Honoré Brûlé mit
son attelage au pas, fier de voir sa fille à ses côtés. L'un et l'autre
n'échangèrent pas un mot durant le court trajet qui les conduisit à la rue
Champagne. Quelques pieds avant d'arriver à destination, le livreur arrêta sa
voiture pour permettre à sa passagère de
     
    descendre. Ce
scénario se produisait une ou deux fois par semaine durant la belle saison,
malgré les interdictions répétées d'Annette Brûlé. Pour éviter les remontrances
inutiles de sa femme, le père de famille avait pris l'habitude de déposer sa
fille au coin de la rue, loin de ses regards.
     
    Le livreur de
glace poursuivit ensuite son chemin jusqu'à la porte cochère voisine de son
appartement. Son fils Armand guettait son arrivée. L'adolescent de quinze ans
ouvrit les deux battants de la large porte grise et l'attelage pénétra
lentement dans la cour avant de s'immobiliser devant la vieille écurie
construite tout au fond. Annette Brûlé, debout sur le balcon, attendit que son
mari ait tendu les guides à son fils pour l'interroger :
     
    — As-tu vu
Laurette ?
     
    — Oui. Elle s'en
vient, se contenta de répondre ce dernier. Où est passé Bernard ?
     
    — Je l'ai envoyé
me chercher un pain.
     
    — Dételle Prince,
étrille-le et donne-lui un peu d'avoine, dit le père de famille à son fils
Armand. Quand Bernard va revenir, il va nettoyer la voiture et plier les
toiles, se sentit-il obligé de préciser avant de se diriger vers le balcon sur
lequel sa femme venait de poser un bol à main rempli d'eau chaude et une
serviette propre pour qu'il puisse se laver un peu avant d'entrer dans
l'appartement.
     
    Au même instant,
Laurette se rendait sans se presser au domicile familial. Soudain, elle aperçut
un jeune homme, nonchalamment appuyé contre le garde-fou du balcon, au second
étage de la maison voisine. L'inconnu regardait avec insistance dans sa
direction. L'attention de l'homme l'incita à se déhancher légèrement en
marchant.
     
    — Laurette !
Veux-tu te grouiller ! lui ordonna sèchement sa mère apparue brusquement sur le
pas de la porte. Qu'est-ce que t'as à traîner ? La table se mettra pas toute
seule.
     
    L'adolescente
apostrophée rougit violemment. Elle accéléra le pas et s'empressa de s'engouffrer
dans l'appartement.
     
    — Verrat, m'man !
Faites-vous exprès pour me faire honte en me criant des bêtises devant tout le
monde? demanda-t-elle, rageuse.
     
    — Je te parlerai
sur le ton que je voudrai, ma fille, répliqua la mère, sévère. Arrête de traîner
et dépêche-toi de mettre la table.
     
    Bernard, le cadet
de la famille, entra alors dans la cuisine et déposa un pain sur le comptoir.
L'adolescent de quatorze ans avait le visage rond et les yeux bruns des Brûlé.
     
    — Aïe ! la
grande, qu'est-ce que t'avais à marcher en te tortillant comme ça? demanda-t-il
en imitant outrageusement sa sœur aînée. Avais-tu une roche dans un de tes
souliers ?
     
    — Toi, achale-moi
pas, répliqua sèchement Laurette avec humeur. Mêle-toi de tes affaires.
     
    — Au lieu de t'amuser
à faire le drôle, lui lança son père à travers la porte moustiquaire, va donc
donner un coup de main à ton frère dans l'écurie.
     
    L'adolescent
quitta la
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