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Chronique de mon erreur judiciaire

Chronique de mon erreur judiciaire

Titel: Chronique de mon erreur judiciaire
Autoren: Alain Marécaux
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négliger les deuxième et troisième greniers, ainsi que les vieilles écuries.
    Avec le recul, la « vitesse de cette perquisition » m’étonne encore. En fait, ces enquêteurs donnaient l’impression de chercher sans chercher. Pourquoi, par exemple, dans notre chambre, n’ont-ils pas regardé sous les armoires, voire sous le lit, où ils auraient trouvé des bijoux ? Pourquoi, dans le buffet de la lingerie, n’ont-ils pas pris trois romans érotiques « classiques » dissimulés par Odile afin que les enfants ne tombent pas dessus ? Les ont-ils volontairement négligés ?
    *
    Au bout de quelque temps, on m’informe que la perquisition du domicile s’achève mais qu’il va falloir aller à mon Étude. Par un réflexe d’humanité, quelques policiers s’enquièrent du sort de Mistral, notre labrador, me demandant ce que je peux en faire. Je me propose de téléphoner à mes parents, mais c’est interdit. Comme j’imagine tout haut que le chien peut rester à la maison, puisque je le retrouverai dans la journée, mon idée rend hilares le juge et les policiers qui me conseillent de le lier et de le nourrir. Je l’attache donc dans le garage, après lui avoir versé une large gamelle d’eau et une bonne provision de croquettes. Je ne peux évidemment pas imaginer qu’il restera ligoté ainsi quatre jours et trois nuits, dans un endroit glacial.
    *
    Pour aller à l’Étude, un policier me passe les menottes. Mes poignets sont attachés, serrés comme on n’imagine pas, et je suis envahi par la honte. Qu’ai-je fait pour être traité sans ménagement tel un criminel qui chercherait à s’enfuir ? Ne suis-je pas officier ministériel notoirement et favorablement connu ? Ne suis-je pas, en outre et surtout, présumé innocent ?
    Placé à l’arrière d’une voiture banalisée, avec deux policiers à mes côtés, nous partons.
    Nous sommes en route pour Samer, commune où se trouve ma charge d’huissier de justice. Deux véhicules de police s’immobilisent sur le parking, à proximité de mes bureaux. Des policiers en sortent et investissent la place. Après cinq minutes, je vois mes collaborateurs évacuer leur lieu de travail, la mine déconfite. Une fois les locaux vidés, on me fait sortir du véhicule sous haute surveillance. Le cauchemar se poursuit ! Je supporte de plus en plus mal le courroux du juge et encore moins de traverser la commune, où je suis honorablement réputé, les mains entravées.
    En voyant l’Étude vide, l’impatience monte en moi. Je pense notamment à mes enfants. Quand, à plusieurs reprises, je demande où ils sont, on me répond vaguement que tout va bien, sans jamais me préciser l’endroit où ils se trouvent. La colère monte, mais, en homme de droit, j’obtempère. Le magistrat me tend une liste de noms et m’invite à interroger le système informatique. Une quinzaine de cas semblent les intéresser, qu’ils passent un temps fou à ausculter dans le détail, sans succès. Décidément, ils ne s’attendaient pas à si peu de résultats.
    Évidemment, durant cette perquisition, de nombreux clients se sont présentés à l’Étude et, comme à son habitude, le téléphone n’a pas arrêté de sonner. Une personne a même tellement insisté pour entrer et régler un acompte sur son dossier que c’est un policier qui lui donna son reçu. Sur le coup, l’anecdote me divertit quelques secondes mais, très vite, je réalise que c’est ma vie – et mon honneur – que cette razzia sans discrétion met à mal, notamment quand j’entends qu’on va stopper l’activité de l’Étude jusqu’à ce que mon cas soit réglé. Là, d’un coup, je comprends vraiment que le ciel me tombe sur la tête. Si bien qu’en sortant de mon bureau, toujours menotté, je le contemple comme un aveugle.
    Que se passe-t-il ? Qu’ai-je fait pour connaître cet outrage ?

Chapitre 2

Le Purgatoire
ou
Les affres du premier centre de détention
    Dehors, il fait noir. Et je crains toujours de rencontrer quelqu’un dans cette commune où je suis connu de tous. Heureusement, l’Étude est excentrée. Quand je demande où nous allons, on me rétorque que « je verrai bien ». Le silence et l’ignorance me mettent un peu plus sous pression.
    Nous prenons la direction de Boulogne-sur-Mer, puis l’autoroute vers Calais, et nous sortons à Coquelles où je suis conduit vers un centre de détention.
    Commence alors ma garde à vue.
    *
    J’ai peine à croire ce qui
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